Des affrontements ont été signalés samedi à Tripoli, dans le nord du Liban, au lendemain de la démission du Premier ministre Najib Mikati qui risque de déstabiliser davantage un pays déjà mis à mal par la guerre civile en Syrie. Le président libanais Michel Sleimane a accepté samedi cette démission, annoncée à trois mois des élections législatives, rapporte la presse locale. Mikati a renoncé à ses fonctions au terme d'un séminaire gouvernemental de deux jours qui n'a pas permis de régler un litige avec le Hezbollah qui domine la vie politique libanaise ces dernières années. Le Liban se retrouve ainsi et depuis samedi sans gouvernement après cette démission surprise du Premier ministre Najib Mikati à un moment troublé de son histoire en raison des profondes divisions que suscite la guerre civile qui ravage la Syrie voisine. La représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, s'est dite «préoccupée» tandis que la France a insisté sur la nécessité d'»éviter un vide gouvernemental et législatif» au Liban. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les Libanais à l'unité et à maintenir la politique de «dissociation» du conflit syrien. M. Mikati, chef d'un gouvernement où le mouvement chiite Hezbollah était en position de force, a présenté officiellement samedi sa lettre de démission au chef de l'Etat qui a demandé au gouvernement d'expédier les affaires courantes. A sa sortie du palais présidentiel, ce sunnite de 57 ans, originaire de Tripoli dans le nord, a appelé à «l'ouverture d'un dialogue pour la formation d'un gouvernement de salut national». Le Hezbollah s'opposait à la reconduction dans ses fonctions du général Achraf Rifi, directeur général des Forces de sécurité intérieure censé prendre sa retraite au début du mois prochain. Le mouvement chiite a en outre refusé la création d'une commission chargée de superviser les élections législatives prévues en juin, qui pourraient être reportées. Najib Mikati dirigeait le gouvernement depuis 2011. Il avait été nommé à la suite de la mise en échec, par le Hezbollah et ses alliés, du gouvernement d'union dirigé par Saad Hariri. Durant ses deux années au pouvoir, il s'est efforcé de protéger le Liban des débordements de la guerre civile qui fait rage en Syrie voisine. Le conflit a toutefois attisé les tensions entre communautés. Il a en outre mis le chef du gouvernement en porte-à-faux avec le Hezbollah qui l'a porté au pouvoir et qui soutient fermement le président syrien Bachar al Assad. A Tripoli, des heurts ont éclaté pour la troisième journée consécutive. Un homme a été tué et deux personnes ont été blessées samedi par un tireur embusqué, selon des habitants. Mikati prônait une politique de «dissociation» pour éviter que le Liban, qui doit faire face à un afflux de réfugiés syriens (plus de 350.000 selon le HCR), ne se retrouve aspiré par la crise chez son voisin. Pour l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui l'avait réclamée à plusieurs reprises, la démission de Mikati «ouvre la possibilité d'un nouveau dialogue» entre les différents partis libanais.