Rien de tel qu'une belle performance en Coupe du Monde des Clubs de la FIFA pour changer l'image que le monde se fait de vous-même. Pour Khalid Askri, le gardien de but du Raja de Casablanca, l'occasion s'est présentée à Maroc 2013. Il avait bien besoin en effet de changer une réputation basée avant tout sur deux bourdes impensables qui ont fait le tour du monde sur Internet... Vous avez sûrement fait partie des millions d'internautes qui, en septembre 2010, ont valu à Askri de devenir célèbre comme le "gardien le plus malchanceux du monde", pour avoir dans un premier temps arrêté un penalty. Mais alors qu'il s'est déjà tourné vers ses supporters pour célébrer la parade, le ballon continue de rouler capricieusement du côté opposé pour finalement franchir la ligne. Cette erreur monumentale s'est traduite non seulement par l'élimination des FAR de Rabat, son club d'alors, de la Coupe du Maroc au profit du Maghreb de Fès, mais aussi par... plus de dix millions de vues pour la vidéo sur Internet ! Un malheur venant rarement seul, quelques semaines plus tard, Askri donne lieu à une deuxième vidéo qui a elle aussi fait le tour du monde virtuel. Sur un ballon en retrait, le gardien rate son contrôle du pied, ce qui donne le temps à un attaquant adverse de tacler, le ballon finissant une nouvelle fois sa course au fond des filets. Askri se révolte alors contre sa malchance en jetant son maillot au sol, avant de quitter le terrain de rage. Ses coéquipiers tenteront de l'en dissuader. En vain. Des soutiens de poids Très affecté par ce mois catastrophique, Askri demande alors à être transféré des FAR de Rabat. C'est à cette période qu'il reçoit de nombreux témoignages de solidarité de la part d'homologues au poste de gardien. "Finalement, ces vidéos m'ont fait connaître. Beaucoup de gardiens du monde entier m'ont apporté leur soutien, y compris Gianluigi Buffon", explique-t-il à FIFA.com après avoir livré une fantastique prestation contre le CF Monterrey. "J'espère qu'il a vu le match, car je pense que j'ai donné une autre image", ajoute le Marocain, qui profite de l'entretien pour remercier l'entraîneur des gardiens de Montpellier, Dominique Deplagne. "Il m'a énormément aidé pendant cette période." Sur le point de fêter ses 30 ans, Askri a pourtant décidé de recommencer quasiment à zéro. Il rejoint d'abord le modeste Chabab Rif Al Hoceima, avant de signer au Raja en 2012. Un an plus tard, il est de nouveau présent sur la scène mondiale sous la forme d'un match époustouflant contre Monterrey, marqué par six arrêts décisifs, dont un un-contre-un remporté face à Neri Cardozo. Si ce dernier avait marqué, les Mexicains auraient pris un avantage sans doute définitif, qui aurait privé le Raja d'une demi-finale contre l'Atlético Mineiro. "De par notre style de jeu, basé sur la possession et la domination, nos adversaires n'attaquent pas trop en général. Mais cette fois, ils ont eu pas mal d'occasions et ça m'a permis de démontrer que j'étais un bon gardien, que j'étais capable de faire des parades", poursuit Askri, élu homme du match contre les Rayados et qui a quitté la pelouse du stade d'Agadir devant des supporters en liesse. Enfin à sa place "C'est un rêve qui est en train de se réaliser", assure-t-il. "Nous voulions faire passer une autre image du football marocain, pas seulement du Raja. Ça fait très longtemps que ce pays n'a pas obtenu de bons résultats et que les supporters n'ont plus l'occasion de vibrer comme ça. Maintenant, nous n'avons plus rien à perdre. Nous voulons aller en finale. Jouer contre une équipe qui possède Ronaldinho dans ses rangs est un rêve pour nous." Le rêve du Raja est également une réalisation personnelle pour Askri. Après avoir connu des moments compliqués dans le passé, il vit des jours meilleurs dans le club de son cœur. Il avait d'ailleurs eu du mal à cacher cette passion lorsqu'il défendait les couleurs des FAR de Rabat. Sa ferveur pour le Raja date de 2000, lorsque le club de Casablanca avait disputé au Brésil sa première Coupe du Monde des Clubs de la FIFA. "Je me souviens avoir regardé ce tournoi la télévision. Le Raja avait une équipe forte, de très bon niveau. C'est là que j'ai commencé à aimer ce club", raconte le gardien marocain, qui attend toujours sa première sélection après avoir pris place sur le banc lors de la CAN 2013. "Ça m'a posé des problèmes plus tard, quand j'ai évolué aux FAR, parce que j'avais dit que je supportais le Raja, un rival, mais ça prouve à quel point j'aime ce club", affirme le gardien en rigolant. "Nous étions tous très fiers de la performance du Raja contre le Real Madrid, même si ça s'est soldé par une défaite (2:3). J'espère que nous arriverons à faire pareil." Pour que la rédemption soit complète, ce seraient alors probablement les vidéos de ses exploits qui feraient le tour du monde sur Internet.