Après avoir été un temps dans le creux de la vague au début du XXIème siècle le championnat allemand s'est relevé et a réussi à revenir sur le devant de la scène. Explications... Une remise en cause générale Même si le Bayern Munich remportait donc le titre européen en 2001 et que le Bayer Leverkusen échouait en finale la saison suivante, le football allemand avait déjà compris qu'il lui fallait opérer sa mue sous peine de se ringardiser. Le déclencheur d'une telle prise de conscience ? La dernière place de la Mannschaft dans son groupe à l'Euro 2000, avec un petit point pris en trois matchs face à la Roumanie, l'Angleterre et le Portugal. « Tout part de ce fiasco, selon Jean Fernandez, le futur entraîneur de Montpellier. A ce moment-là, les dirigeants allemands se sont posé les bonnes questions. Jusqu'alors, ils misaient tout sur leur physique, sur leur mental et sur le marquage individuel, mais ils se sont rendus compte que cela ne suffisait plus. D'autant plus qu'il organisaient la Coupe du Monde en 2006 et qu'ils ne voulaient pas revivre le même désastre ». Miser sur la formation, la technique et la tactique Première mesure prise par la Ligue professionnelle allemande (DEL) : obliger chacun des 36 clubs professionnels opérant en Bundesliga (1 et 2) à posséder son propre centre de formation, sous peine de se revoir refuser sa licence. Un premier pas, qui n'aurait pas suffit toutefois sans un investissement financier adéquat : 740 M depuis 2001 (pour 5 000 joueurs hébergés cette saison). Pour Fernandez, les responsables du football allemand ont eu le mérite « d'être curieux et de sillonner l'Europe pour voir ce qui se faisait ailleurs. Ils ont aussi beaucoup investi sur les structures d'entraînement et sur la qualité des entraîneurs eux-mêmes. Et aujourd'hui, sans perdre leurs points forts, ils ont ajouté la technique et l'aspect tactique qui manquait à leur jeu ». « Ce qui se traduit par une jeune génération exceptionnelle, au profit différent de celui traditionnellement en cours outre Rhin, avec des joueurs physiques mais plus vifs (Götze, Schurrle, Reus, Draxler...). Et Fernandez de constater : « Les Allemands ont toujours pratiqué un jeu très direct, basé sur l'offensive. Mais désormais, ils sont aussi capables de bien garder le ballon, car techniquement, ils se sont affirmés. Ils ne sont pas aussi forts que Barcelone dans ce domaine évidemment, mais dans la possession, ils ont beaucoup progressé, ce qui élargit leur palette ». Une vraie culture de la victoire Pas étonnant, donc, que la Bundesliga soit le championnat le plus spectaculaire et le plus prolifique en termes de buts marqués. Simon Pouplin, le gardien de Sochaux, qui a évolué durant trois saison à Fribourg (de 2008 ) 2011), précise également : « S'il y a beaucoup de buts, c'est dû au fait qu'à chaque entraînement, tout le monde travaille les phases offensives, et pas uniquement les attaquants et les milieux offensifs. Il y a une vraie volonté de faire en sorte que tout le monde participe en attaque. Même les équipes qui jouent le maintien ont cette volonté de gagner, et donc de marquer. Les discours des entraîneurs sont toujours positifs, avec un jeu porté vers l'offensif. Il y a une vraie culture de la victoire ». Un physique au top Mais toutes ces vertus ne seraient rien sans physique au diapason. Plusieurs pistes peuvent expliquer un tel différentiel de performance : une Bundesliga à 18 clubs seulement, le positionnement de la Coupe de la Ligue en avant-saison, une longue trêve hivernale... « Tout cela a son importance, estime Pouplin, mais ça n'explique pas tout. Pour parler de ce que j'ai connu là bas, j'ai trouvé que les préparations physiques étaient d'une intensité beaucoup plus importante que celles réalisées en France. La dimension athlétique est beaucoup plus travaillée en Allemagne. A chaque coupure internationale, les clubs font aussi de gros rappels de travail physique ». Le championnat où il fait bon jouer Dernier élément pouvant expliquer la réussite du football allemand, le climat qui y règne. Sur le plan économique tout d'abord, les clubs se portent très bien, avec des situations saines pour la grande majorité (à l'issue du dernier exercice financier, les clubs allemands ont réalisé 55 M de profits après taxes). Sur le plan de l'ambiance ensuite. « L'Allemagne est un vrai pays de foot analyse Pouplin. Un fan de Fribourg l'est à vie par exemple. Quoi qu'il arrive, il soutiendra son club. Les Allemands sont des vrais passionnés de ballon. Et cela rejaillit sur les joueurs. Quand vous savez que vous allez évoluer dans un stade plein, dans une ambiance fabuleuse, cela donne encore plus d'envie et de motivation ». L'avenir s'écrit en Bundesliga La qualité des stades et des infrastructures sont également un plus non négligeable « Ce qui m'a frappé à Fribourg, c'était que, malgré la dimension somme toute modeste du club, tout y était fait pour que les joueurs se sentent bien. Les infrastructures et les terrains sont au top. Tout est toujours très pro et carré. Il n'y a jamais aucun problème d'équipement. Cela peut paraître bête comme ça, mais pour un footballeur, c'est très important ». Autant d'atouts qui font de la Bundesliga « le championnat d'avenir », selon Fernandez. « C'est un état d'esprit qui fait que les Allemands sont là, ce n'est pas le hasard. C'est pour cela que je pense qu'ils sont partis pour dominer le football européen».