Rome souhaite une nouvelle résolution de l'ONU pour préciser le mandat de la force internationale au Liban. Alors que l'Italie s'est dite prête à prendre la tête de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) renforcée, les Européens doivent accorder leurs violons lors d'une réunion, vendredi à Bruxelles, sur la participation et le commandement de cette force censée veiller à l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. La présidence finlandaise de l'Union européenne a annoncé, hier soir, la convocation en urgence de cette réunion à laquelle assistera le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Retrait. La convocation des chefs de la diplomatie européens était réclamée par le ministre italien des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, après que Rome se fut proposé pour assurer le commandement de la Finul élargie. Cette force doit s'installer au sud du Liban, après le retrait des troupes israéliennes et le déploiement de l'armée libanaise. Trois mille cinq cents Casques bleus doivent rejoindre, d'ici à la fin du mois, les 2 000 déjà sur place. A terme, la nouvelle Finul comptera jusqu'à 15 000 hommes. Mais, pour l'instant, les contributions annoncées par l'UE sont jugées insuffisantes par l'ONU et Washington. A commencer par la France qui, après avoir été en pointe pour l'instauration d'un cessez-le-feu, refuse d'envoyer des hommes sans mandat ni règles d'engagement claires. Paris n'a dépêché pour le moment que 200 soldats en renfort des 200 Casques bleus français intégrés à la Finul actuelle. Du coup, l'Italie, après y avoir été encouragée par Israël, le Liban, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie, s'est déclarée prête à assumer la direction de la Finul et à envoyer 2 000 à 3 000 hommes. «J'ai confirmé la disponibilité italienne au commandement de la mission de l'ONU», a déclaré hier le chef du gouvernement, Romano Prodi. Il a toutefois jugé utile l'adoption d'une nouvelle résolution de l'ONU avec «un mandat précis, des contenus précis et une définition très claire des alliances». «La mission est compliquée» et justifie une «grande prudence», a-t-il souligné. Kofi Annan a annoncé un déplacement dans la région la semaine prochaine pour lever les réticences européennes. Zone tampon. Selon le Monde, les Casques bleus auront le droit de faire feu pour se défendre et protéger les civils au Liban. Ils pourront s'opposer à l'utilisation de la zone tampon entre le fleuve Litani et la frontière «pour des activités hostiles», mais ne rechercheront pas «activement» les armes du Hezbollah. En cas de saisie d'armes ou d'observation d'un tir de roquette contre Israël, la Finul devrait faire appel à l'armée libanaise. Et en cas de reprise des combats, les Casques bleus ne seraient pas censés s'interposer. Soumis au feu des critiques pour son attentisme, Paris a estimé ne pas avoir «à rougir» de son implication au Liban. Les consultations doivent se poursuivre aujourd'hui avec la visite à Paris de la chef de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni, qui rencontrera Dominique de Villepin et Philippe Douste-Blazy. Paris souhaite que des pays arabes et/ou musulmans participent à cette force, afin qu'elle ne prenne pas une «coloration» purement occidentale. Enfin, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a conditionné la levée du blocus maritime et aérien au déploiement d'une force internationale à la frontière libano-syrienne et dans l'aéroport de Beyrouth.