Il faut voir des gens simples et humbles vendre leurs effets personnels à la Dlala qui se tient à Salé bien avant le ftor, pour comprendre les dépenses qu'engendre le Ramadan dans les milieux défavorisés et déshérités. Chaque jour que le Très Haut fait, ils et elles viennent vendre des théières anciennes, des plateaux de cuivre, des couvertures qui seront plutôt utiles en hiver et des babioles qui intéressent des curieux. La Dlala, cette vente aux enchères qu'on retrouve à Drouot avec un commissaire-priseur, sous d'autres formes avec une masse d'euros, attire à Salé des promeneurs qui se transforment quelquefois en acheteurs patentés et tentés par tout et rien. Pour assurer la harira du jour et le ftour, comme disent les Marrakchis et les Souiris, des mères de famille se rendent plusieurs fois par mois à cette vente aux enchères où on cède au plus offrant des articles à prix réduit, pour une bouchée de pain souvent. Chaque jour, certains brassent des affaires pendant que d'autres se séparent de biens à liquider tant qu'à faire. stop. Nabil Benabdallah, le ministre qui nous a promis une Politique de la ville dont on attend toujours les premiers résultats, serait au chevet des villes historiques, nous dit la MAP qui ne dérape plus depuis que des regards sont braqués sur son desk, surveillé dans le monde entier. Mais, il n'y a pas que les villes historiques qui méritent une attention. On l'a vu ces derniers temps, les milieux urbains où se sont rebellés des sans emploi, pas forcément sans foi, ni loi, n'avaient pas spécialement un caractère historique. Or, justement, c'est eux qui ont besoin d'être écoutés, guidés et aidés. Benabdallah a aussi souligné l'importance de prendre des mesures juridiques et réglementaires pour les maisons menaçant ruine et de conclure des accords de partenariat avec la société Al Omrane pour accompagner la politique publique dans le domaine de l'habitat. Mais, là encore, il n'y a pas que les villes historiques où des maisons menacent ruine. On le voit ici et là, des constructions fragiles qui ne datent même pas du protectorat, s'écroulent comme des châteaux de sable. Mais soyons bon joueur et soutenons le ministère de l'Habitat qui mise sur la Politique de la ville dont on attend beaucoup en ces temps incertains où El Madina est victime de Namima. stop. « Laâouacher » reviennent à la veille du Ramadan et à la veille de l'aïd Es-Sghir qui n'a de sghir que le nom, puisque c'est une grande fête en réalité après des jours de privation, de faim et de soif, de méditation et de sacrifice. Ce don qu'on retrouve tout le long de l'année dans différentes célébrations religieuses, aide des familles, des gardiens de voitures, des concierges ou le tebal qui réveille pour le shor et autres citoyens dans le besoin à survivre dans un monde de plus en plus pauvre, de Madrid à Montréal, printemps érable dit-on, dans le pays de Robert Charlebois, à Tel Aviv où le loyer est aussi cher qu'à New York. Sans « Laâouacher » que des pingres, qui n'ont pas le sens du partage, ignorent sans craindre Dieu, des gens dans la dèche n'auraient pas l'occasion de garnir un peu leur table au coucher du soleil, après une rencontre heureuse avec un ould ou une bente ennass qui savent que bien des sociétés tiennent grâce au sens de la solidarité à parer en toute éventualité. stop. Sida. Dimanche dernier, à Washington que des diplomates aiment comparer à Rabat – Hakili, écoute ya Loukili –, on a ressorti les mêmes rengaines connues depuis des années. De nouveau, on a souhaité irradier le virus. C'est comme le Japon. Chaque fois qu'il y a un accident nucléaire, on nous dit que le pays impérial va arrêter le nawaoui qui séduit encore des béni-oui-oui. Pour le Sida, chaque fois qu'il y a une conférence internationale, on parle d'irradier le virus qui fait des ravages de la station Picpus aux grandes villes du Maghreb. Aujourd'hui, 35 millions de personnes dans le monde – dont 97% se trouvent dans les pays à revenus bas et intermédiaires – vivent avec le virus, plus célèbre que le typhus qui, lui