Le modèle de développement de l'économie marocaine se base dans une large mesure sur la demande intérieure qui constitue la locomotive de la croissance économique, au moment où le commerce extérieur doit s'ajuster en tant que résultante des autres politiques économiques. Dans ces conditions, et du fait que le Maroc a opté pour une politique commerciale d'ouverture et d'intégration irréversible à l'économie mondiale, avec un certain nombre d'engagements sur le plan multilatéral (OMC), régional et bilatéral (conclusion d'une série d'accords de libre-échange), il est naturel que les effets immédiats des différentes politiques n'ont pas tardé à se répercuter sur la balance commerciale et partant sur la balance des paiements. Ces impacts se sont traduits par une pression sur la demande d'importation qui a été induite dans une larme mesure par un effet de demande intérieure de plus en plus importante. Cette demande ascendante est mise en évidence par la progression du taux de pénétration1 qui est passé en moyenne à près de 31% sur la période 99-2004 à près de 38% en 2011. D'ailleurs, cette tendance a été confirmée par la progression des importations, en termes constants, des biens d'équipement et des biens finis de consommation qui constituent près de 60% des importations globales en 2010 contre 48% en 1998, ce qui dénote des effets de la dynamique d'investissements publics et privés connue par notre pays durant les 10 dernières années d'une part, et le soutien à la demande de consommation privée aussi bien à travers la politique budgétaire que par les facilités de crédit à la consommation (achat des voitures et de l'équipement électro-ménager) à travers la politique monétaire, d'autre part. En outre comme signalé, les mesures de la politique commerciale extérieure à travers la signature d'une série d'accords de libre-échange et du processus de réforme tarifaire ont eu des effets immédiats sur les importations du fait que les effets sur les exportations sont décalés pour diverses raisons structurelles de mise à niveau et de mobilisation d'une offre exportable adaptée aux mutations des marchés. De ce fait, les échanges commerciaux des biens réalisés dans le cadre des accords de libre-échange se sont traduits par une accentuation du déficit commercial avec les pays en question. Ainsi, le déficit commercial avec l'Union Européenne est passé de 13 milliards en 2000 à près de 58 milliards de dirhams en 2011 (10 premiers mois), il en est de même avec les Etats-Unis d'Amérique dont le déficit commercial est passé de 7 milliards en 2006 à près de 18 milliards de dirhams en 2011 (10 premiers mois). Egalement, avec la Turquie, le déficit commercial est passé de 4 à 5 milliards de dirhams entre 2006 et 2011, avec toutefois une atténuation à partir de 2009 traduisant une certaine embellie des exportations marocaines vers ce marché. Quant à l'accord d'Agadir, le déficit a connu une légère hausse en passant de 3,2 à 3,6 milliards de dirhams entre 2007 et 2011, en raison non seulement de la faiblesse des flux échangés et de l'effet induit par le début d'exportation de la voiture économique marocaine vers ces pays (Egypte) à partir de 2009. Les produits faiblement valorisés : 45% des exportations Tous les diagnostics effectués sur la problématique de développement du commerce extérieur du Maroc depuis les années 90 sont unanimes sur le déficit structurel en offre exportable suffisante en volume et en qualité. Certes, la structure des exportations s'est significativement améliorée en faveur des produits mieux valorisés, en raison notamment de la valorisation des phosphatases et de l'apparition des premiers résultats des nouvelles stratégies sectorielles communément appelées « nouveaux métiers du Maroc » dont la part est passée de près de 9% en 2000 à près de 13% en 2011. Toutefois, la part des produits dits traditionnels faiblement valorisés occupe encore une part de près de 45% de nos exportations globales. En définitive, une fois ce diagnostic effectué, on peut résumer que l'importation des biens finis d'équipement, des biens intermédiaires et une partie de l'énergie contribuent à la dynamique productive et du développement de notre pays, et qui est de nature à générer un retour sur investissement à moyen terme et partant la contribution à la résorption d'une partie du déficit commercial. En revanche, la recrudescence des importations des biens finis de consommation alimentaires et autres, constitue une source d'inquiétude pour l'avenir des équilibres commerciaux extérieurs et de la pérennité du système productif marocain. Ainsi, on peut conclure que près de 50% du déficit commercial du Maroc est un déficit lié au processus de développement de l'économie marocaine, dans la mesure où il est constitué de biens d'équipement et de biens intermédiaires accompagnant la dynamique de croissance économique de ces dernières années. Le reste pourrait être considéré comme un déficit « nuisible » qu'il faudrait corriger, car il est constitué en majeure partie de biens finis de consommation importés (une sorte de fuite d'emplois vers l'étranger) auxquels il faudrait trouver une solution de substitution pour garantir le maintien des activités agricoles et industrielles et la sauvegarde des emplois. Mobilisation d'une offre exportable compétitive Dans le but de résorber au moins de 50% du déficit commercial actuel, les efforts devront être concentrés sur la mobilisation d'une offre exportable supplémentaire compétitive et d'adapter l'offre existante aux exigences des marchés, par l'accélération de la mise en oeuvre et de la cohérence des stratégies sectorielles et horizontales établis durant les 5 dernières années. A titre de rappel, la stratégie de promotion et de développement des exportations « Maroc export plus », en se basant sur l'offre exportable mobilisable par les stratégies sectorielles, prévoit de doubler les exportations, hors phosphates et tourisme, en 2015 et de les tripler en 2018. Il est à signaler qu'en 2011, cet objectif est atteint à près de 76% (y compris l'effet de la conjoncture mondiale). Dans le même cadre, une étude réalisée en 2009 par le Ministère chargé du commerce extérieur sur l'impact des accords de libre-échange (modèle IMPALE) a prévu la réduction du déficit de la balance commerciale de près de 77% par rapport à l'année de base du modèle (2003) selon un scénario de l'effectivité complète des accords de libre-échange concomitante avec la mise en oeuvre complète des stratégies sectorielles. Parachèvement de la refonte du cadre réglementaire Le cadre réglementaire général et spécifique du commerce extérieur constitue un axe majeur de la réforme du commerce extérieur, et qui a été entamé ces dernières années, notamment en ce qui concerne la régulation des importations. Ceci a permis l'adoption de la loi 15-09 relatives aux mesures de défense commerciale ainsi que la réglementation des titres d'importations et d'exportation afin de lutter contre les importations déloyales et abusives. De même, un projet similaire a été engagé pour la refonte de loi 13-89 sur le commerce extérieur. Dans le même cadre, il est important de revisiter la réglementation technique relative aux produits industriels et agricoles en vue de son renforcement et de sa cohérence avec les objectifs de la politique commerciale extérieure et d'éviter de faire du Maroc un marché de repli pour les produits ne pouvant pas accéder aux marchés des pays développés pour des raisons de non-conformité aux standards de qualité et de protection de la santé et de la sécurité. Il en est de même de la rationalisation du renforcement des mécanismes de surveillance et de veille des importations permettant de détecter la fraude et la concurrence déloyale. A ce titre, le projet relatif à la mise en place d'un mécanisme de contrôle des opérations de fraude sur la valeur en douane « sous facturation » a d'ores et déjà donné des résultats probants.