La Fédération Royale Marocaine de Football tiendra son AG, ordinaire et extraordinaire, destinée à adopter ses nouveaux statuts, et à élire son nouveau président et son nouveau Comité, ce vendredi. Les AG de la FRMF se suivent, depuis l'indépendance, sans pour autant se ressembler, du moins sur le fond. DES AG «ECOLES DE DEMOCRATIE» AUX AG PLEBISCITAIRES Car ce qui les a animées, c'est cette volonté d'en faire des forums, destinés à mobiliser et à concilier la collectivité sportive et au-delà la société, par le sport et particulièrement le football. Le Dahir de 1958 sur le mouvement associatif et les libertés publiques est on ne peut plus explicite, à ce propos. D'ailleurs et pendant très longtemps, on a légitimé cette action en parlant des AG comme étant des «Ecoles de démocratie» par excellence. Et les AG ont attiré quelques uns parmi les orateurs les plus doués de leur génération, qui savaient manier le verbe et multiplier les métaphores, à destination d'un public ébahi et séduit jusqu'à être hypnotisé par des propos apologétiques. C'est de là où nous sont venus des qualificatifs comme «Wydad Al Umma», «Le Raja du Peuple», avant le Raja Al Alami (Mondial), les Lions de l'Atlas, les Canaris pour le MAS (On saluera au passage le Dr Benzakour et Hazzaz qui viennent d'achever la rédaction d'un ouvrage sur le MAS), etc. On flattait la passion des supporters, tout en favorisant un système électif porté sur le plébiscite. Ce modèle était le seul adaptable, pour assurer la reproduction des élites dirigeantes des clubs, soutenues par l'administration. Les choses ont commencé à changer, quand le Maroc avait été doté d'un ministère de tutelle, destiné à orienter et à conditionner le fonctionnement des fédérations, contraintes de mettre en pratique des normes juridiques, sous peine d'»empeachment», par le blocage des subventions. Le sport devait répondre à un souci politique centralisateur, en comptant, à l'époque sur le sport d'élite, le sport scolaire, le sport militaire et le sport loisir. On ne parlait pas encore de sport de masse! Pour le sport militaire et celui-aussi- des corps constitués (Sûreté Nationale et Douane) on évoquait les missions d'intérête général et de service public. C'est comme ça que des personnalités de haut rang ont dirigé le football national, surtout du côté de l'ASFAR. On a donc rompu avec les visions utopistes, qui réclamaient l'Etat de droit, la démocratie et les urnes pour assurer, surtout, la bonne représentation du Maroc, par les bonnes prestations et les réussites de ses équipes nationales. Et ce quel qu'en fut le coût, y compris quand il s'agissait de sacrifier les urnes, au profit de présidents forts. On comptait sur des Collèges, destinés à choisir un président investi de tous les pouvoirs et chargé de constituer son comité et choisir le tiers-sortant, lors des AG Ordinaires, quand ces dernières avaient lieu. Ce rappel, historique, explique ce qui se passera lors de cette AG de la FRMF, qui se déroulera sous les auspices des textes anciens et de normes hissées au rang de règles de droit. 107% DES RECETTES DE LA FRMF SONT ALLES AUX CLUBS Y compris pour les adhérents qui n'auront plus de raison d'être, du moins sous la forme actuelle, beaucoup plus proche du groupe de pression que de force de proposition. Et le WAC répond à ce cas de figure, à un moment où le grand club casablancais tiendra son AG le 27 juillet, c'est à dire après celle de la FRMF? Le WAC qui aurait dû constituer une force de proposition pour la relance, lors de cette AG! On va assister à une véritable rupture, en ce vendredi 19 juillet 2013, avec un football destructuré après la dissolution du Groupement National de Football (GNF) et la Commission Nationale du Football Amateur (CNFA) qui a connu le même sort. La nouvelle loi et les nouveaux statuts de la FRMF vont permettre de sceller le -véritable-professionnalisme, entamé mais non achevé, avec les contrats des joueurs et les contrats des entraîneurs, les infrastructures, le transport et les diverses subventions (Coupe du Trône, sacre...) etc. 107% des recettes de la Fédération à titre du sponsoring sont allées aux clubs, au moment où ce qui préoccupe le plus l'opinion publique est le salaire de Eric Gerets! Les mauvais résultats ont fini par achever toute vision critique objective, car en football la défaite est orpheline. Pis, elle génère la sinistrose collective et favorise le populisme. LA REVOLUTION DU FOOTBALL AVEC LE LANCEMENT DE LA LIGUE PROFESSIONNELLE Ces réformes, entamées sous l'ère de M.Housni Benslimane et animées par des dirigeants amateurs, vont déboucher sur une véritable mise à niveau avec le lancement de la Ligue du Football Professionnel. On sortira de cette AG avec une LFP marocaine! Par ailleurs, on dotera le football d'une véritable DTN, qui œuvrera en collaboration avec les Directions Techniques Régionales, le lancement des Centres de formation des clubs et des Académies régionales. La Fédération sera déchargée de nombreuses tâches allouées à la LFP, aux ligues et aux régions, dans le cadre de la décentralisation du football, en comptant sur l'apport des collectivités locales. Pour la réforme des clubs et la reconversion en sociétés sportives, cette mission relèvera des prérogatives de la LFP. La fédération, elle, se suffira de formation, des équipes nationales et de la gestion des relations internationales tout en s'occupant de la bonne gouvernance du football national et de la recherche de ressources supplémentaires pour son financement. OBLIGATION DE LA REPRESENTATION FEMININE On va donc assister à la dernière étape de la réforme structurelle du football national, avec un bureau fédéral de 21 membres: quatre représentants de l'élite 1, deux de l'élite 2, un pour les amateurs 1, deux pour les amateurs 2, un représentant du football féminin, un représentant du football diversifié, trois représentants des ligues régionales, trois personnes choisies pour leur compétence, un membre de l'Association des joueurs professionnels pratiquant au Maroc, un représentant des anciens joueurs internationaux, un représentant de l'Amicale des Entraîneurs et un représentant de l'Association des arbitres internationaux. Toutes les listes des candidatures sont dans l'obligation de respecter une représentation féminine. Le football national sera désormais institutionnalisé, avec des structures décentralisées et un maximum d'intervenants salariés. C'est donc la fin de l'ère du bénévolat qui a montré ses limites. C'est aussi le début de l'ère du professionnalisme élargi, ouvert aux investisseurs avec de véritables patrons du football et non d'hommes providentiels.