On attendait le grand public qui, malheureusement, n'a pas répondu en masse. Il y avait à peine 20.000 spectateurs alors que 40.000 billets étaient en vente. Mais c'était mieux qu'à Marrakech où la moyenne des spectateurs ne dépassait guère 5000 personnes dans les gradins lors des rencontres amicales. Bien qu'il y avait une véritable fraîcheur due à la brise qui soufflait, les Tangérois avaient opté pour une longue promenade nocturne sur la corniche au bord de la mer. On misait aussi sur les travailleurs marocains à l'étranger, en vacances, qui étaient absents pour des raisons inconnues. Les joueurs nationaux, qui étaient habitués à la nombreuse foule des gigantesques stades européens, manquaient de la chaleur d'un public enthousiaste à la manière nordiste : ce qui expliquait un peu la froideur dans les actions et surtout le peu de motivation. Comme l'a déclaré le footballeur de Lens, Al Kantari, les encouragements et les applaudissements importent beaucoup. L'équipe nationale était décevante et dans ses rangs, il existait une grande confusion surtout en première mi-temps où ses différentes lignes manquaient de cohésion. Aucun tir au but n'était signalé : c'était vraiment inquiétant. Par contre, les visiteurs étaient mieux armés et occupaient le terrain à la recherche du but de la tranquillité. A la 8ème minute, une attaque collective menée par l'ailier le plus dangereux de la partie Jonathan Zongo, permettait à Bertrand Traoré de récupérer un centre et de tromper la vigilance du portier Amsif qui ne pouvait rien faire devant la passivité de ses défenseurs. Les Lions de l'Atlas étaient de retour à Tanger après une absence de 15 années. La dernière visite datait de 1998 à l'occasion d'une rencontre officielle contre le Sénégal au Marshane avec une victoire locale de 2-0. La génération Azmi, Naybet, Abrami faisait à l'époque les beaux jours du football marocain. La veille du choc contre Burkina-Faso, le dauphin de CAN Afrique du Sud 2012, l'entraîneur Rachid Taoussi était méfiant : il redoutait de ne pas travailler avec les professionnels européens, qui étaient en stage d'avant-saison avec leurs respectifs clubs en Europe, en Australie, en Amérique latine et même aux USA. Il a fallu attendre l'ultime journée pour voir atterrir à l'aéroport Ibn Batouta l'avion qui transportait Hamd Allah club norvégien, Benatia Rome et Belhanda du Dynamo Kiev. Un sentiment identique était éprouvé par l'entraîneur belge visiteur Paul Put qui devait attendre sa vedette du Chelsea arrivé aux toutes dernières minutes. Quant au premier européen à rejoindre l'effectif, il s'appelait le goal de l'Atlético de Madrid Yassine Bono qui faisait sa première apparition avec la formation Maroc A. Il était radieux et satisfait d'avoir joué une bonne deuxième mi-temps. Avec le travail et le sérieux, il pourrait gagner la confiance du coach argentin Simeoné pour remplacer le Belge Courtois au moment de son retour au Chelsea. Bono titulaire à la sélection, pourquoi pas car il a tout pour réussir. Match d'un niveau technique à peine moyen et il y avait face à face deux bonnes écoles du football : la Belge et la Marocaine. D'un côté comme de l'autre, on voyait la jeunesse et la moyenne d'âge ne dépassait guère 24 ans. Préparer l'avenir semblait être le souci des deux techniciens Paul Put et Rachid Taoussi. La seconde mi-temps était meilleure surtout pour les Marocains qui avaient effectué plusieurs changements. Omar Kaddouri qui faisait son entrée en remplaçant Belhanda, constituait un grand danger pour la défense visiteuse et c'était grâce à lui que l'équipe multipliait ses attaques pour réduire le score ou égaliser. Malheureusement, à l'heure où il y avait une nette amélioration dans le jeu, Abdourazak Traoré aggravait le score à la suite d'une action individuelle. C'était le 0-2 qui était décourageant. Quatre minutes plus tard, Barrada, qui était attentif à tous les centres, marquait un joli but à la 60ème mn. On jouait les dernières minutes, les nationaux cherchaient désespérément l'égalisation et le Burkina-Faso était dominé de bout en bout et plusieurs corners étaient tirés mais devant une défense intraitable surtout dans les balles aériennes avec un excellent gardien de but Daouda Diakité. Selon les termes de l'entraîneur national marocain, lors de la conférence de presse donnée la veille du match, il n'était pas question de parler ou d'évaluer l'adversaire du jour Burkina-Faso ou le prochain adversaire la Côte d'Ivoire, mais de parler de l'ossature d'une équipe à long terme, pour préparer la CAN Maroc 2015 que le pays aura l'honneur d'organiser. L'avenir aussi, a rappelé Rachid Taoussi, passait par un grand joueur de 17 ans Bakkali de PSV Eindhoven qui hésite toujours entre le maillot belge et marocain.