Le Café Littéraire d'El Jadida vient d'organiser une rencontre avec Aurélien Bellanger autour de son roman « La théorie de l'information » (Editions Gallimard, Collection Blanche-Roman, 496 pages). « La théorie de l'information » conte l'histoire de l'éclosion de la science et ses différentes conséquences sur la condition humaine, ainsi que les nouveaux enjeux sociaux et culturels générés par la nouvelle technologie de l'information. Il est consacré « meilleur roman de la rentrée » en France, la « rentrée » du récit dans l'âge d'or de la révolution numérique, du Minitel au Web 2.0, que la France a connu depuis les années 1970. Un livre de vulgarisation de la techno-science dans le domaine de la communication à la manière Balzacienne, à savoir une comédie humaine face à son tragique destin virtuel. Un nouveau monde surgit dont l'acteur principal est Pascal Ertanger, « enfant prodige de la révolution informatique » et personnage entrepreneur avant-gardiste au temps du Web 2.0, qui incarne l'irruption des nouveaux acteurs économiques et sociaux puissants et incontrôlables. Un adolescent solitaire et passionné d'informatique qui se voit son existence transformer au contact de certains artefacts technologiques. Il a débuté comme éditeur de jeux en BASIC, puis pornographe amateur, pirate récidiviste et investisseur inspiré et deviendra l'un des hommes les plus riches du monde. Dans un monde entouré d'ordinateurs, Pascal (le philosophe Pascal) va se déconnecter du monde. La vérité est ailleurs, dans le langage codé des logiciels. Le livre bascule ainsi dans une dimension autre, au carrefour de la science-fiction et la métaphysique. « La Théorie de l'information » évoque enfin le destin d'une planète devenue un jouet entre les mains d'un milliardaire fou. Pour ce faire, Aurélien Bellanger fait appel exclusivement à Wikipédia afin de se documenter sur ses sujets fétiches, et de surcroît importer « le style » impersonnel de l'encyclopédie participative. Gaston Bachelard disait dans « La Poétique de l'espace » (Edition PUF, 1961, p. 139) : « Les mots - je l'imagine souvent - sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de chaussée, toujours prêt au « commerce extérieur », de plain-pied avec autrui, ce passant qui n'est jamais un rêveur. Monter l'escalier dans la maison du mot c'est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c'est rêver, c'est se perdre dans les lointains couloirs d'une étymologie incertaine, c'est chercher dans les mots des trésors introuvables. Monter et descendre, dans les mots mêmes, c'est la vie du poète. Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l'aérien. Seul le philosophe sera-t-il condamné par ses pairs à vivre toujours au rez-de-chaussée ? » « La théorie de l'information » est un livre branché, à lire avec modération. Aurélien Bellanger est né en 1980. Philosophe de formation, ses recherches portent sur la métaphysique des mondes possibles. Il est l'auteur d'un essai, Houellebecq écrivain romantique (Leo Scheer). La Théorie de l'information est son premier roman.