Ayant hérité d'une crise économique sévère, le président américain doit mettre les bouchées doubles pour redonner de l'espoir à ses compatriotes. Retour sur le bilan et les défis qui attendent Barack Obama. Le président américain Barack Obama lors d'une rencontre tripartite avec le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à New York en 2009. Barack Obama reste à la Maison Blanche. Le 44e président des Etats-Unis succède à lui-même après sa victoire face à son challenger républicain Mitt Romney dans la nuit du mardi à mercredi. Contrairement à 2008, c'est une élection âprement discutée et restée très serrée jusqu'à la dernière minute. Un scrutin à la taille des défis à relever par les Etats-Unis tant en matière de politique intérieure qu'étrangère pour les quatre prochaines années. Mais on ne saurait faire évoquer les nouveaux défis de Barack Obama sans regarder dans le miroir et donc revenir sur le bilan de ses quatre dernières années passées à la Maison Blanche. Un bilan économique mitigé Obamacare, mesure phare de l'administration Obama, a permis à plusieurs milliers d'Américains de s'assurer une couverture santé. Barack Obama a pris les rênes de la première puissance économique mondiale en janvier 2009, seulement quelques mois après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Un contexte de crise donc. L'emblématique Wall street était au bord du gouffre. Il fallait réagir. Le président devait forcément prendre des mesures drastiques pour contenir la crise et redonner confiance à l'économie américaine. Il met alors en oeuvre le plan de relance le plus colossal de tous les temps en injectant 800 milliards de dollars avec l'American Recovery and Reinvestment Act, promulgué en février 2009. Cette mesure a permis de sauver l'industrie automobile menacée de faillite. Pour stimuler la création d'emploi, Barack Obama lance en septembre 2011, le Jobs Act (447 milliards de dollars). Des décisions qui ont permis d'améliorer le taux de chômage dans le pays, malgré les 7,8%, récemment publiés. Même si ce taux semble le plus élevé que les Etats-Unis aient connu depuis des années, il faut reconnaître que sans ces différentes mesures, la situation aurait été pire. Quatre ans après la crise, les six plus grandes banques américaines ont en tout cas retrouvé la santé. Toutefois les républicains tout au long de la campagne ont attaqué Barack Obama sur la dette américaine qui a explosé au cours de son mandat avec la forte augmentation des dépenses publiques. Aussi la reprise économique du pays se fait-elle désirer. Pas moins de 23 millions d'Américains sont toujours sans emplois. Sur le plan du logement, l'administration Obama a instauré en 2009, le Making Home Affordable Program pour faciliter la renégociation des emprunts immobiliers. Les organismes prêteurs étaient, en effet, encouragés à renégocier à la baisse les mensualités des emprunteurs en difficulté, en échange d'une compensation partielle de l'Etat. Cette mesure a profité à environ un quart des quatre millions de foyers potentiellement concernés selon le New York Times. La couverture santé pour tous ! Mesure phare du premier mandat du président américain, l'Obamacare constitue le principal volet de la réforme du système de santé permettant la création, dans chaque Etat, d'une assurance santé universelle abordable. Une promesse de la campagne 2008 tenue par Barack Obama, pour sortir de la précarité 32 millions d'Américains dépourvus d'assurance. Une disposition de cette loi oblige chaque citoyen à se doter d'une couverture santé avant 2014. Obamacare permet notamment d'empêcher les assureurs privés de discriminer leurs clients sur des critères comme l'âge, l'origine ethnique, le sexe ou les antécédents médicaux. Toutefois cette mesure a suscité divers avis. Pendant que d'autres se réjouissent de pouvoir enfin bénéficier d'une couverture santé à bas prix, les opposants de la réforme reprochent au président soit une intrusion dans leur vie privée, soit de ne pas être allé assez loin dans la réforme. Concernant l'énergie, Barack Obama a bataillé dur pour l'autosuffisance énergétique des Etats-Unis au cours de son premier mandat. L'objectif étant d'avoir moins recours à l'importation. En mars 2010, le président a lui-même mentionné que la part du pétrole importé était à moins de 50% pour la première fois en treize ans. Les chiffres du Département de l'Energie indiquent que les Américains consomment 9% de pétrole en moins qu'en 2007. « Les Etats-Unis ont réduit de 20% au cours des trois dernières années la quantité de pétrole importée des pays de l'Opep. Le pays est devenu un exportateur net de produits raffinés et notamment d'essence pour la première fois depuis 1945, selon le New York Times. Le bilan concernant les énergies renouvelables reste également positif. Selon les autorités