Le Soudan du Sud a accusé samedi le Soudan d'avoir bombardé la veille son territoire, et a suspendu ses négociations directes avec son voisin du nord sur les questions pétrolières et de sécurité, alors que Khartoum a nié ces accusations. Le porte-parole de l'armée sud-soudanaise Philip Aguer, a affirmé des avions de guerre soudanais auraient pilonné la région de Rumaker, dans l'Etat du Bahr al Ghazal du nord, qui longe la frontière avec le Soudan. «Deux personnes ont été légèrement blessées», a-t-il déclaré. «Le bombardement a eu lieu à 3h25 (vendredi) quand les gens étaient en train de dormir.» Le Soudan du Sud a pris son indépendance en juillet 2011, suivant un accord qui a mis fin en 2005 à des années de guerre civile avec son voisin du nord, mais sans que soient réglés une série de contentieux sur le tracé de la frontière. Juba et Khartoum ont été au bord d'une guerre en mai lorsque les forces sudistes ont occupé la région pétrolière de Heglig avant de l'évacuer face aux pressions internationales. Le Soudan du Sud a annoncé la suspension de négociations directes avec le Soudan, prévues dimanche à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, et qui devaient permettre de trouver une solution concertée afin de mettre fin aux hostilités. «Nous avons suspendu les négociations bilatérales et directes, à cause des bombardements de Khartoum», a déclaré Atif Kiir, porte-parole de la délégation sud-soudanaise, qui a précisé que les futures discussions n'auraient lieu que sous les auspices de l'Union africaine et ne seraient pas directes. Le Soudan a nié avoir bombardé son voisin, et a affirmé avoir visé sur son propre territoire des rebelles du Mouvement Justice et Egalité (JEM), qui avaient pénétré dans la région du Darfour, dans l'ouest du pays. «Les forces de l'armée soudanaise se sont occupées d'eux à l'intérieur du territoire soudanais», a dit un responsable de la délégation soudanaise à Addis-Abeba, cité par l'agence officielle SUNA, qui a précisé que Khartoum ne souhaitait pas l'interruption des négociations directes. «Le territoire sud-soudanais n'a pas été violé.» L'accès limité aux zones frontalières rend difficile la vérification des informations souvent contradictoires données par les autorités soudanaises et sud-soudanaises.