L'émissaire international Kofi Annan et le président syrien Bachar al Assad se sont entretenus lundi à Damas sur fond de poursuite des violences seize mois après le début des manifestations antigouvernementales réprimées dans le sang en Syrie. Nommé en février envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan est arrivé dimanche à l'hôtel Dama Rose de Damas où résident les observateurs onusiens de la Misnus qui ont suspendu mi-juin leur mission en raison de l'intensification des violences dans le pays. Le diplomate ghanéen, qui a présenté un plan de sortie de crise et négocié un cessez-le-feu qui n'a tenu que quelques heures à la mi-avril, a admis récemment que sa mission était pour l'heure un échec. Selon l'Onu, la répression des manifestations hostiles au président Bachar al Assad a fait plus de 10.000 morts depuis mi-mars 2011. Le gouvernement syrien impute les violences à des «groupes terroristes armés» soutenus par l'étranger. Dans une interview à la chaîne de télévision allemande Das Erste programmée dimanche soir, Bachar al Assad a estimé que le plan de paix de Kofi Annan était entravé par le soutien politique des Etats-Unis et celui de la Turquie et de l'Arabie saoudite à des «terroristes.» «Nous savons que (Kofi Annan) s'est heurté à un nombre incalculable d'obstacles mais il ne faudrait pas que son plan soit un échec, c'est un très bon plan», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision allemande. «Le plus grand obstacle, c'est que beaucoup de pays ne veulent même pas que ce plan réussisse. Ils offrent donc un soutien politique et continuent à fournir des armes et de l'argent aux terroristes en Syrie», a-t-il expliqué, d'après une transcription en allemand d'une interview réalisée en anglais le 5 juillet. Cette interview doit être diffusée dans la soirée de dimanche sur Das Erste. Le président syrien a accusé l'Arabie saoudite et le Qatar de livrer des armes aux rebelles et estime que la Turquie leur fournit un soutien logistique en faisant entrer des vivres clandestinement dans le pays. Les Etats-Unis ont apporté quant à eux un soutien politique, a-t-il ajouté. Bachar al Assad a par ailleurs estimé que la plupart des personnes décédées pendant le conflit étaient des partisans du pouvoir, et non des opposants. «La majorité d'entre eux sont des gens qui soutiennent le gouvernement et une grande partie des autres (victimes) sont des gens complètement innocents qui ont été tués par différents groupes en Syrie», a-t-il dit. Parmi ces groupes figurent Al Qaïda et d'autres extrémistes islamistes, a dit Assad. Ses forces ont arrêté des dizaines de combattants d'Al Qaïda, certains venus de Tunisie ou de Libye, a-t-il précisé. Kofi Annan était arrivé dimanche à Damas pour rencontrer le président Bachar al Assad. L'ancien secrétaire général des Nations unies, accompagné du ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, s'est rendu à l'hôtel de la capitale syrienne où se trouvent les observateurs de la Misnus, la Mission de surveillance de l'Onu en Syrie. Dans une interview publiée samedi par le quotidien français Le Monde, Kofi Annan, nommé en février, a admis que sa mission était pour l'heure un échec. «A l'évidence, nous n'avons pas réussi. Et peut-être n'y a-t-il aucune garantie que nous allons réussir», dit-il. Sur le terrain, un bombardement mené par l'armée, et des affrontements entre les forces gouvernementales et les insurgés de l'Armée syrienne libre (ASL) ont tué une trentaine de personne, d'après des chiffres de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui soutient la rébellion Selon des activistes, certaines zones résidentielles de Daïr as Zour, dans l'Est, et de la région de Deraa, dans le Sud-Ouest, ont subi des bombardements. Rami Abdelrahman, le directeur de l'OSDH, a affirmé que les rebelles avaient, pour la première fois, pris possession d'un char de l'armée, et s'en servaient désormais pour mener des assauts.