L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) aura sans doute besoin de temps et de fonds supplémentaires pour vérifier la mise en oeuvre de l'accord intérimaire sur le nucléaire iranien conclu à Genève, a annoncé jeudi son directeur général. Yukiya Amano a parallèlement annoncé que l'Iran avait invité les inspecteurs de l'AIEA à se rendre le 8 décembre sur le chantier du réacteur à eau lourde d'Arak. Cette visite est la première conséquence concrète d'un autre accord, conclu le 11 novembre entre l'AIEA et la République islamique. L'agence onusienne ne s'est plus rendue sur ce site depuis deux ans, en dépit de demandes répétées. L'accord de Genève, conclu le week-end dernier et qui porte sur une période de six mois, prévoit notamment l'arrêt du développement des activités sur le site d'Arak. Il demande également à l'Iran de geler l'enrichissement de l'uranium à plus de 5% et la neutralisation des stocks enrichis à 20% en échange d'un allègement des sanctions en vigueur contre Téhéran. L'AIEA, a déclaré Yukiya Amano lors d'une conférence de presse, peut mobiliser ses capacités pour vérifier si l'Iran se conforme bien à l'accord intérimaire de Genève. Mais, a-t-il ajouté, son budget est très serré. «Naturellement, cela nécessite des sommes et des effectifs en quantités importantes (...) Je ne crois pas que nous puissions tout couvrir avec notre propre budget.» Le site d'Arak produit de l'eau lourde pour un réacteur expérimental voisin en construction. Les pays occidentaux craignent que le réacteur, qui pourrait entrer en service l'an prochain, ne produise du plutonium utilisable pour fabriquer une arme nucléaire. L'Iran affirme qu'il est uniquement destiné à obtenir des isotopes à usage médical. Téhéran dément vouloir se doter de la bombe atomique, comme le soupçonnent les Occidentaux. Dans le cadre de son accord à Genève avec les puissances du P5+1 (les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne), l'Iran s'est engagé à cesser les travaux d'installation du réacteur et à interrompre la fabrication du combustible nécessaire à son fonctionnement. Yukiya Amano a déclaré que l'AIEA étudiait en détail l'accord de Genève afin de le «mettre en pratique», notamment en ce qui concerne le rôle de ses inspecteurs. Cela, a-t-il dit, prendra «un certain temps» parce que l'affaire est compliquée. «Cela aura des implications en termes de financement et de personnel», a-t-il dit dans une intervention distincte devant le conseil des gouverneurs de l'AIEA. «Je consulterai le conseil dès que possible une fois que ce sera achevé», a-t-il déclaré. Environ 10% du budget annuel de 121 millions d'euros de l'AIEA réservé aux inspections est consacré à l'Iran. L'agence a pratiquement deux à quatre personnes en Iran chaque jour de l'année, dont vingt se consacrent à l'activité d'inspection.