Un vernissage de l'exposition de Fanida Mkinsi s'est déroulé, à la Galerie du centre culturel de l'Agdal, où cette «peintre de la lumière» a célébré dans ses toiles la nature dans tous ses états et sa touche créative. Cette artiste, qui dit que «l'art est sa seule raison d'être», n'a commencé à peindre qu'à partir des années 90 et est, dès ses premières expositions, parvenue à se placer parmi les meilleurs peintres figuratifs contemporains marocains. Figurent parmi les thèmes que Fanida a aimé montrer aujourd'hui au public, la splendeur des sites marocains, grâce particulièrement à un jeu de lumière qu'elle a utilisé à fond dans son travail et qui a fini par éclabousser l'ensemble de ses toiles. Lorsqu'elle s'exécute à ses paysages, qui sont ses sujets de prédilection, Fanida tente de leur imprimer une âme, à travers une technique qui lui est propre depuis ses débuts en arts plastiques, celle de peindre au couteau et qui donne à ses tableaux un style sans fard qui happe et saisit le regard. Les paysages chez elle, que ce soient des allées bordées d'arbres hauts et fins ou encore des vallons, tous témoignent d'une démarche bien singulière qui leur donnent des tons tous expressifs de joie et de gaïté lyrique. Changeant en une composition abstraite, les lignes qui ne sont pas pures ni bien achevées, viennent s'ajouter à la diversité des couleurs qui, elles, en revanche sont bien soutenues. Fanida, qui capte par son pinceau des étendues gorgées d'azur, s'appuie là sur la magie de la lumière, nulle autre pareille dans le monde, qui éclaire au Maroc, cieux, cascades et kasbahs. La palette des couleurs qui se fait plus puissante, mais où la violence n'y a pas droit de cité, est là pour montrer le travail impressionniste de cette artiste qui rejaillit sur ses tableaux, installant du coup celui qui s'y trouve en face dans une sourde quiétude. L'inspiration peut dicter tantôt à Fanida des cieux brumeux qui crient une tourmente, tantôt des mers calmes d'un bleu azur ou agitées d'un rouge sang qui se dilue progressivement pour devenir moins criard. Un coucher de soleil que l'artiste a laissé délibérément poindre y est pour beaucoup. Il ne faut pas oublier que chez cette artiste le plaisir de l'acte de peindre et l'intensité de ses émotions, dont elle veut à tout prix se débarrasser, sont indissociables. En sont témoins ses tableaux de fantasia, où Fanida ajuste ses touches en conférant aux lueurs crépusculaires et aux couleurs aurorales des chevaux et leurs montures, une dimension pas tout à fait réelle, laissant régner une atmosphère installant le visiteur qui se croit être dans un songe. Les cavaliers et leurs montures qui sont montrés en mouvement, sous une grande tension, sont paradoxalement représentés, loin de tout tourbillon des formes, dans une posture stable. Une grande technique de maîtrise et de réorientation du geste chez cette artiste !