Sous le thème « Métaphores de l'espace », la galerie d'art Tempera, sise à Marrakech (46 bis, avenue Abdelkarim Khattabi), organise une exposition de peintures et de sculptures de l'artiste plasticien Abderrahman Rahoule, actuel directeur de l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Casablanca, et ce du 14 décembre 2013 au 13 janvier 2014. Cette exposition nous invite à contempler l'acte plastique de Abderrahman Rahoule qui revisite la beauté apparente de la nature architecturale, prodigue à ses toiles cette touche douce et lumineuse propre à tout peintre constructuviste. Sa vision nous réconcilie avec notre milieu naturel, nous incite d'une certaine façon à un retour aux sources, à rêver d'un monde où l'homme est en parfait accord avec lui-même. Loin de nous imposer une réflexion stérile, les tableaux et les sculptures de cet artiste essaient de nous réconcilier avec les valeurs sûres et éternelles. Sur cette nouvelle aventure esthétique, Abderrahman Benhameza, poéte et critique d'art, a écrit : « L'artiste plasticien Abderrahmane Rahoule distribue l'espace (ici citadin) à sa manière, le fragmentant en aplats de couleurs à la verticale et installant un jeu de superpositions, de juxtapositions et de symétries, qui rappelle les constructions/visions de l'ancienne médina casablancaise. Sensibilité et mémoire s'activent à mettre en évidence une dynamique urbaine dont le décor et l'esprit réaliste sont passés de mode, susceptibles aujourd'hui d'être catalogués figures architecturales du patrimoine traditionnel. La perspective chromatique inscrit la composition dans un contexte paysagiste semi-abstrait à connotation géométrique, où l'idée de représentation est délibérément mise en abyme ; ce sont les formes et les couleurs aux gammes variées qui déterminent la nature graphique du travail, avec une prépondérance à la verticalité comme simulation du réel, ressortant ici et là des préoccupations conceptualistes dans le traitement de la matière. Rahoule, développe de la sorte, au niveau du discours, une certaine formalisation où la recherche sur les possibilités visuelles de l'espace topographique, délimité par la couleur et plus explicitement dans ses récentes œuvres, se transmue en une quête imaginaire sur laquelle doit se fonder toute sa démarche plastique. Un imaginaire qui suggère mieux la réalité figurale, ici symbolisée en plans concomitants et intégrant parfois un ensemble d'objets singuliers. Stratégie qui, plastiquement, ne manque pas d'opérer sur ledit espace au point de l'abstraire et de transformer les zones inertes du tableau en plages vivantes et lumineuses. Dans sa composition, Rahoule insère aussi des motifs pris au quotidien et traduits dans la même veine picturale (vers, bouteilles, compotier, bouquet de fleurs, etc), et campés dans des rôles thématiques accessoirisés. Transcendante, l'organisation de l'espace les intimise et en fait des objets à valeur décorative mais sans saillance, le regard pouvant à leur vue s'évanouir à tout moment. Le registre iconographique de Rahoule englobe aussi des sculptures en bronze patiné, dont l'effet esthétique émane des mêmes observations spatiales. S'il y a ressemblance au plan du volume, les profils et les surfaces affichent des variations accordées surtout à la lumière, composante essentielle du genre. Cependant, contrairement à sa peinture, Rahoule évoque là des sujets où la courbe, les vides et les pleins façonnent des formes au langage symbolique, comme s'il s'agissait d'une critique sociale euphémisée, mettant en jeu l'émotion. ». L'œuvre de Rahoule retrace un tournant exceptionnel de son parcours artistique reposant sur la vie des formes puisées dans notre mémoire collective Le langage plastique est présenté avec tout ce qui se réfère au monde de référence et connote à la fois l'iconographie de la civilisation et les intériorités. Le code iconographique se superpose alors au code référentiel pour nous révéler les jardins de l'âme prélevés de leur contexte, et proposer un questionnement sur le rapport entre la tendance représentative et la tendance cubiste, tout en donnant libre cours aux émotions et aux sensations subjectives. Le parti pris de cette exposition consacrée par la galerie d'art Tempera à Rahoule est d'emblée celui de la modernité, une modernité qui se réfère au parcours novateur et avant-gardiste d'un plasticien au sens plein du terme, dont la riche palette aux couleurs vives et vivantes a su enrichir l'art pictural marocain contemporain.