Les observateurs des Nations unies en Syrie ont suspendu samedi leurs opérations en raison d'une escalade des violences entre le régime de Bachar al Assad et les insurgés, qui menace le plan de paix négocié par Kofi Annan, le médiateur international. Le général norvégien Robert Mood a annoncé que les effusions de sang mettaient en danger les «bérets bleus», qui ne portent pas d'armes, et les empêchaient de vérifier l'application d'un cessez-le-feu décidé le 12 avril, mais largement ignoré par les deux camps. «Il y a eu une intensification des violences à travers la Syrie lors des dix derniers jours», a déclaré dans un communiqué le chef de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus). «Dans cette situation de risque élevé, (...) les observateurs n'effectueront plus de patrouilles et resteront confinés dans leurs bases jusqu'à nouvel ordre.» Des coups de feu ont été tirés mardi sur une voiture transportant des observateurs qui avaient été chassés de la ville de Haffeh, alors contrôlée en partie par les rebelles, par des pierres et des barres de métal lancées par des partisans de Bachar al Assad. Les insurgés se sont finalement retirés de Haffeh mercredi, après une semaine de siège par l'armée syrienne. Le ministère des Affaires étrangères a dit comprendre les préoccupations de Robert Mood et a accusé des «groupes terroristes armés» - le terme utilisé par Damas pour désigner les rebelles - d'être responsables des attaques contre les «bérets bleus». Les Etats-Unis ont pour leur part pressé la Syrie de se conformer au plan Annan et ont annoncé qu'ils consultaient leur partenaires internationaux sur de «prochaines étapes» vers une transition politique à Damas. A Londres, le secrétaire au Foreign Office William Hague a estimé que la détérioration de la situation remettait «sérieusement en question la viabilité de la mission de l'Onu» en Syrie. Robert Mood devrait donner lundi un aperçu de la situation aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu - Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie -, qui discuteront probablement de la situation en Syrie en marge du sommet du G20 au Mexique lundi et mardi. Les grandes puissances envisagent par ailleurs d'organiser une réunion du groupe de contact sur la Syrie le 30 juin. Homs toujours sous les bombes L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, opposition basée à Londres), a annoncé qu'au moins 50 civils avaient été tués samedi, la plupart dans des bombardements de l'armées sur des faubourgs de la capitale, Damas. Une vidéo diffusée sur internet par des activistes montre une dizaine de corps sanguinolents à Sakba, dans la banlieue est de Damas. Certaines victimes semblent avoir été tuées à l'arme blanche. Des insurgés ont par ailleurs rapporté que des bombardements sur des bastions rebelles de la ville de Homs, dans le centre de la Syrie, avaient tués cinq personnes. Selon l'OSDH, un millier de familles étaient prises au piège samedi dans les quartiers rebelles de Homs, encerclés par les troupes fidèles au régime, et le manque d'équipement médical menace des dizaines de blessés. Selon l'agence de presse officielle Sana, des funérailles militaires ont été organisées samedi pour 24 soldats et membres des forces de sécurité tués lors des violences. Les affirmations des deux camps sont difficiles à vérifier, le régime syrien restreignant l'accès au pays pour les médias internationaux. La France a exprimé vendredi soir sa préoccupation quant à la situation à Homs, craignant que l'armée soit sur le point de lancer une opération de grande ampleur. «La répression sanglante (...) doit s'achever», a déclaré une porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Tôt ou tard, le Conseil de sécurité devra tenir compte des conséquences.» Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, avait dit plus tôt dans l'après-midi que la France envisageait d'apporter une aide matérielle à la rébellion. (voir L'Onu affirme que les forces du régime ont tué quelque 10.000 personnes depuis le début de l'insurrection en mars 2011. Le pouvoir syrien met les violences sur le compte d'islamistes soutenus par l'étranger, qui ont, selon lui, tué 2.600 soldats et policiers.