Un ultimatum fixé par des responsables de l'ALS pour que le président Bachar al-Assad mette fin à la répression expirait le vendredi à 09h00 GMT, au moment même où les opposants appellent à manifester en hommage aux dizaines d'enfants tués dans le massacre de Houla. Par ailleurs, et si où les divisions persisteraient au Conseil de sécurité de l'ONU, la communauté internationale pourrait devoir agir en se passant de l'accord du Conseil pour mettre fin à la violence en Syrie, a jugé l'ambassadrice américaine aux Nations unies. Les militants anti-régime ont appelé, leur page Facebook, à manifester après la prière hebdomadaire du vendredi, en hommage aux enfants victimes du massacre commis à Houla (centre), les qualifiant de «flambeaux de la victoire» de la révolte. Dans le même temps, la télévision d'Etat a invité la population à réciter la prière des morts «dans toutes les mosquées de Syrie» pour les victimes du carnage qui a fait 108 morts au total selon l'ONU, et dont opposition et régime se rejettent la responsabilité. Face à la répression incessante, des responsables de l'Armée syrienne libre (ASL), force d'opposition armée composée essentiellement de déserteurs, ont sommé le régime d'appliquer le plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan, qui prévoit un arrêt des violences. «Si le régime syrien ne respecte pas le délai de vendredi midi (09H00 GMT), le commandement de l'Armée syrienne libre annonce qu'il ne sera plus tenu par aucun engagement lié au plan Annan (...) et notre devoir sera (...) de défendre les civils», a indiqué dans un communiqué le commandement de l'ASL à l'intérieur de la Syrie. Ce commandement mène des opérations contre les troupes du régime en territoire syrien. Il est théoriquement chapeauté par le Conseil militaire supérieur de l'ASL basé en Turquie, qui ne soutient pas cet ultimatum, signe des clivages au sein de l'opposition armée. Mais différentes factions locales de l'ASL, faisant valoir par des vidéos la poursuite des violences, ont repris à leur compte cet ultimatum. «Nous joignons nos voix à celle de nos camarades du Conseil militaire de la province meurtrie de Homs (...) et nous appelons ce régime criminel à cesser les violences, retirer l'armée, libérer les prisonniers, et rendre le pouvoir immédiatement», a indiqué le chef du Conseil militaire d'Idleb (nord-ouest) dans une vidéo mise en ligne jeudi. Il s'est engagé à mettre en œuvre l'ultimatum, tout comme le Conseil militaire de Deir-Ezzor, qui a fait état dans cette province de l'est du pays de tirs d'artillerie lourde par les forces gouvernementales sur la ville d'Al-Chalil. Si quelques jours d'accalmie ont suivi la mise en place du cessez-le-feu le 12 avril, les affrontements ont repris de plus belle ces dernières semaines entre l'armée régulière et l'opposition armée. Trente-cinq soldats ont été tués jeudi selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, sur les 73 personnes qui ont péri ce jour là dans les violences en Syrie. Parallèlement à ces menaces, un groupuscule qui a revendiqué plusieurs attentats meurtriers en Syrie, le front Al-Nosra, a lancé un appel aux armes, incitant dans une vidéo mise en ligne jeudi ses combattants à venger le massacre de Houla. Implication des « chabbiha » dans le massacre de Houla Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde contre le risque d'une «guerre civile catastrophique» après ce massacre. Un haut responsable de l'ONU a affirmé mardi avoir de «forts soupçons» sur l'implication des «chabbiha», des miliciens pro-régime, dans le massacre de Houla. Damas a balayé les propos du secrétaire général de l'ONU et rejeté en bloc jeudi les soupçons pesant sur les forces du régime quant à leur responsabilité dans le massacre de Houla. «Des groupes armés ont tué des familles pacifiques» car elles «avaient refusé de se soulever contre l'Etat», selon le général Kassem Jamal Sleimane, chargé par Damas d'enquêter sur cette tuerie. Sur le front diplomatique, l'attention est tournée vers la Russie, alliée indéfectible de Damas et dotée d'un droit de veto au Conseil de sécurité, dont l'opposition à toute nouvelle action de l'ONU sur la Syrie paralyse la communauté internationale. Le président russe Vladimir Poutine, qui effectue sa première tournée depuis son élection, se rend à Berlin et Paris vendredi, où il affrontera des pressions pour infléchir son soutien à Damas. La Syrie sera également au menu du sommet Russie-UE dimanche et lundi. M. Annan, en tournée chez les voisins de la Syrie, qui craignent une contagion de la crise à toute la région, doit s'exprimer à Beyrouth après avoir rencontré le Premier ministre Najib Mikati. Les USA pourraient agir sans l'aval de l'ONU La communauté internationale pourrait devoir agir en se passant de l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à la violence en Syrie, dans le cas où les divisions persisteraient au Conseil, a jugé l'ambassadrice américaine aux Nations unies. S'exprimant face à la presse mercredi, Susan Rice a estimé que, si Damas ne se conformait pas au plan de paix de Kofi Annan, le Conseil de sécurité devrait « prendre ses responsabilités » et accentuer la pression sur le régime de Bachar al-Assad. Un peu moins d'une semaine après le massacre de Houla (centre de la Syrie), qui a fait une centaine de morts, les quinze pays du Conseil de sécurité de l'ONU continuent de soutenir le plan de M. Annan mais restent divisés sur les moyens d'accroître la pression sur Damas pour qu'il l'applique. Les pays occidentaux évoquent des sanctions, mais la Russie continue à s'y opposer. Si ces divisions persistent et la violence continue, « les membres de ce Conseil (de sécurité) et de la communauté internationale n'auront plus comme autre option que d'étudier s'ils sont préparés à prendre des actions hors du cadre du plan Annan et de l'autorité » de l'ONU. « La décision est entre les mains du gouvernement syrien. À lui de remplir ses engagements. S'il s'y conforme, alors l'opposition (syrienne, NDLR) aura l'obligation de faire un geste elle aussi », a estimé Mme Rice. « Si ça n'est pas le cas, le Conseil aura la responsabilité d'agir rapidement. Et si nous ne le faisons pas, nous serons tous confrontés à un troisième scénario, que nous espérons pouvoir encore éviter », a-t-elle ajouté. Le Conseil avait adopté dimanche à l'unanimité une déclaration condamnant le gouvernement syrien pour le massacre de Houla, qui a fait au moins 108 morts et a conduit de nombreux pays, dont la France, les Etats-Unis et le Japon, à expulser des représentants diplomatiques syriens. Plus de 13 000 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).