538 millions de Dirhams pour relancer la ville nouvelle de Tamesna, c'est ce qu'a annoncé, le mercredi 20 mars, le ministère de l'Habitat, de l'aménagement et de la politique de la ville, M. Nabil Benabdellah, lors de la présentation du programme relatif à la dotation de cette ville en infrastructures et équipements manquants. Située à 20 Km de la capitale, qu'elle est censée désengorger en accueillant quelques 250.000 habitants, la ville de Tamesna a été inaugurée le 13 mars 2007 par S.M. le Roi Mohammed VI. Depuis lors, les plaintes de citoyens ayant acquis des logements dans cette nouvelle agglomération urbaine se sont accumulées et certains organes de la presse nationale n'ont pas hésité à parler d'échec du projet. «Nous avons reconnu nos erreurs et nous avons élaboré ce programme pour y remédier. Aujourd'hui, nous avons apporté du concret», a déclaré le ministre, conscient des déficits constatés et dénoncés et engagé à les réduire. Pour le ministre, les six années écoulées ont été insuffisantes pour mener à bien la construction de la ville de Tamesna et de la doter de toutes les infrastructures et équipements nécessaires, qu'il était donc ordinaire qu'il existe toujours des défaillances. Le ministre d'Etat, M. Abdellah Baha, qui a prit part à la cérémonie de présentation dudit programme de relance de la ville de Tamesna, organisé dans un espace couvert d'une structure rigide démontable, s'est fait le chantre d'une nouvelle approche afin de réussir ce programme de relance de la nouvelle ville, dans une optique participative. M. Benabdellah a argumenté dans le même sens, louant la coordination interministérielle qui a permis la création de ce nouveau cadre institutionnel et financier et appelant à la participation de la population de la ville et de sa société civile pour accompagner l'application du programme de relance. Il s'agit de 32 projets structurants et de proximité, dont la réalisation s'étale sur cinq ans, de 2013 à 2017, et porte sur le réaménagement des cinq principaux axes routiers de la nouvelle ville, pour 59 millions de Dirhams, la construction d'un campus universitaire, pour 150 millions de Dirhams, d'un hôpital local, pour 60 millions de Dirhams, de trois centres médicaux, pour un million de Dirhams, de deux terrains de sport, pour 8,5 millions de Dirhams, de trois maisons de jeunes et trois foyers féminins, pour 12 millions de Dirhams, de deux mosquées, pour 16 millions de Dirhams, d'un centre d'accueil et de conférences, d'un complexe culturel et d'un parc. Outre le renforcement de la gestion de la ville, c'est-à-dire la collecte des déchets ménagers, l'éclairage public et le gardiennage, ainsi que son entretien. Il est à rappeler que c'est le groupe immobilier Al Omrane qui est le gestionnaire de la ville, mais son contrat dans son sens prend fin cette année. Lors de son intervention, le représentant de la société civile a dénoncé l'absence d'un commissariat de police, d'une mosquée et d'un cimetière, et le déficit en infrastructures de base en général. Il n'a pas manqué non plus d'épingler les «entreprises qui ne respectent pas les cahiers de charge, dont il a demandé l'exclusion de tout appel d'offres public, rappelant que plus de 3.000 familles attendent d'entrer en possession de leurs logements depuis 2007. «Prière de traduire vos paroles en actes», a dit le représentant de la société civile de la ville, qui compte 15 associations, car Tamesna ne serait actuellement, à son avis, qu'«nouveau village» et pas une nouvelle ville. Tamesna suscite autant de déceptions que d'espoirs de voir la situation de la ville s'améliorer, a-t-il affirmé, rappelant que la ville a fêté dernièrement son premier festival. Il a exprimé, par ailleurs, le souhait que ce programme de relance de Tamesna en fasse un pôle urbain intégré à Rabat et un exemple pour les autres villes nouvelles. Au cours de la cérémonie de présentation du programme de relance de la nouvelle ville de Tamesna, un incident s'est produit, un habitant s'étant mis à se plaindre à haute voix des multiples déficits dont souffre l'agglomération. Il s'agit d'un ancien confrère, Houcine Hayani, un vétéran de la presse sportive. «2.500 familles qui ont payé leurs logements attendent toujours d'être livrés » a-t-il déclaré à ses confrères lors d'une interview express devant l'entrée de la salle où a été organisée la cérémonie de présentation du programme de relance de Tamesna. «Les entreprises chargés de la réalisation du projet n'ont pas respecté les cahiers de charge et je vous affirme que si la société Général Contractor Maroc fait faillite, ce que je prévois dans pas longtemps, ses clients non livrés auront à se battre devant les tribunaux pendant des années pour obtenir gain de cause. Pour sanctionner cette entreprise, le groupe Al Omrane lui a saisi un terrain de 18 hectares qui est, en fait, la propriété des gens qui ont payé pour l'acquisition de logements. Le pire pour les habitants de cette ville, dont je fais partie depuis quelques années, c'est la route devant relier Tamesna à Rabat, qui n'est toujours pas achevée. Il n'y a que la route pour Casablanca qu'il faut prendre pour aller à Rabat, en bifurquant au niveau de Aïn Atiq». La commission de l'Intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, présidée par le député istiqlalien Said Dour, a décidé à la fin de l'année écoulée de réorganiser la mission d'enquête provisoire sur le groupe d'aménagement Al Omrane, «eu égard à l'insuffisance de la démarche adoptée et du rapport élaboré» au terme de l'enquête effectuée dans le siège du groupe et de la nouvelle ville de Tamesna, le 26 juin 2012, par une sous-commission ad hoc. Il est à rappeler que dans le cadre du Schéma national d'aménagement du territoire et de la politique de la ville, l'édification de quatre nouvelles villes a été lancée, à savoir Tamesna, Lakhyayata, Tamansourt et Chrafate, dans le but de réduire la pression démographique sur les villes de Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger.