Les effets de la sécheresse pourraient être atténués si les pays disposaient de plans pour faire face à ce problème, a averti mardi l'Organisation météorologique mondiale (OMM). L'ONU , pour sa part , appelle les Etats à prendre des mesures d'urgence contre la sécheresse «Le changement climatique devrait entraîner une augmentation de la fréquence, de l'intensité et de la durée des sécheresses», a déclaré le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud. Pour M. Jarraud, les autorités doivent abandonner «les approches au coup par coup», donc les gestions de crise, pour mettre en place «des politiques nationales concertées de lutte contre la sécheresse fondées sur la gestion des risques». Alors que les prix des aliments atteignent des niveaux proches des records de ceux de 2010, «il est temps que les pays affectés par la sécheresse développe une politique», a indiqué pour sa part le directeur du département du climat et de l'eau à l'OMM, Mannava Sivakumar. De telles politiques permettraient aussi de contrer les effets du phénomène climatique El Niño qui peut notamment susciter des modifications dramatiques dans les précipitations et les températures, déclenchant canicules, vents secs et violents en Afrique, en Asie du sud et du sud-est, ainsi qu'en Australie. Or pour l'instant, déplore M. Sivakumar, l'Australie est le seul pays au monde à avoir développé une véritable politique anti-sécheresse fondée sur les risques. En vue d'aider les pays à mettre sur pied de tels outils d'action, l'OMM, la Convention des Nations unies sur la lutte conte la désertification et d'autres partenaires du système de l'ONU vont organiser du 11 au 15 mars 2013 une réunion de haut niveau sur les politiques nationales de lutte contre la sécheresse. Selon l'OMM, citant l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (Noaa), juillet 2012 se place au quatrième rang des mois de juillet les plus chauds, en moyenne mondiale, depuis le début des relevés en 1880, et au premier rang pour les Etats-Unis La sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis pourrait avoir des répercussions sur bien des marchés, à commencer par l'alimentaire La sécheresse qui s'est installée durablement sur la planète justifie des mesures d'urgence. Alors que l'Afrique et l'Inde subissent un déficit pluviométrique aux conséquences dramatiques pour les populations et l'agriculture, les Etats-Unis souffrent de leur pire sécheresse depuis des décennies. En conséquence, les responsables de l'agence météorologique des Nations Unies, l'OMM (Organisation Météorologique Mondiale), qui a pour rôle de participer à l'élaboration des normes permettant la standardisation des mesures météorologiques, d'assurer une veille et une prévision météorologiques et d'archiver les études climatiques, ont demandé aux pays concernés de prendre des mesures rapides et efficaces pour atténuer les conséquences du phénomène. L'OMM soutient notamment que la sécheresse aux Etats-Unis aura des répercussions énormes et à l'échelle mondiale sur les marchés alimentaires. Aussi serait-il judicieux de mettre en place des politiques plus ambitieuses concernant la conservation de l'eau et la réduction de sa consommation. L'Agence a à cette fin convoqué ministres et hauts fonctionnaires des pays touchés lors d'une réunion qui se déroulera à Genève (Suisse) en mars prochain. Une sécheresse imputable au réchauffement climatique « Le réchauffement climatique devrait augmenter la fréquence, l'intensité et la durée des sécheresses, avec des répercussions sur de nombreux secteurs, comme l'alimentaire, l'eau, la santé et l'énergie », a prédit le secrétaire général de l'OMM Michel Jarraud, cité par nos confrères du Guardian. Des efforts colossaux en matière de développement durable et notamment le renforcement de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES), en sus de mesures strictes pour la gestion des catastrophes naturelles, semblent aujourd'hui inévitables. Selon l'OMM, le meilleur exemple actuel est l'Australie, laquelle a mis en place une politique stricte de gestion de la sécheresse au quotidien, contrairement à un simple dispositif de gestion des catastrophes naturelles comme c'est le cas dans beaucoup d'autres Etats. Malheureusement, de l'aveu-même du pays, cette politique ne tiendra pas le rythme face au réchauffement climatique , de plus en plus important d'année en année. Vous avez dit impuissance ? La sécheresse s'installe aux Etats-Unis La sécheresse qui sévit actuellement sur une grande partie du territoire américain s'explique sans doute par le réchauffement climatique Une grande partie du Middle West suffoque et les populations concernées ne sont pas au bout de leur peine. La sécheresse est là, désormais bien installée. Comme s'il existait désormais plusieurs death valleys et que les délimitations de la fameuse « Sun Belt » étaient devenues caduques. Le phénomène se reproduira à intervalles de plus en plus rapprochés. C'est écrit. Car n'en déplaise aux climatosceptiques et aux républicains qui s'obstinent à le minimiser voire à le nier, il n'y a aucune raison pour que le réchauffement climatique épargne l'Oncle Sam. C'est du jamais vu dans le pays depuis 1956. C'était une autre époque, bien avant l'émergence du concept de développement durable. Quand la chaleur écrasante et le stress hydrique qui en découle étaient pour ainsi dire le fruit du hasard. Quand les hommes ne se souciaient pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Quand le climat n'était pas déréglé... Cette sécheresse désastreuse est-elle le fait du réchauffement climatique ? Probablement. Elle sévit en tout cas depuis début juin dans l'Iowa, l'Illinois, les deux Etats américains plus gros producteurs de maïs et de soja, mais aussi dans l'Indiana, le Michigan et l'Ohio. Dans des contrées où on n'a pas l'habitude de tirer autant la langue. D'après Jason Nicholls, météorologue à AccuWeather, la vague de chaleur, qui gagne petit à petit le nord-est des Etats-Unis, se poursuivra au moins jusqu'à la fin du mois. « Les températures sont toujours bien au-dessus des normales saisonnières », a-t-il constaté, cité par nos confrères de Reuters. Quant aux précipitations qui vont tomber jusqu'à la fin de la semaine, elles n'atteindront que 40 à 75 % de la moyenne saisonnière, précise l'agence, qui rapporte également que « les Etats céréaliers de l'ouest du Middle West, comme l'Iowa, seront les plus affectés par le stress hydrique ». Des répercussions catastrophiques Les pertes céréalières, elles, s'accumulent, et les prix du maïs et du soja battent maintenant des records. En à peine six semaines, le cours du boisseau de maïs (NDLR : vingt-cinq kilos) a ainsi bondi de plus de 50 %, celui du contrat de soja ayant atteint le prix vertigineux de 17,23 dollars (environ 14,17 euros) jeudi dernier. À rendements agricoles réduits, marges moindres. Il est par ailleurs à craindre qu'à terme, les agriculteurs ne puissent plus moderniser leurs équipements. De même, les entreprises implantées dans les régions touchées par la sécheresse ont déjà de plus en plus de mal à s'approvisionner en eau. Consultante au sein de la société de conseil spécialisée dans les matières premières agricoles Agritel interrogée par 20 Minutes, Hélène Morin fait pour sa part état d'« un mécanisme de substitution entre les différentes céréales fourragères utilisées dans l'alimentation du bétail ». « Aux Etats-Unis, la révision à la baisse de la production de maïs entraîne une hausse de la demande de blé et d'orge, et donc une augmentation des prix au niveau mondial », analyse-t-elle, redoutant également un impact important « sur la partie élevage, notamment sur la filière porcine où l'alimentation est constituée à 70 % de céréales ». Et ce pourrait n'être qu'un début...