La Force intérimaire de l'Onu au Liban poursuivra sa mission dans le sud du pays malgré l'attentat qui a coûté la vie dimanche à six membres d'un bataillon espagnol, a annoncé le commandant italien de la Finul. L'attentat de dimanche, qui a tué trois casques bleus espagnols et trois camarades colombiens, est le premier coup aussi rude encaissé par la Finul depuis que ses effectifs ont été renforcés l'an dernier, après la guerre qui opposait le mouvement chiite libanais Hezbollah à l'armée israélienne. "C'est non seulement une attaque contre le Liban et la Finul, mais aussi contre la stabilité de la région. Cette attaque renforce la détermination de la Finul à remplir sa mission dans le sud du Liban", souligne le général Claudio Graziano, commandant de la force de paix, dans un communiqué. L'attaque est un défi supplémentaire pour le gouvernement de Beyrouth appuyé par l'Occident, déjà pris dans un conflit paralysant avec l'opposition politique dominée par le Hezbollah et ébranlé par une série d'attentats à la bombe ainsi que des affrontements armés avec des islamistes inspirés d'Al Qaïda. Le cabinet antisyrien du Premier ministre Fouad Siniora a décidé de demander au Conseil de sécurité de l'Onu de prolonger de douze mois le mandat de la Finul, qui expire en août. Dans un rapport remis au Conseil ce mois-ci, l'émissaire de l'Onu Terje Roed-Larsen s'inquiétait d'informations du gouvernement libanais et d'autres sources au sujet d'une contrebande d'armes sur la frontière syro-libanaise. Damas a démenti tout transfert organisé de cette nature. Une mission de l'Onu chargée de contrôler les activités à la frontière Syrie-Liban doit rendre un avis fin juin. PAS DE REVENDICATION Le ministre espagnol de la Défense, José Antonio Alonso, s'est rendu au Liban pour recevoir les corps des soldats tués par la bombe qui a explosé sur une route au passage du convoi militaire entre les villes de Khiyam et de Marjayoune. La route restait bouclée par l'armée libanaise lundi. Des soldats de la Finul quadrillaient les champs voisins avec des chiens et des enquêteurs recherchaient des indices. Des informations contradictoires ont circulé sur le point de savoir si la bombe était télécommandée ou si un kamikaze l'avait fait sauter au volant de la voiture piégée. Des témoins ont rapporté que la Finul avait réduit ses patrouilles dans le Sud. A la base espagnole de Marjayoune, Alonso a pris part à une cérémonie à la mémoire des casques bleus tués. Auparavant, son hélicoptère avait effectué trois rotations au-dessus du lieu de l'explosion, qu'a aussi inspecté le général Michel Souleiman, chef d'état-major des forces armées libanaises. L'attentat, condamné par le Hezbollah, a été perpétré bien que la Finul ait été placée en état d'alerte renforcée dans la foulée des combats opposant l'armée libanaise à des activistes sunnites dans le nord du pays. Aucun mouvement ne l'a revendiqué, mais le Fatah al Islam, groupe se réclamant d'Al Qaïda qui combat l'armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al Bared, avait accusé la Finul d'avoir bombardé ce camp le 2 juin. "Nous travaillons sur la thèse d'un attentat terroriste", a indiqué Alonso à Madrid avant de gagner Beyrouth. La Finul, dont les 13.000 casques bleus opèrent aux côtés de 15.000 soldats libanais envoyés dans le Sud après la fin de la guerre de juillet-août 2006, a signalé peu de difficultés avec le Hezbollah, qui a retiré ses armes des positions visibles. Les casques bleus sont surtout en garde contre la menace potentielle des activistes sunnites. L'an dernier, le numéro deux d'Al Qaïda, Ayman al Zaouahri, avait préconisé des attaques contre la Finul. Depuis sa création en 1978, la force de paix a perdu 266 hommes au Liban.