Mounia Amor expose au Golf Royal de Casablanca, du 28 juin au 15 juillet 2013. Ayant à son actif plusieurs expositions (individuelles et collectives), elle a suivi une formation préliminaire à l'atelier de l'artiste peintre Ahmed Mourabiti, avant de voler de ses propres ailes. Ce qu'elle fait actuellement mérite tout l'intérêt. Lecture dans ses œuvres. Née fin des années 50 du siècle dernier, Mounia Amor, qui se prédestinait à la médecine, a toujours fait de la peinture : une passion chevillée à l'âme. Des natures mortes, les fleurs surtout, thème qui lui tient toujours à cœur, et qui a conduit les meilleurs peintres, dont Odilon Redon et, dans une moindre mesure et bien après Chaïbia Talal, à d'étranges configurations abstraites où la lumière, rehaussée de nuances inédites et traitée à coups de brosse expressionnistes, défraye la chronique, l'artiste est passée à une figuration scénographique plus ardue. Mounia Amor aime l'espace où son pinceau se crée sa propre atmosphère et reformule l'idée de perspective autrement ; c'est aussi l'occasion de s'atteler plus vigoureusement à la conception des formes. Dans son exposition actuelle, la recherche plastique a abouti à une vision des choses où est interpellée, guidée par une « logique » intrinsèque, la géométrie cubiste, mais aussi une nouvelle thématique s'abreuvant au registre musical. La musique, donc, comme source d'inspiration représentée à travers des instruments qui tiennent de l'allégorie, tel le violon, le saxophone, le piano : objets/sujets, en quoi l'artiste voit une possibilité d'expression chromatique plus performante et un ancrage plus approfondi dans sa sensibilité aux formes. Les œuvres, considérées dans un ordre de prévalence, attestent d'une dynamique prospective, qui rappelle la démarche d'un Juan Gris dans sa meilleure période, celle des années 20 (du 20ème sicèle), où il s'évertuait à appliquer tant bien que mal les enseignements capitaux de Cézanne qui ramenait tout le procédé plastique pour exprimer la nature à trois mots-clés : le cône, la sphère et le cylindre. Chez Mounia Amor, on ne voit cependant pas que la réussite de cette formidable application. Il y a aussi les couleurs, qui jouent énormément. Si, en matière de cubisme, les couleurs n'occupent pas tellement le devant de la scène, chez Amor, les prouesses chromatiques sautent aux yeux et nous gratifient de belles résolutions. L'artiste privilégie les tons froids, qu'elle ne manque pas de tonifier, les relevant de notes ocres, rouges, servies comme des dérivatifs pour marquer les contrastes. Cela aère mieux la vison d'ensemble et nous oriente vers l'essentiel : insuffler aux formes une espèce de mouvement unificateur, qui met en adéquation les formes et le fond. Mounia Amor investit l'espace plastique comme le ferait un architecte imaginatif à souhait, à propos d'un chantier à « construire ». Si les œuvres présentent des zones neutres, c'est-à-dire non meublées, c'est pour permettre à l'œil de collaborer sensitivement parlant (et par le biais de l'imaginaire) à une réception transcendante d'un travail qui se veut personnalisé, et que nous plaçons volontiers sous le signe triomphal de la métaphore.