Nouvel ouvrage du think tank américain «Carnegie Endowment for International Peace» : AQMI s'appuie sur une «base de militants et de recrues» menaçant la stabilité dans la région sahélo-saharienne Le groupe terroriste d'Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) a réussi à s'implanter dans la région sahélo-saharienne, devenue un «arc d'instabilité» où ce groupe extrémiste a pu s'appuyer sur «une base de militants et de recrues», met en garde un nouvel ouvrage intitulé «Perilous Desert: Insecurity in the Sahara» (Désert périlleux: instabilité au Sahara), que vient de publier le prestigieux think tank américain «Carnegie Endowment for International Peace». L'ouvrage, co-signé par Frederic Wehrey et Annouar Boukhars, deux experts dans les questions nord-africaines, pointe du doigt l'implication à grande échelle d'AQMI et ses alliés dans les activités terroristes et le trafic de tout genre dans la région sahélo-saharienne y compris en Libye, Mali, Mauritanie et dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l'Algérie, qualifiés de «poudrière prête à exploser». Les auteurs de ce livre, qui sera officiellement présenté la semaine prochaine à Washington dans le cadre d'une conférence d'experts, notent qu'»au moment où l'attention de la communauté internationale était focalisée sur les événements de grande ampleur qui secouaient la Tunisie, l'Egypte et la Libye dans le sillage du Printemps arabe, les Etats de la sous-région subissaient des transformations aux implications capitales sur la sécurité internationale». Bien que largement «ignorés» par les décideurs et les prescripteurs d'opinion, les Etats de la région sahélo-saharienne ont fait les frais d'un «désastre parfait» né d'une gouvernance défaillante, d'une corruption et d'une pauvreté endémiques le tout dans un contexte de clivage ethnique et social, qui a fait le lit, dans une géographie inaccessible, au crime transnational et au militantisme islamiste», soulignent-ils. L'ouvrage fait observer que les attaques terroristes hyper-médiatisées y compris celle ayant pris pour cible l'ambassadeur des Etats Unis en Libye, Chris Stevens, ainsi que l'intervention militaire française au Mali, suivie de l'opération de prise d'otages dans le complexe gazier d'In Amenas, au sud de l'Algérie, renseignent sur «l'ouverture d'un nouveau front de lutte contre Al-Qaeda, que certains avaient qualifié d' «'arc d'instabilité couvrant un ensemble géographique allant du Sahara à la Somalie en passant par l'Afrique du nord jusqu'au Sinaï». Les auteurs de cet ouvrage soulignent que la franchise d'Al-Qaeda en Afrique du nord «se nourrit des frustrations et de la désaffection des jeunes des camps de Tindouf, mais aussi au Mali, Libye, Niger, Mauritanie et en Algérie», en estimant qu'il s'agit là de facteurs qui minent la stabilité et la sécurité dans la région. Dans un chapitre actualisé sur la question du Sahara, Annouar Boukhars écrit que «la non résolution de ce conflit aura un impact négatif sur la sécurité transsaharienne, notamment dans les camps de Tindouf, devenus un repaire pour le trafic de drogue, la contrebande et la circulation des armes». «Il existe des preuves irréfutables attestant d'une collusion périlleuse entre les organisations criminelles, AQMI, et les camps de Tindouf», a-t-il indiqué, rappelant «qu'en février dernier, le ministre malien des Affaires étrangères avait confirmé la présence d'éléments du polisario parmi les groupes terroristes ayant fui l'armée française au Mali». En conclusion de cet ouvrage, les deux auteurs notent que «les Etats fragiles en faillite constituent une menace à la sécurité internationale, dans la mesure où ils peuvent être amenés à mettre à la disposition d'Al-Qaeda et des groupes terroristes qui s'en réclament des camps d'entrainement et des bases arrières, tout en offrant aux extrémistes violents un environnement générateur de profits à travers le trafic illicite».