La majorité salue la politique du gouvernement, tandis que l'opposition critique l'absence d'une vision claire La raréfaction des ressources hydriques et les effets des changements climatiques, deux défis majeurs auxquels le secteur agricole fait face, risquent de rendre le tiers des terres agricoles inexploitables à l'horizon 2050, a souligné, vendredi à Rabat, le Chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. S'exprimant sur la question de la sécurité alimentaire et de la mise à niveau du secteur agricole, lors la séance mensuelle de la Chambre des conseillers, consacrée aux réponses aux questions relatives à la politique générale, M. Benkirane a relevé d'autres contraintes liées surtout à la complexité des systèmes fonciers, à la prédominance des petites exploitations agricoles, ainsi qu'aux insuffisances au niveau de la compétitivité du secteur se rapportant aux accords de libre-échange et aux fluctuations des prix sur le marché international. Ceci dit, les groupes de la majorité à la Chambre des conseillers ont salué la politique du gouvernement visant la promotion du secteur agricole et la réalisation de la sécurité alimentaire, tandis que l'opposition a critiqué l'absence d'une vision claire en la matière. Fouad Kadiri a, au nom du groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, souligné les efforts déployés par le gouvernement pour garantir la sécurité alimentaire dans le pays, tout en relevant les défis consécutifs à la libéralisation du commerce mondial, notamment les produits agricoles et agro-industriels. Il a, dans ce sens, appelé à la recherche des moyens de nature à faire face à ces défis et à la mise en place d'un plan national en vue de garantir la sécurité alimentaire pour le Royaume de façon structurelle. Pour sa part, Said Tadlaoui, du groupe Mouvement populaire, a exprimé son soutien à la politique du gouvernement en matière agricole, se félicitant des «résultats excellents» réalisés par la société nationale de commercialisation des céréales en matière de production des semences sélectionnées. Au nom du Rassemblement national des indépendants, Hassan Oukacha a salué le plan Maroc vert qui a permis de réaliser «de bons résultats», appelant à faire de la sécurité alimentaire une priorité nationale et à assister les agriculteurs à utiliser les semences sélectionnées, «dont une grande partie est importée par le Maroc». En revanche, le président du groupe socialiste, Mohamed Alami, a critiqué l'absence d'une «politique socioéconomique claire» et d'un programme capable de satisfaire les besoins de la population et les demandes des couches démunies. Le groupe socialiste a également appelé le gouvernement à traiter les questions liées au foncier agricole, à revoir la distribution des eaux entre les périmètres irrigués et les zones Bour, à intervenir pour faciliter le financement, par les banques, des petits agriculteurs et à prendre des mesures pratiques en vue de réaliser la sécurité alimentaire au profit de tous les citoyens. De son coté, Abdeslam Belkchour, du groupe de l'Authenticité et Modernité, a estimé que la réponse du chef du gouvernement reste «technique et pleine de chiffres», mettant en garde contre l'amalgame entre «la demande de la satisfaction alimentaire» et «la sécurité alimentaire». Il a aussi déploré «le manque flagrant» dans la production des plantes d'huile au niveau national en restant entièrement dépendant des importations, attirant l'attention sur la question des ressources hydriques «surexploitées et sans prendre en compte l'intérêt des futures générations» . Cette séance a été marquée par le retrait du groupe fédéral de l'unité et la démocratique en signe de protestation contre la décision du gouvernement de procéder à des prélèvements sur salaires des grévistes, et contre l'interdiction de plusieurs «manifestations pacifiques» prévues samedi dans le cadre de «la journée de protestation nationale», à laquelle a appelé la Fédération Démocratique du travail et la Confédération démocratique du travail.