Le roi Juan Carlos d'Espagne est indéniablement un ami du Maroc. Avant même le parachèvement de la transition démocratique en Espagne (1975 -1982), il effectue une visite officielle au Maroc en 1979. Pour l'accueillir, Hassan II avait sorti toute l'argenterie du royaume pour une rencontre qui devait donner un nouveau départ aux relations entre les deux pays après les péripéties de la récupération du Sahara. De cette visite émana l'idée sublime d'établir une liaison fixe entre les deux rives de la méditerranée occidentale à travers le détroit de Gibraltar. Mais la réalité fut moins généreuse que les intentions. A son accession en 1982 à la présidence du conseil espagnol, le socialiste Filipe Gonzalez eut la pertinence de faire du roi d'Espagne le pompier des relations entre Madrid et Rabat chaque fois que les rapports entre les deux capitales venaient à se dégrader. Après le décès de Hassan II, le roi Juan Carlos qu'on a vu pleurer aux obsèques du souverain porta son affection sur son héritier le roi Mohammed VI. Le passage d'un politique de droite aussi obtus que José Maria Aznar ne facilita pas le travail aux deux monarques. Mais l'essentiel fut sauvegardé. La visite du souverain espagnol intervient actuellement dans une ambiance détendue, la droite de Mariano Rajoy s'étant avérée moins rigide et plus consciente de la nature stratégique du voisinage avec le Maroc. Les relations entre les deux royaumes sont, autant qu'elles puissent l'être, au beau fixe. La visite du monarque espagnol ne peut être qu'un succès. Mais comme toujours, les rapports entre Rabat et Madrid demeurent hypothéqués par l'avenir de Sebata et Mellilia, la position de Madrid sur le Sahara et... la délimitation des frontières maritimes sur l'Atlantique entre le Maroc et les Iles Canaries.