L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) inspectait dimanche l'usine de production d'eau lourde d'Arak, centre de l'Iran, dans le cadre d'un accord conclu entre Téhéran et l'agence onusienne pour faire la lumière sur la nature du programme nucléaire iranien. Les deux envoyés de l'AIEA, arrivés samedi en Iran, se sont rendus dimanche sur le site, situé à 240 km au sud-ouest de Téhéran, qui leur était fermé depuis deux ans. Ils devaient y passer la journée et repartir en soirée pour Vienne, le siège de l'agence onusienne, a indiqué le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi. L'usine se trouve sur le même site que le réacteur à eau lourde d'Arak, que l'Iran envisageait de mettre en route vers la fin 2014. Ce réacteur est au cœur des préoccupations des grandes puissances, car il offrirait à l'Iran la possibilité d'extraire du plutonium qui, une fois retraité, pourrait être utilisé pour la construction d'une bombe atomique. Cette visite fait partie d'un accord sur un «cadre de coopération» signé le 11 novembre à Téhéran, qui doit permettre à l'AIEA de s'assurer de la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire controversé de l'Iran. L'Iran a trois mois pour appliquer cette «feuille de route» en six points, qui vise à «créer plus de confiance entre les deux parties». D'autres pas devraient suivre pour conclure un accord global avec l'Iran. Selon M. Kamalvandi, l'Iran et l'AIEA doivent se retrouver mercredi à Vienne pour discuter d'une autre visite prévue dans le cadre de cette feuille de route, à la mine d'uranium de Gachin (sud). Outre l'inspection de l'usine d'Arak et de Gachin, l'accord avec l'AIEA prévoit que l'Iran fournisse des informations sur les futurs réacteurs de recherche, les emplacements des nouvelles centrales nucléaires civiles ou encore les futurs sites d'enrichissement d'uranium. Parchin plus tard L'OIEA a indiqué samedi avoir fourni à l'AIEA «les renseignements requis sur les recherches en cours» pour sa nouvelle génération de centrifugeuses -- utilisées pour produire de l'uranium enrichi. Selon M. Kamalvandi, ces renseignements ont été fournis «dans les délais impartis, dans le cadre des accords de sauvegarde» du traité de non-prolifération (TNP), a rapporté l'agence officielle Irna. Si l'AIEA a déjà régulièrement inspecté le réacteur en construction d'Arak, elle n'a plus reçu de détails sur sa conception et son fonctionnement depuis 2006 et n'avait pas été autorisée à visiter le site de production d'eau lourde depuis août 2011. Selon un accord intérimaire conclu fin novembre à Genève avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne), l'Iran s'est engagé à geler les travaux sur le réacteur d'Arak pour une période de six mois et à ne pas construire d'usine de retraitement de plutonium. En échange, les grandes puissances ont accepté un allègement limité des sanctions asphyxiant l'économie iranienne. Les Occidentaux et Israël soupçonnent la République islamique de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément farouchement. L'agence onusienne tente pour sa part depuis deux ans d'éclaircir certains éléments indiquant que l'Iran a cherché à développer l'arme atomique, principalement avant 2003, sous couvert de nucléaire civil. Elle souhaite notamment accéder au site militaire de Parchin, près de Téhéran, soupçonné d'avoir abrité des tests d'explosions conventionnelles applicables au nucléaire. L'Iran refuse pour l'instant l'accès du site aux inspecteurs en raison de sa nature militaire et non nucléaire et parce que l'agence y avait déjà conduit des inspections en 2005, qui n'avaient rien révélé de suspect. Le 11 novembre, le chef de l'AIEA Yukiya Amano avait toutefois indiqué que la site de Parchin restait «important» et qu'une visite serait discutée «lors des pas suivant».