Le président palestinien Mahmoud Abbas a menacé jeudi de dissoudre l'Autorité palestinienne et de rendre la gestion de la Cisjordanie à Israël si le gouvernement israélien qui sera issu des élections du 22 janvier ne cherchait pas à relancer les négociations de paix. «S'il n'y a pas de progrès même après les élections, je vais prendre mon téléphone et appeler (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu», a déclaré M. Abbas dans un entretien avec le quotidien israélien Haaretz. «Je lui dirai (...) : assieds-toi à ma place, prends les clés, et tu seras responsable de l'Autorité palestinienne», a-t-il ajouté. «Une fois que le nouveau gouvernement d'Israël sera en place, Netanyahu devra décider : oui ou non», a insisté M. Abbas dans cet entretien publié jeudi soir sur le site internet du journal. Ce n'est certes pas la première fois que M. Abbas a recours à une telle menace, mais la situation de l'Autorité palestinienne a sérieusement empiré ces derniers mois en raison d'une crise financière sans précédent. En outre, Israël a multiplié les annonces de projets de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée et a récemment bloqué le transfert des taxes qu'il prélève au nom de l'Autorité palestinienne en représailles à la démarche du président Abbas qui a abouti en novembre à l'obtention du statut d'Etat observateur à l'ONU pour la Palestine. L'Autorité palestinienne a été instaurée en 1994 au retour à Gaza du chef historique de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, après 27 ans d'exil. Elle était prévue, selon l'accord d'Oslo sur l'autonomie palestinienne, pour une période transitoire qui devait, en principe, prendre fin en mai 1999. Présidée par M. Arafat, mort en 2004, puis par M. Abbas, l'Autorité palestinienne exerce le pouvoir exécutif, législatif et assure théoriquement la sécurité en Cisjordanie. Les pourparlers de paix sont bloqués officiellement depuis septembre 2010. Dans l'interview accordée au Haaretz, Mahmoud Abbas réclame pour les reprendre l'arrêt de la colonisation israélienne pendant les négociations, la reprise du versement des taxes et la libération de 120 prisonniers palestiniens de longue durée. Le gouvernement israélien dit vouloir des négociations «sans conditions préalables», en leur fixant pour objectif la reconnaissance d'Israël en tant qu'»Etat du peuple juif» et le maintien sous son contrôle d'une partie des Territoires occupés du futur Etat palestinien. «Il ne s'agit pas de conditions préalables. Il s'agit d'engagements qu'Israël a déjà promis de tenir dans le passé», a plaidé le président palestinien dans le Haaretz. M. Netanyahu a convoqué des élections législatives anticipées pour le 22 janvier en Israël, pour lesquelles sa coalition de droite part largement favorite