aussi, continue à tuer. stop. Au marché de gros du poisson, il faut casquer pour passer avant les autres. Les poissonniers qui se réveillent, en ce mois qui plaît aux dormeurs, à l'aube, quand d'autres roupillent, en savent quelque chose. Venus de loin, de Marrakech ou de Ben Slimane, ils n'obtiennent le fameux certificat de vendre leurs merlans ou leurs pageots que vers 11 h du matin. Ce qui est aberrant dans une profession où l'on se réveille avant le chant des oiseaux. Les poissonniers qui graissent les pattes des échassiers habillés en marin d'opérette, sont évidemment les premiers servis. Et ceux qui pensent qu'on est dans un Etat de Droit qui n'est pas fait pour les maladroits et les malabars, prennent leur mal en patience, en attendant des jours meilleurs. stop. Comme pour la Saint Sylvestre, le Ramadan fait vendre, d'après Morocco Mall qui s'est accaparé une enseigne où il ne représente ni le pays ni les Morocco. L'empire de Lalla Salwa, mal conseillée en matière de marketing, affiche une photo d'une femme maquillée entre Azban et Elisabeth Arden en précisant « Les nuits du Ramadan » comme si ce mois, sain et saint, était patronné par Max Factor. Alors que ce mois de sagesse et de délicatesse, de repos de l'âme et du corps, aurait dû mieux inspirer les publicistes du complexe d'Anfa où il n'y a même pas de signature de livre, d'expo ou de conférences comme à la FNAC de Paris, pas celle de Sidi Bousmara dont les chiffons restent le clou des galeries marchandes où on ne marchande pas, sous peine de prendre la porte. stop. Langage au bord du naufrage. A Al Karia, à Gharbiya ou à Kébibat, il arrive qu'un mec dise « Pitbull » en parlant d'un copain au lieu de mikhi qui est de moins en moins employé. Mais Pitbull, c'est vache et méchant comme le chroniqueur décalé qui s'en prend au créateur du virtuel incontournable qui lui échappe. Alors que mikhi n'est pas une expression humiliante comme le chien criminel que Neil Young n'a pas chanté dans « Harvest » que les jeunes d'autrefois connaissaient aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est. Sans oublier les cafés branchés du Maroc des seventies où on parlait plutôt de « jemmi » que de Pitbull. stop. TVH (TV Hexagone). Autant on était sidéré par un Eric Zemour cynique et apprenti fasho, et un Noleau plus agaçant qu'un critique TV, bête comme sa tête et ses pieds, autant la nouvelle formule avec Audrey Pulvar et ses lunettes de directrice de la crèche du coin et Natacha Polony, animatrice de colonie de vacances dans le Var, sont d'une platitude qui vous met à bout de nerfs. Surtout que la Audrey qui n'arrive pas à la cheville de Audrey Hepburn dont elle a piqué le nom pour plaire à Arnaud Montebourg, comme la Natacha, veulent parler de tout comme leurs prédécesseurs qui n'ont retrouvé ni leurs frères ni leurs sœurs sur « Paris Première », la dernière des stations nocturnes. Enfin, il paraît que Palvar va rejoindre « Les Inrockuptibles » Inro quoi ? Inro indescriptible... D'ailleurs, l'arrivée de la dame aux lunettes plus grandes que ses yeux a poussé l'éditorialiste Thomas Legrand à mettre les voiles sans bateau à voiles et sans quitter la toile. stop. Copie collé. Ceux qui ont choisi d'appeler le centre culturel de mode et d'événementiel de Casablanca « Les Abattoirs », ont copié Paris qui a transformé ses Abattoirs de la Villette en centre artistique avec concerts, expo et happening. Mais le mot « Abattoir » a plus d'effet dans la ville de Zazie et Zoa - paroles de Frédéric Botton – que dans la ville de Sidi Beliout et autre Sidi Allal El Kaïrouani. A la place des Abattoirs où Ghita Laskrouif expose des robes à conduire en mob et Mehdi, à ne pas confondre avec le designer qui bosse au Ramadan, Mehdi Filali Khessouane, styliste également new wave qui nous rappelle Mina Glaoui, il aurait été plus excitant et drôle d'appeler les lieux de fashion et autres événements « La Guerna ». Au lieu de tout copier sur Paris, la FIAC, l'IRCAM et autres étiquettes déjà entendues. L'imagination au pouvoir, c'est pas demain la veille. stop.