Les élus républicains du Congrès ont dévoilé mercredi un plan prévoyant un report de la mise en oeuvre de la réforme de l'assurance santé voulue par le président Barack Obama en contrepartie d'un relèvement du plafond de l'endettement américain. L'administration du président Barack Obama a peu ou prou épuisé ses ressources d'endettement avec un plafond de 16.700 milliards de dollars, mais elle a pour le moment évité tout défaut en mettant en oeuvre des mesures exceptionnelles. Le camp républicain pourrait proposer dès ce jeudi, ou vendredi, de soutenir une mesure permettant au gouvernement de continuer à se financer qu'elle associerait à un amendement prévoyant un report de «l'Obamacare». La partie la plus intense de la confrontation pourrait toutefois se produire à partir de la semaine prochaine avec l'introduction d'une proposition républicaine liant le relèvement du plafond de l'endettement américain au report de la réforme de l'assurance santé. Selon le Trésor, faute d'accord au Congrès, le gouvernement serait confronté à une paralysie budgétaire qui l'empêcherait d'emprunter pour financer le remboursement de ses dettes dès la mi-octobre, menaçant le pays de faire défaut sur ses emprunts. La décision de mettre la réforme de l'assurance santé au centre des discussions sur le relèvement du plafond de l'endettement américain est une victoire pour l'aile la plus conservatrice du parti républicain de la Chambre des représentants, qui a bataillé contre ses propres dirigeants qui craignent qu'une telle lutte se révèle impopulaire. D'après un sondage CNN/ORC mené entre le 6 et 8 septembre, 51% des personnes interrogées estiment que les républicains seraient les principaux responsables d'une éventuelle fermeture des administrations publiques. «BOEHNERCARE» Le président américain a de son côté accusé les dirigeants républicains de se livrer à une entreprise d'extorsion en brandissant la menace d'un défaut au risque de déstabiliser l'économie américaine. «Jamais dans l'histoire des Etats-Unis on a vu le plafond de l'endettement ou la menace de ne pas relever le plafond de l'endettement être utilisé pour extorquer quelque chose au président ou au parti au pouvoir», a déclaré Barack Obama devant l'organisation patronale Business Roundtable. Cela n'a pas découragé le camp républicain qui a prévenu mercredi qu'il ajouterait d'autres exigences, notamment celle d'un feu vert au projet d'oléoduc Keystone qui focalise la colère des écologistes américains. «Une paralysie du gouvernement, et peut-être bien plus encore, pourrait avoir de lourdes conséquences pour les marchés financiers et pour l'économie», a d'ailleurs prévenu mercredi le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke lors de la conférence de presse organisée dans la foulée de la décision du Comité de politique monétaire de la Fed. Dans une lettre adressée aux représentants, la Chambre américaine du commerce les a priés de «relever à temps le plafond de l'endettement américain et de lever ainsi toute question ou menace pesant sur la confiance et le crédit du gouvernement des Etats-Unis.» La volonté de l'aile la plus conservatrice du parti républicain ne fait pas l'unanimité, et leur chef de file à la Chambre, John Boehner, peine à se faire entendre. Il est désormais remis en question par la frange «Tea Party» qui l'accuse de vouloir éviter de lier la question de la paralysie budgétaire à la réforme de l'assurance santé, que certains appellent «Boehnercare». Parallèlement, les relations du président Barack Obama avec les parlementaires démocrates ne sont pas au beau fixe en raison notamment des désaccords sur la gestion de la crise syrienne et du choix qu'il fera sur le nom du remplaçant de Ben Bernanke à la Fed.