Les islamistes maliens du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) ont menacé samedi d'»ouvrir les portes de l'enfer» aux otages français si Paris poursuit ses appels à une intervention internationale dans le nord du Mali. Ces menaces coïncident avec la première tournée de François Hollande en Afrique, où le président français a estimé qu'elles ne sauraient affecter la détermination de Paris dans le dossier malien. «Nous avons toujours dit que nous ferions toujours tout pour permettre la libération de nos otages», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à la résidence de France de Kinshasa. «Est-ce que ce que nous disons que l'intégrité du Mali, pour la lutte contre le terrorisme devrait être tu parce qu'il y a ces menaces ? Je pense que c'est le contraire», a-t-il poursuivi. «C'est en montrant une grande détermination pour tenir notre ligne qui est celle de la lutte contre le terrorisme». Le dossier malien a été largement abordé par le chef de l'Etat français lors de sa tournée qui l'a conduit à Dakar puis Kinshasa, en République démocratique du Congo, pour le 14e sommet de la Francophonie. Vendredi, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté une résolution appelant les organisations régionales africaines et les Nations unies à présenter dans les 45 jours un plan d'intervention visant à reconquérir le nord du Mali, aux mains d'islamistes, dont certains proches d'Al Qaïda, et de rebelles touareg. La France avait présenté fin septembre, dans la foulée de l'intervention de François Hollande à l'Onu, un projet de résolution visant à inciter les autorités maliennes, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et l'Union africaine (UA) à soumettre dans les trente jours un projet d'opération précis permettant l'envoi d'une force africaine dans le nord du pays. «S'il (Hollande) continue de jeter de l'huile sur le feu, nous lui enverrons dans les jours à venir les photos des otages français, morts», a déclaré Oumar Ould Hamaha, porte-parole du Mujao, faisant apparemment référence à quatre Français enlevés en 2010 dans le nord du Niger et toujours otages. RANÇONS «Il ne sera pas capable de compter les corps des expatriés français en Afrique de l'Ouest et ailleurs», a ajouté Hamaha, contacté par téléphone. Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mouvement auquel est lié le Mujao, a menacé à plusieurs reprises de tuer les otages français si Paris tente de monter une intervention militaire au Mali. Sept employés de la société française Areva avaient été enlevés en 2010 au Niger. Trois ont été libérés depuis. Oumar Ould Hamaha a précisé que les islamistes opérant dans le Sahara étaient largement financés par les rançons versées, selon lui, par la France et d'autres pays occidentaux. «Le premier financier des djihadistes, c'est la France», a-t-il affirmé, ajoutant que son groupe pouvait essayer d'enlever François Hollande en personne. «Je me demande ce que dirait la communauté internationale si nous prenions le président français en otage», a-t-il lancé. Dans l'entourage du président français à Kinshasa, on ne faisait aucun commentaire à la suite de ces menaces. Profitant de la confusion qui a suivi le coup d'Etat militaire du 22 mars à Bamako, les séparatistes touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) se sont emparés du nord du Mali avec le soutien d'Ansar Dine, un mouvement islamiste lié à Aqmi. Des dissensions sont ensuite apparues entre les deux formations. Les séparatistes touareg ont proclamé l'indépendance de la zone mais les djihadistes ont récusé l'initiative et se sont engagés à poursuivre leur combat pour l'instauration de la «charia» (loi coranique) dans tout le pays. Mieux armés, les islamistes ont pris le dessus.