Les groupes parlementaires de la majorité et de l'opposition ont apporté chacun sa lecture du projet de Loi de finances 2013, présenté par le gouvernement mercredi devant les Chambres des représentants et des conseillers. Alors que les groupes de la majorité se sont félicité d'"indicateurs positifs" retenus par le projet, ceux de l'opposition n'ont pas caché leurs critiques à l'égard des prévisions de croissance prévues par le gouvernement. Dans des déclarations à l'issue de la séance plénière de présentation des grandes lignes du projet, nombre de parlementaires des groupes de la majorité ont qualifié ce projet de "réaliste et audacieux", qui traduit les grandes orientations économiques en dépit de la conjoncture économique mondiale difficile, alors que les groupes de l'opposition ont fait part de leur réticence face aux intentions irréalistes du projet, selon eux, du fait de la liaison de l'économie mondiale, notamment européenne, avec l'économie nationale. Ainsi, le chef du groupe du Parti de la Justice et du développement (PJD), Abdellah Bouanou, a qualifié ce projet de "très ambitieux et volontariste", eu égard à la conjoncture économique et sociale mondiale difficile, notamment dans la zone euro. Le volet social est au cœur de ce budget qui traduit les dispositions de la constitution à caractère social, a-t-il affirmé, ajoutant que ce projet soutient la compétitivité de l'économie nationale à travers une série de mesures et réformes structurelles. Le Projet se distingue également par son caractère réaliste puisqu'il opte pour des indicateurs réalistes, notamment au niveau du déficit (4,8 pc du PIB), le taux de croissance (4,5 pc) avec un prix du pétrole brut à 105 dollars le baril, ce qui démontre le caractère ambitieux du projet, a-t-il dit. Pour sa part, le président du groupe istiqlalien pour l'Unité et l'égalitarisme à la Chambre des représentants, Mohamed Ansari, a constaté que ce projet a pris en compte les circonstances économiques régionales et internationales comme en témoignent ses dispositions courageuses en dépit d'une conjoncture économique internationale difficile, malgré laquelle le projet a préservé l'indépendance et la souveraineté de la décision économique nationale. Même son de cloche chez le président du groupe haraki à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdii, qui a qualifié ce projet de "réaliste" et à caractère social et qui prend en considération le pouvoir d'achat des citoyens, notamment les classes moyenne et défavorisée, saluant les dispositions de ce projet en matière d'investissement public et de promotion de l'investissement étranger. Quant au président du groupe Authenticité et Modernité (PAM) à la Chambre des conseillers, Hakim Benchemass, il a critiqué le contenu du projet, considérant que les prévisions retenues par le gouvernement sont "fragiles", notamment celles relatives au taux de croissance qui a été revu à la baisse (de 7 pc à 5,5 puis à 4,5) et qui dépend des précipitations et de la capacité des partenaires du Maroc, surtout européens, de surmonter la crise économique et financière qui frappent leurs pays. De son côté, le président du groupe de l'Union Constitutionnelle (UC) à la Chambre des représentants, Chaoui Belassal, a estimé que ce projet, qui s'est dit soutenir les couches démunies, n'a pas pris en compte la classe moyenne qui souffre de la pression fiscale. Abondant dans le même sens, Rachid Talbi Alami, du groupe du Rassemblement National des Indépendants (RNI) à la Chambre des Représentants, a soulevé que les mesures véhiculés par le projet de loi de finances 2013 ne déclinent aucune vision nouvelle découlant d'un programme clair. M. Alami a, par ailleurs, souligné que le "texte élaboré a reproduit les mesures stipulées dans les lois précédentes et ce, dans un contexte différent qui requiert une audace et une perception susceptibles de parer aux effets de la crise qui sévit dans le monde". Qualifiant de "palliatif" ce projet de budget puisqu'il ne comporte pas de dispositions destinées à l'amélioration de la productivité des entreprises nationales, le député du groupe socialiste à la Chambre des représentants, Abdelaziz El Aboudi a, quant à lui, indiqué que les prévisions relatives au taux de croissance et au déficit budgétaire sont "irréalisables". Pour le secrétaire général de l'Union nationale du travail au Maroc, Mohamed Yatim, il a considéré que l'empreinte sociale est apparente dans le projet présenté, précisant qu'en dépit de la conjoncture défavorable, l'Exécutif a su maintenir l'élan des investissements notamment pour ce qui est des infrastructures, de l'enseignement, de la santé et de l'amélioration des conditions de vie, ce qui est "chose positive". Malgré la conscience avérée du gouvernement vis-à-vis des équilibres macro-économiques, il a tenu à renforcer la demande intérieure, a-t-il noté, soulignant que les mesures fiscales incluses dans le projet de loi favorisent l'instauration de la solidarité entre les franges de la société, la visée promue étant de consolider le pouvoir d'achat des couches défavorisées. M. Yatim a, en outre, signalé que le texte comporte des perspectives prometteuses et regorge d'indicateurs positifs en matière de maîtrise de la balance commerciale et des avoirs étrangers, estimant que les prévisions font figure du début de la relance sur le plan de la croissance économique, prévue à 4,8 pc avec prise en compte du facteur climatique. Nonobstant les différentes difficultés, a-t-il fait observer, le gouvernement demeure résolu à préserver les acquis enregistrés par rapport aux équilibres macro-économiques, à continuer à créer des postes d'emploi (24.000 postes) et à porter un intérêt particulier aux secteurs sociaux, celui de l'enseignement notamment. Pour sa part, le président du groupe fédéral de l'Unité et de la démocratie à la Chambre des conseillers, Mohamed Daidiaa a considéré "qu'à travers le projet de loi proposé, le gouvernement ne fait que perpétuer l'annonce des intentions relatives à nombre de réformes structurelles qui ont trait en particulier aux secteurs de la justice, de l'enseignement, de la santé, de la refonte de la Caisse de compensation et du régime de retraite". Il a, en outre, souligné, qu'en termes des postes d'emploi, le texte affiche une "régression par rapport à la loi de finances 2012", chose qui risque d'aggraver le taux de chômage parmi les jeunes titulaires de diplômes supérieurs, déplorant la constance de nombre d'anomalies structurelles se rapportant aux déficits budgétaire et commercial.