Le réseau des centres annajda a accueilli, entre le 1er novembre2011 et le 30 novembre 2012, 11 000 cas de femmes violentées, auxquelles il a apporté orientation, appui juridique, social, sanitaire, psychique, réconfort et formation. Les différentes formes de violence recensées au niveau de ces centres sont : Violence physique : 24, 11%, violence psychique : 35,57%, violence sexuelle : 3,96%, violence juridique : 7,26%, violence économique : 17,78%, 7,28% a été attribué aux autres formes de violence. L'impact de la violence est vécu différemment d'une femme à l'autre : Une personne a été poussée à la prostitution, 2 cas à l'avortement, 2 à l'inceste, 2 autres ont été privées d'accès à la scolarisation, 4 cas ont subi la discrimination dans les lieux du travail, 6 cas ont été expulsés du travail, 12 femmes ont été enlevées (kidnappées) et 38 ont été arnaquées. Il y eut également enregistrement de 44 cas de polygamie, 49 cas de harcèlement sexuel, 135 cas de menace de mort, 172 cas de viol, 210 cas de refus d'établissement de contrat de mariage, 236 cas de répudiation, 239 cas d'infidélité, 288 cas de refus d'enregistrement des enfants à l'état civil, 387 cas de d'abandon de famille, 519 cas d'expulsion du domicile conjugal, 1356 cas de désistement de la pension. Le rapport des centres annajda a montré que les femmes qui ont subi la violence vivent en majorité en milieu urbain à raison de 81,38%, en périurbain : 3,1% et en milieu rural : 15,43%. Et que, 14,28% sont célibataires, 72,13% sont mariées, 8,97% sont divorcées et 2,47% sont veuves. Côté alphabétisation, il s'est avéré que 34,2% sont analphabètes, 25,85% ont un niveau primaire, 18,71% sont arrivées au collège, 11,22% sont arrivées au lycée et 6,3% sont universitaires. Pour ce qui est de la profession, 4,61% sont domestiques, 5,77% sont au chômage, 3,61% sont étudiantes ou élèves, 12,88% sont ouvrières, 47,73% sont femmes au foyer, 3,10% sont fonctionnaires, 13,37% ne sont pas actives, 3,16% ont une profession libérale et 0,53% sont retraitées. La violence se produit surtout au niveau du domicile conjugal : 86,98%, au travail : 1,7% et dans la rue :8,40% ; L'auteur de la violence est à 71,59% le conjoint, 2,75% un parent, 6,90% l'ex mari, 3,37% un ami, 2,28% un collègue, aucune relation : 10,05%. 28,84% des auteurs de la violence sont analphabètes, 26,67% ont un niveau scolaire du primaire, 16,69% ont atteint le collège, 14,95% le niveau secondaire et 7,42% le niveau universitaire. Pour ce qui est de la profession : 6,45% sont sans emploi, 29,97% sont des ouvriers, 7,66% sont fonctionnaires, 5,07% sont inactifs, 2,99% travaillent dans les forces de l'ordre, 29,90% ont une profession libérale, 4,03% sont à la retraite... Pour ce qui est de l'appui juridique prodigué dans ces centres, dans 28,23% des cas il a trait à la pension, dans 19,73% il concerne les dénonciations pour coups et blessures, dans 18% des cas c'est un problèmes de divorce, des problèmes de viol : 4,45%, l'enregistrement à l'état civil :3,12% .... Le réseau Annajda a dressé toute une panoplie de recommandations, tirées des entraves au quotidien des femmes qui subissent des violences et des discriminations. Parmi les points les plus forts, la nécessité de changer les alinéas des articles discriminatoires du Code de la famille ( révision des articles 20 et 21), la mise en œuvre effective de la Constitution, l'urgence de la mise en place de l'institution de l'équité et de lutte contre toute forme de discrimination, l'harmonisation des législations marocaines avec les articles constitutionnelles...une responsabilité que devrait s'atteler le gouvernement et les collectivités locales. Le besoin se ressent d'allouer plus de ressources humaines et matérielles afin d'assurer la protection optimale nécessaire aux femmes expulsées du domicile conjugal et à travers la mise en place de plus de centres d'hébergement. Les centres annajda ont également appelé à la mise en application de la charte nationale pour l'amélioration de l'image de la femme dans les médias, la lutte contre toutes les images négatives et stéréotypes dégradants portant atteinte aux valeurs des femmes, au changement du Code Pénal et la pénalisation de toutes les formes de violence selon une politique qui garantit leurs droits, leurs libertés, leur protection de la violence et de la discrimination fondée sur le genre.