Les observateurs de l'Onu qui se sont rendus samedi à Treimsa, village de la province syrienne de Hama où un massacre a été commis l'avant-veille, ont dit y avoir vu une école incendiée, des maisons endommagées et des mares de sang, «L'attaque de Treimsa semble avoir visé des groupes et des maisons précis, essentiellement celles de déserteurs et d'opposants», écrit le porte parole de la mission d'observation dans un communiqué transmis par courrier électronique. «Une large gamme d'armes a été utilisée, notamment de l'artillerie, des mortiers et des armes de petit calibre», ajoute-t-il. L'équipe compte retourner dimanche à Treimsa. Les opposants affirment que la petite localité a été bombardée par des hélicoptères de combat et des chars puis livrée aux «chabiha», miliciens favorables au régime de Bachar al Assad, qui ont massacré des familles. L'annonce du massacre a provoqué la condamnation unanime de la communauté internationale et accentué l'indignation des capitales occidentales face au blocage du Conseil de sécurité de l'Onu. «Je condamne, dans les termes les plus vigoureux, l'utilisation aveugle d'artillerie lourde et d'obus contre des zones peuplées, notamment les tirs effectués depuis des hélicoptères de combat», a déclaré vendredi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon, dans un communiqué. «Ils jettent également de sérieux doutes sur la récente déclaration d'engagement en faveur de ce même plan faite par le président Bachar al Assad lors de son entrevue avec l'envoyé spécial conjoint, Kofi Annan», ajoute-t-il, évoquant leur entrevue de lundi à Damas. Est-il encore temps ? Kofi Annan écrit quant à lui dans une lettre adressée au Conseil de sécurité que ce nouveau massacre rappelle une nouvelle fois «de manière tragique et macabre que les résolutions du Conseil continuent d'être ignorées». En France, le président François Hollande a estimé samedi qu'il était encore temps de trouver une solution politique pour éviter la guerre civile en Syrie. «Le pire c'est d'avoir une guerre civile en Syrie, donc faisons en sorte de trouver une solution politique qui évite la guerre civile, il est encore temps, plus que temps», a-t-il déclaré lors d'un entretien accordé à l'occasion du 14 juillet. Il avait exhorté la veille la Russie et la Chine à changer leur approche de la crise syrienne. La Chine, qui continue de bloquer avec la Russie les efforts occidentaux pour imposer de plus fortes sanctions à la Syrie, n'a pas condamné Damas mais «un comportement qui nuit à des civils innocents». Elle n'a pas précisé quels étaient les auteurs des violences qu'elle condamnait. «Nous appelons de nouveau les parties prenantes en Syrie à prendre des mesures pratiques, à stopper immédiatement la violence (et) à protéger sérieusement les civils», a déclaré Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, dans un bref communiqué samedi. Une nouvelle vidéo amateur qui aurait été tournée à Treimsa a par ailleurs été diffusée samedi sur internet. «Nous étions encerclés de tous les côtés par des chars et des véhicules blindés, tandis que les hélicoptères survolaient (le village)», rapporte un homme, qui ne s'est pas identifié. «Ils ont brûlé des gens devant nos yeux, ils ont tenu les hommes comme cela et les ont poignardés», a-t-il dit en montrant sa poitrine puis une artère du cou. Il a ajouté que son cousin avait été égorgé et que des gens avaient eu les yeux arrachés. Des opposants syriens avaient déjà mis en ligne vendredi un document vidéo montrant les corps ensanglantés de quinze jeunes hommes victimes selon eux du massacre de Treimsa. Les violences se sont poursuivies samedi matin, ailleurs dans le pays. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition et basée en Grande-Bretagne, 33 personnes ont été tuées samedi, dont plusieurs lors d'un bombardement de l'armée dans la province de Homs. Le régime dément les accusations d'Annan Citant une source militaire non identifiée, l'agence de presse officielle SANA dément que des civils aient été tués à Treimsa et explique que l'attaque était une opération militaire menée à la demande de la population pour lutter contre des «terroristes» et qu'elle s'est soldée par un succès. Le régime syrien de Bachar al Assad a démenti dimanche les affirmations de Kofi Annan selon lesquelles il aurait fait usage d'artillerie, de chars et d'hélicoptères à Treimsa, où l'opposition a fait état du massacre de 100 à plus de 200 personnes. Porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Djihad Makdissi a déclaré que les forces de sécurité avaient tué 37 combattants et deux civils dans cette ville, utilisée, selon le régime, comme base arrière par les insurgés. «Les forces gouvernementales n'ont pas utilisé d'avions, ni d'hélicoptères, ni de chars ni de pièces d'artillerie. L'arme la plus lourde utilisée a été le (lance-roquette) RPG», a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à Damas. «Nous avons reçu hier une lettre de M. Kofi Annan adressée au ministre des Affaires étrangères Walid al Moualem. Le moins que l'on puisse dire au sujet de cette lettre portant sur ce qui s'est passé à Treimsa est qu'elle ne s'appuie pas sur les faits. De la manière la plus diplomatique possible, nous disons que cette lettre a été rédigée de manière très précipitée.»