Alors qu'on est déjà, du moins spirituellement, prêt le Ramadan, le mois sacré de jeûne et de piété, autant donner un bref aperçu sur les bienfaits de cette abstinence « communautaire » sur le corps, l'âme et l'esprit. Si plusieurs personnes ont du mal à s'adapter à ce quatrième pilier de l'Islam, autant savoir que cette pratique religieuse coutumière annuelle, est depuis quelques années, considérée et adoptée en tant que méthode thérapeutique par les hygiénistes, les nutritionnistes et les psychothérapeutes. Ce qui est religieux et ancré dans nos moeurs devient in ou à la mode chez les occidentaux. C'est pour cela que, penser à analyser le jeûne en tant que thérapie, en se basant sur des recherches scientifiques et des expériences, peut être plus convaincant et évalué autrement que comme une obligation religieuse ou familiale ou même un rituel. Attesté scientifiquement, le jeûne rééquilibre le métabolisme et mobilise les forces de régénération propres du corps et de l'esprit. Le jeûne, pratiqué en communauté déstresse, normalise la pression artérielle, permet le renouvellement des forces psychiques et physiques et renforce le foie et les organes digestifs. S'abstenir de manger pendant quelques heures repose, détoxique et régénère l'organisme, maintient le corps et l'esprit en bonne santé, et c'est parfois une autre approche d'autoguérison Pour ce qui est du jeûne thérapeutique, on peut citer le jeûne thérapeutique du Dr Buchinger, une sorte de médecine naturelle traditionnelle allemande. Le concept se base sur la médecine et la physiologie, mais inclut également les deux autres dimensions traditionnelles du jeûne: la spiritualité et la solidarité. L'apport quotidien devrait être d'environ 250 Kcal, le repos et l'activité physique en proportions adéquates, la stimulation des processus d'élimination (par la peau, les reins, le foie, l'intestin et les poumons), les thérapies de soutien, l'accompagnement thérapeutique médical, les soins individuels et la «gastronomie de l'âme». Il y a cependant certaines règles à suivre, en matière de gestion de sa consommation alimentaire, surtout pendant le mois de ramadan, pour ne pas tomber dans le piège de l'excès, de l'obésité et des maladies intestinales. L'abstinence journalière ne devrait pas être suivie d'une suralimentation après le coucher du soleil, une manie de plus en plus adoptée par les marocains. Modifier ses habitudes alimentaires et manquer de sommeil peuvent induire l'effet inverse préconisé par le jeûne. Tout d'abord, le corps a besoin d'une phase préparatoire au jeûne, période plutôt spirituelle et psychique que réellement nutritionnelle. Ce qui réduit du coup les conséquences des premiers signes de l'abstinence, à savoir, les maux de tête et les étourdissements. Puis la sensation de la faim s'estompe généralement au bout de deux ou trois jours, au bout desquels le corps devient léger et l'esprit plus clair. Si le jeûne se fait dans les normes et que l'on ne s'attaque pas à la nourriture comme un ogre, une perte de poids se ressent, tout au début, essentiellement attribuable à une élimination d'eau et de sel. Ensuite, pour chaque kilo en moins, le corps perd approximativement 310 g de protéines et 550 g de graisse. L'International Association of Hygienic Physicians (IAHP) a montré que le jeûne pouvait soulager l'arthrite rhumatoïde, contribuer au traitement de l'hypertension, induire une perte de poids, améliorer la qualité du sommeil, contribuer au traitement de la pancréatite aiguë et peut même contribuer au traitement du syndrome de l'intestin irritable Diverses études ont prouvé que des changements dans l'alimentation peuvent avoir un effet positif sur les symptômes des patients souffrant d'arthrite rhumatoïde. Le jeûne de 7 à 23 jours, suivi d'une diète végétarienne, a permis des améliorations à long terme tels que une diminution de la douleur, l'augmentation de la capacité fonctionnelle... Les résultats de deux autres études indiquent une diminution statistiquement significative de la pression sanguine. En plus, 89 % des sujets hypertendus présentaient des valeurs normales de pression à la fin du jeûne. Pour ce qui est de la perte de poids, elle est effective si l'on change son style de vie, si l'on adopte des habitudes alimentaires saines tout en faisant de l'exercice physique. Une étude a été effectuée sur 207 personnes souffrant d'obésité morbide et hospitalisées pendant un jeûne d'une durée prévue d'environ 2 mois, dans le but de perdre du poids. Les résultats indiquent que le jeûne (durée moyenne de 47 jours) a été efficace pour faire perdre du poids (28,2 kg en moyenne). Cependant, parmi les 121 sujets ayant participé aux visites de suivi, 50 % avaient repris leur poids initial après 2 à 3 ans, et plus de 90 %, après 7 ans. S'agissant de l'amélioration de la qualité du sommeil, une étude pilote, portant sur 15 sujets non obèses âgés de 19 ans à 59 ans ayant observé un jeûne complet d'une durée de 7 jours, a donné des résultats prometteurs. Cette étude a démontré que le jeûne n'avait pas d'effet sur le temps total de sommeil, mais qu'il diminuait le nombre de réveils pendant la nuit. De plus, des améliorations en ce qui concerne la qualité subjective du sommeil, l'énergie journalière, la balance émotionnelle perçue et la concentration ont aussi été observées. En cas de pancréatite aiguë, le jeûne est souvent de mise en raison des douleurs et de l'intolérance digestive du patient. Pour ce qui est du syndrome de l'intestin irritable, en 2006, une petite étude clinique, réalisée en milieu hospitalier, a évalué l'ajout d'une période de jeûne à un programme de traitement pharmacologique et psychologique chez 58 sujets ne répondant pas au traitement usuel du syndrome de l'intestin irritable. Les sujets ayant jeûné ont montré une diminution de 7 des 10 symptômes évalués par l'étude. A savoir aussi qu'il existe de nombreux centres de jeûne aux États-Unis, au Canada, en Angleterre et en Australie qui offrent des services selon le protocole établi par l'International Association of Hygienic Physicians (IAHP). Des professionnels de la santé (infirmières, médecins, naturopathes, psychologues, etc.) offrent également des jeûnes supervisés dans des centres de détente et des auberges de santé un peu partout dans le monde. Il y a même des stages de formation certifiés en jeûne thérapeutique offerts aux médecins, ostéopathes, chiropraticiens et naturopathes.