La thèse du complot serait-elle le dernier recours des dirigeants et de la presse du pays voisin de l'Est pour tenter d'occulter l'échec de la diplomatie algérienne auprès du peuple ? Samedi dernier, Tahar Touati, vice-consul du consulat d'Algérie à Gao, au Nord du Mali, enlevé avec six autres diplomates algériens par le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest, le devenu tristement célèbre MUJAO, a été exécuté. La nouvelle avait été diffusée le soir même sur Internet par des sites mauritaniens et maliens. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, publié dimanche, peine à cacher la confusion qui règne dans les hautes sphères du pouvoir à ce sujet. Alors que le MUJAO fait supporter la responsabilité de cette exécution aux autorités algériennes, qui auraient opposé une fin de non recevoir à ses revendications et le lui auraient signifié dans la journée du samedi, les responsables de la diplomatie du pays voisin en étaient encore dimanche matin à vérifier l'authenticité de cette information. Lundi, deux titres de la presse algérienne, L'Expression et El Watan, publient des articles accusant le Maroc d'être derrière la création du MUJAO ! La preuve avancée, une déclaration du chef de la diplomatie polisarienne, Mohamed Salem Ould Salek ! Cette organisation terroriste qu'est le MUJAO n'est pourtant qu'une branche sécessionniste, composée d'Africains de l'Ouest, de la non moins célèbre Al Qaïda au Maghreb Islamique, l'AQMI, qui a été elle-même constituée par des terroristes algériens anciennement membres du Groupement Salafiste pour la Prédication et le Combat, le GSPC. Mieux encore, le chef du MUJAO, Abou El Walid El Sahraoui, serait, selon un journal algérien, un ancien polisarien des camps de la honte de Tindouf. On aurait beau se torturer les méninges, on voit mal ce que viendrait faire le Maroc dans cette histoire algéro-polisarienne qui pue une nouvelle manigance ratée des services de renseignement militaire du pays voisin, la fameuse DRS. Le Dr Frankenstein a, semble t-il, encore une fois perdu le contrôle de sa créature monstrueuse. Les Maliens en savent quelque chose, eux pour qui l'AQMI et la DRS ne sont que les deux faces d'une même pièce, comme l'avait indiqué il y a trois ans déjà l'anthropologue britannique, spécialiste du Sahel, Jeremy Keenan. Le Maroc aurait-il pesé sur la décision du ministère des Affaires étrangères algérien pour laisser ses diplomates au consulat d'Algérie à Gao, au moment où tous les autres consulats présents dans cette ville du Nord du Mali, entre les mains des terroristes islamistes, avaient évacué les leurs par mesure de sécurité ? Aurait-il encore influencé la décision des autorités algériennes de renoncer à « conclure un accord pour libérer les otages à la dernière minute », selon les termes du communiqué du MUJAO ? Bref, cette accusation cousue de fil blanc du Maroc par l'Algérie, via la presse aux ordres, c'est vulgairement du n'importe quoi. Apparemment, le Maroc est la cible privilégiée des décideurs politiques algériens quand ils ne savent plus quoi dire au peuple voisin pour justifier leurs carences. El Mouradia va finir un jour par accuser le Maroc d'être l'instigateur de sécheresse ou de tremblement de terre... La cruelle réalité que les responsables algériens cherchent à tout prix à cacher à leur opinion publique, c'est qu'après avoir refusé catégoriquement toute intervention militaire des pays voisins du Mali pour libérer le Nord de ce pays des bandes terroristes jihadistes, par fierté mal placée, l'Algérie a fini par l'accepter après l'assassinat de son diplomate. Plus de 10.000 soldats de l'ANP devraient être déployés le long du millier de kilomètres de frontières avec le Mali, les pays de la CEDEAO mobilisant pour leur part 3.300 soldats pour intervenir dans ce pays sahélien. Pas la peine de rappeler que l'Algérie a longtemps voulue garder le contrôle de la lutte anti-terroriste dans la zone saharo-sahélienne, en cherchant à tout prix à en écarter le Maroc. Pour les résultats que l'on connaît. Les rêves de leadership régional sont donc en train de s'évaporer, remplacés par la crainte du vent de changement qui a soufflé sur la région maghrébine, les dirigeants du pays voisin de l'Est étant les seuls à se complaire dans la stagnation. Sur les sept diplomates algériens kidnappés à Gao il y a cinq mois, un a donc été exécuté, trois ont été libérés au mois de juillet, sans que l'on sache quelle contrepartie a été accordée par l'Algérie au MUJAO, mais il en reste encore trois autres toujours détenus par les terroristes jihadistes au Nord du Mali. Nos sincères condoléances à la famille du pauvre diplomate algérien assassiné et l'on espère de tout cœur la libération des trois diplomates restant entre les mains des terroristes, même si leur survie devient de plus en plus hasardeuse en raison du glissement de la situation. Quant aux accusations fallacieuses portées à l'encontre du Maroc... la « complotite » aiguë et chronique dont souffre les dirigeants et la presse algériens est une maladie malheureusement incurable !