Le ministre français des Affaires étrangères a jugé probable jeudi une intervention militaire étrangère au Mali après le passage d'une partie de ce pays sous contrôle d'une milice islamiste armée. «A un moment ou un autre, il y aura probablement l'usage de la force,» a dit Laurent Fabius à des journalistes. L'opération devrait selon lui être menée par une force africaine avec un soutien international. Les islamistes d'Ansar Dine, liés à Al Qaïda, se sont emparés du nord du Mali avec l'aide des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) en profitant de la confusion qui a suivi le coup d'Etat militaire du 22 mars contre le président élu Amadou Toumani Touré. Ansar Dine et ses alliés ont ensuite évincé les insurgés touaregs du MNLA et pris le contrôle d'une zone qui englobe les régions de Gao, Kidal et Tombouctou. Ils ont démoli au moins huit des seize mausolées islamiques répertoriés de Tombouctou, ce qui a suscité des protestations dans le monde entier. D'abord rétablir la légalité constitutionnelle Laurent Fabius a expliqué qu'au Mali, il fallait «essayer de rétablir la légalité constitutionnelle au sud», évoquant les «efforts de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine (UA), appuyés maintenant par une résolution (du Conseil de sécurité) de l'ONU (...) pour faire qu'il y ait un gouvernement inclusif, pour que la junte soit mise hors-la-loi». C'est la première fois que des terroristes sont peut-être en situation de se greffer sur un Etat «Ensuite, à partir du moment où la légalité sera rétablie au sud, il faut s'intéresser au nord, c'est-à-dire qu'à un moment ou à un autre, il est probable qu'il y aura utilisation de la force», a estimé le chef de la diplomatie française. Il a précisé qu'une telle intervention serait menée par des Africains avec un soutien international. Quelle serait l'implication de la France? «Pour des raisons évidentes, [elle] ne peut pas être en première ligne», a poursuivi Laurent Fabius, mettant en avant «le risque d'une réaction contre le colonisateur». La France a été la puissance coloniale dans la plupart des Etats de la région. Le Conseil de sécurité de l'ONU a, dans une résolution adoptée la semaine dernière, appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali qui s'allieraient à Al-Qaïda. La résolution «soutient pleinement» les efforts des organisations régionales, dont la Cédéao et l'UA pour régler la crise au Mali. Mais elle ne leur donne pas encore de mandat de l'ONU pour déployer une force africaine contre les rebelles qui contrôlent le nord