L'inscription de la basilique de la Nativité de Bethléem comme premier site palestinien à l'Unesco sera la principale controverse à l'ordre du jour de la session annuelle du Comité du Patrimoine mondial qui se réunit du 24 juin au 6 juillet à Saint-Pétersbourg (Russie). Cinq pays n'ayant pas encore été distingués présentent des sites: Congo, Palau, Qatar, Tchad et surtout la Palestine. Nouveaux venus à l'Unesco en octobre 2011 au terme d'un vote qui avait provoqué la colère des Israéliens et des Américains, les Palestiniens demandent l'inscription de «l'église de la Nativité et la route du pèlerinage, à Bethléem» en tant que «Lieu de naissance de Jésus». Haut lieu de pèlerinage, Bethléem est le premier site touristique des Territoires palestiniens (deux millions de visiteurs en 2011). Datant de l'empereur romain Constantin, au IVe siècle, la basilique de la Nativité est l'une des églises les plus anciennes et sacrées de la chrétienté. Les Palestiniens font cette demande en «urgence» du fait du «délabrement et de la dégradation de l'ensemble architectural» en raison de l'absence de travaux de restauration sérieux depuis 50 ans. Mais les experts du Conseil international des monuments et des sites (Icomos), qui évaluent les candidatures, ont rendu un avis défavorable, estimant que les Palestiniens n'ont pas procédé à une évaluation complète des menaces pesant sur le site. Pour l'ambassadeur palestinien à l'Unesco Elias Sanbar, cet avis est «biaisé». «Ceux qui ont perdu la bataille du vote de l'entrée de la Palestine à l'Unesco veulent nous empêcher d'exercer nos droits», a-t-il jugé. Pour un diplomate à l'Unesco, «le dossier est devenu politique. Les Palestiniens en font un point d'exercice de leur souveraineté», juge-t-il. Le dossier sera probablement tranché par un vote du Comité du Patrimoine, composé de représentants de 21 pays, qui est souverain et peut aller contre l'avis des experts. Les décisions de l'agence de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture ont également un fort enjeu économique car le classement d'un site facilite le déblocage d'aides pour la préservation et entraîne une hausse de la fréquentation touristique. Mais le principal défi aujourd'hui pour l'Unesco est la conservation des sites menacés par l'absence d'entretien, le tourisme incontrôlé ou le développement d'activités économiques. Le Comité formulera pendant sa session des recommandations sur la gestion de 105 sites qui, si elles ne sont pas suivies par les Etats, peuvent entraîner à terme un retrait de la liste du Patrimoine, sanction suprême qui n'a été appliquée qu'à deux reprises. Il peut aussi allonger sa liste «du patrimoine en péril», qui comprend 35 sites particulièrement menacés, dont les îles Galapagos (Equateur) qui furent le premier site classé «Patrimoine mondial» en 1978. Trente-trois nouveaux sites sont en lice pour être distingués pour leur «valeur universelle exceptionnelle» et s'ajouter à une liste déjà longue de 936 noms dans 153 pays. Les candidatures vont des «paysages cariocas de Rio» (Brésil) aux vignobles du Piémont (Italie) en passant par les Kremlins russes, la capitale du Royaume du maroc Rabat ou le parc de la Sangha à cheval sur le Cameroun, le Congo et la République Centraficaine. La France présentera le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, la Belgique les sites miniers de Wallonie.