américaines, en 2011, 13% de l'électricité produite aux Etats-Unis provenait d'énergies renouvelables contre11% du nucléaire. Cependant, l'« American Clean Energy and Security Act » voulu par Barack Obama n'a pas été concrétisé. C'est une loi qui devait permettre la mise en place d'un système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre en vue de les réduire de 80% en 2050. Plus de droits pour les homosexuels L'administration Obama a également fait fort en se prononçant ouvertement sur le droits des homosexuels. Barack Obama a mis un terme au « Don't ask, Don't tell », une mesure mise en place en 1993 qui permettait aux homosexuels (interdits dans l'armée) de s'engager dans les forces militaires du moment où ils ne révélent pas leur orientation sexuelle. Barack Obama est aussi le premier président des Etats-Unis à se prononcer en faveur du mariage pour les homosexuels. Washington n'est pas le gendarme du monde Quid de la politique étrangère des Etats-Unis ? Conflit israélo-palestinien, printemps arabe, Afrique…, les déçus sont nombreux. Concernant le Moyen-Orient, l'administration Obama n'a pas fait montre fermeté vis-à-vis d'Israël. Obama n'a pas réussi à obtenir un gel des colonies de la part de Benjamin Netanyahou. Une situation qui plombé le processus de paix. Les Etats-Unis n'ont pas non plus soutenu le projet de reconnaissance d'un Etat de la Palestine proposé par Mahmoud Abbas à l'ONU. Sur le dossier iranien, le dialogue est toujours au point mort. Et Téhéran poursuit son programme nucléaire en dépit des sanctions. Concernant le printemps arabe, la majorité des analystes s'accorde à dire que la réaction des Etats-Unis a été timide. Washington n'a pas pris les devants tel qu'on l'aurait souhaité. Mais toutefois, le président américain a également enregistré des succès. Les Etats-Unis ont retiré la quasi-totalité de leurs troupes d'Irak et Barack Obama a promis de quitter l'Afghanistan en 2014. Mais le gros succès du président américain est d'avoir réussi à neutraliser l'ennemi public n°1 de l'Amérique : Oussama Ben Laden. La politique étrangère de Barack Obama a par ailleurs favorisé l'émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale. Contrairement à prédécesseur Georges W. Bush, le président démocrate a réduit le champ d'intervention de son pays laissant la responsabilité à des puissances régionales. Pour ce nouveau mandat, il s'agira donc pour le propriétaire de la Maison Blanche de poursuivre ce qu'il a déjà commencé en 2009. Il devra prendre des mesures pour booster la croissance économique qui peine à décoller. Remettre les Américains au travail, tel semble être le mot d'ordre de ce nouveau mandat. Ils ont dit Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération. « Le Maroc a une bonne relation bilatérale avec les Etats-Unis et sa Majesté, le roi, a déjà a dressé son message de félicitation au président américain. Les Américains ont renouvelé leur confiance à Barack Obama. Il a un agenda devant lui qu'il va mettre en oeuvre dans un contexte de crise. Sur les dossiers internationaux, nous nous attendons à ce que les Etats-Uns continuent à jouer leur rôle ». Hasni Abidi, directeur du Centre d'Etudes et de Recherches sur le Monde Arabe et Méditerranéen. « La réélection de Barack Obama est porteur de deux enseignements. D'abord, il est le premier président occidental à avoir été réélu dans une élection depuis le début de la crise il y a trois ans. En France , Nicolas Sarkozy est parti. Pareil en Espagne, en Italie et autres. L'autre enseignement, c'est la campagne a montré la faiblesse des arguments de Mitt Romney. Ce qui fait que les Américains ont préféré renouvelé leur confiance à Barack Obama. Concernant le monde arabe, je pense qu'on attend pas grand-chose de ce second mandat. Il y a eu beaucoup de déception après les espoirs suscités après le discours du Caire. Il y a deux niveaux de lectures à mon avis. Concernant Israël, il n'y aura pas un profond changement. Mais il faut reconnaitre que Barack Obama a les mains libres maintenant pour agir car c'est son dernier mandat. Sur la crise syrienne aussi, je pense que les Etats-Unis vont continuer à mettre les pays de la région (la Turquie et les pays du Golfe) à contribution plutôt que de prendre les devants. Le deuxième niveau de lecture concerne la transition démocratique en cours dans le monde arabe. Il faut dire que Washington a été contraint de soutenir le printemps arabe car il fallait suivre la vague face à la volonté des peuples. Maintenant, ces pays, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Libye, le Yémen attendent surtout une aide économique de la part des Etats-Unis. Washington a un poids significatif dans les instances financières internationale qui pourrait permettre à soutenir un nouveau plan Marshall pour ces pays en transition ». * Tweet * *