Pas plus tard que mercredi dernier, Mohamed N. Boulif, essayant d'estomper les appréhensions des citoyens quant aux conséquences de la mise en œuvre du système d'indexation, affirmait devant la presse à Casablanca qu'au grand maximum, l'augmentation pourrait être de 1 dh au cas où le prix du baril de pétrole atteint les 120 dollars. Le baril n'a pas atteint les 120 $, mais les carburants au Maroc ont enregistré leur première hausse des prix de l'ère de l'entrée en vigueur du système d'indexation. Dans la nuit du dimanche à lundi, les prix du super carburant ont été fixés à 12,83 dhs le litre (+0,59 dhs), du gasoil à 8,90 dhs le litre (+0,69 dhs) et du fuel type 2 à 5.328,92 dhs la tonne (+662.88 dhs). Même si la MAP donne des tarifs un peu plus bas. Voulant préserver le pouvoir d'achat des citoyens, le ministre n'a pu s'empêcher d'assurer d'abord les intérêts des lobbies des distributeurs de carburant. Vendredi dernier, le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, laquelle est loin d'être bonne, s'était réuni avec les représentants de la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-service, pour discuter de l'application de la décision d'indexation des carburants. Etaient aussi présents des représentants des ministères des Finances et de l'Energie et des Mines. Tout ce beau monde pour décider que, dorénavant, c'est au citoyen de supporter les fluctuations du marché du pétrole. Soit ! Mais alors que mercredi dernier, le ministre avait affirmé que toute augmentation ne s'appliquerait que quand le baril atteindrait les 120$, voilà qu'une fois face au lobby des carburants, il plie et revoit sa note à la baisse en rament le seuil de l'indexation à 105$. Et tant pis pour les citoyens. C'était le premier parjure de M. Boulif. La mise en application du système d'indexation devait être suivie en parallèle, si l'on devait croire le ministre, de mesures d'accompagnement, notamment pour le secteur des transports de voyageurs et des marchandises afin de préserver le pouvoir d'achat. C'est dire que le ministre était conscient des répercussions de pareille mesure. Or, voilà que l'indexation, entrée en vigueur, vient d'apporter sa première hausse des prix des carburants, sans qu'aucune « modalité d'indemnisation des opérateurs du secteur (de voyageurs et des marchandises) » ne pointe à l'horizon comme annoncé par le ministre Boulif lors de sa rencontre avec les journalistes à Casablanca. Et pourtant, il était plus que clair en annoçant que « les départements de tutelle -Intérieur et Transport- mettront en place des modalités d'indemnisation des opérateurs du secteur en cas d'augmentation des prix... ». Les prix ont été augmentés. Et les transporteurs ne savent pas comment ils seront indemnisés, si jamais ils le seront. Dans le cas où ils ne seront pas indemnisés, ils vont être dans l'inconfortable position d'augmenter leurs tarifs. Les en empêcher serait une injustice, le tolérer serait un crime contre les citoyens. C'était le deuxième parjure de M. Boulif.