Les 48 parties contractantes à l'ICCAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) ont décidé, lundi, de fixer à 13.500 tonnes les quotas de pêche de thon rouge, espèce naguère menacée d'extinction, une mesure saluée par les ONGs internationales. «Nous sommes vraiment ravis puisque les décideurs politiques étaient en mesure de suivre l'avis des scientifiques en fixant le total des prises admissibles (TAC) dans les limites recommandées», a déclaré Mme Susan Sainz-Trapaga, du WWF. Les 48 parties contractantes, réunies lors de la 18ème assemblée extraordinaire de l'ICCAT du 12 au 19 novembre 2012 à Agadir, ont fixé les quotas annuels à 13. 500 tonnes à partir de 2013. Mme Sainz-Trapaga a indiqué que «c'est la première fois que les stocks ont montré des signes de rétablissement et il était, donc, important d'être très prudents pour ne pas créer de pressions sur le TAC (total admissible des prises, NDLR)». La militante du Fonds mondial pour la nature (WWF) s'est déclarée «très contente parce qu'on travaillait ensemble (chaine d'industrie, ONG et officiels) et tout le monde a compris que l'on doit maintenir la conservation et le management de l'espèce à son niveau actuel». «Le TAC devra être fixé à 13.400 tonnes tous les ans, prenant effet à partir de 2013 et par la suite, jusqu'à ce que le TAC soit changé en suivant l'avis du SCRS (comité permanent pour la recherche et les statistiques, NDLR)», indique un rapport de l'ICCAT, au terme de sa 18ème réunion extraordinaire. Le même satisfecit a exprimé par le PEW Environement Group, représenté par Mme Susan Liebreman qui précise dans un communiqué que «c'est encourageant de voir l'ICCAT entendre les recommandations de ses propres scientifiques et d'accepter de maintenir les limites des prises de thon rouge, suivant leur avis». «En suivant l'avis de leurs propres scientifiques de ne pas augmenter les quotas (...), l'ICCAT a conforté son engagement à prendre des décisions sur des bases scientifiques solides», estime le PEW. Car, explique la même source, cette décision devra donner une chance de survie à cette espèce, victime de surpêche durant les années 90 et 2000, de continuer sur la voie du rétablissement, «quoique nous soyons déçus du fait que le quota ne soit allongé que d'une année pour l'Atlantique ouest et de deux ans pour l'Atlantique oriental». Et pour cause, soutient le Dr. Sergi Tudela, responsable du Programme pêche au WWF Méditerranée, «l'histoire du thon rouge illustre combien les efforts conjoints pour changer les choses peuvent sauver une pêcherie pour laquelle on n'avait plus d'espoir». Et c'est précisément en ce sens, relève le même responsable dans un communiqué parvenu à la MAP, que la réunion d'Agadir «constituait un réel test en matière d'engagement des membres de l'ICCAT pour la conservation du thon rouge». «Nous sommes ravis de voir que le respect pour la science se soit finalement imposé, avec l'Union européenne en première ligne dans la lutte contre les intérêts à court terme et les niveaux non acceptables de pêche», s'est-il réjoui. Le WWF a toutefois déploré le fait que l'ICCAT n'ait «malheureusement pas suffisamment affronté les questions de pêche illicite, non-réglementée, non-déclarée (INN) en Méditerranée», ainsi que son «apparente incapacité de vraiment garantir une réelle investigation» à ce sujet. Le quota qui revient au Maroc est de l'ordre de 1270.47 tonnes, alors que celui de l'Union européenne est passé à 7548.06, contre 1139.55 pour le Japon et 1057 pour la Tunisie et 937.65 pour la Libye. Le Comité permanent pour la recherche et les statistiques (SCRS, relevant de l'ICCAT) réalisera une actualisation de l'évaluation des stocks et fournira un avis à la Commission, explique le rapport de l'ICCAT, ajoutant que cet organe devra œuvrer en vue du développement de nouvelles approches de modélisation dans le but de minimiser les incertitudes, la perspective de fournir une évaluation des stocks en 2015 et par la suite tous les trois ans. Lors d'une réunion, début octobre dernier à Madrid, le même comité avait fait état, pour la première fois depuis 10 ans, de signes de rétablissement des stocks de thon rouge, émettant toutefois de larges réserves sur l'ampleur de cette hausse. Ce constat, quoique nuancé, contraste avec celui de 1998, quand le même comité lançait un cri d'alarme, affirmant que la surpêche menaçait la survie de ce gros poisson prédateur, dont les populations de l'Atlantique du nord-est se reproduisent au printemps en Méditerranée. En 2010, l'Union européenne est allée jusqu'à demander, sans succès, l'inscription de cette espèce sur la liste rouge de la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées (Cites), un prélude à l'interdiction de sa commercialisation. Depuis, la donne a changé de manière drastique. De plus de 50 mille tonnes par an dans les années 1990, l'entrée en vigueur du système des quotas a ramené les prises à 28,5 mille tonnes, en 2008, puis à 22 mille tonnes en 2009, ensuite à 13,5 mille tonnes l'année d'après, avant de descendre à 12,9 mille tonnes entre 2011 et 2012. Au Maroc, la pêche des espèces de thonidés et des espèces apparentées a atteint une production de 8.584 tonnes au cours de l'année 2011, contre 10.722 tonnes en 2010, soit une baisse d'environ 20 PC en termes de volume.