Les troupes syriennes ont subi mercredi de lourdes pertes face aux rebelles tout en poursuivant leur répression dans le pays, où les observateurs de l'ONU restent par «obligation morale» en dépit de la suspension de leurs opérations. La Syrie s'enfonce chaque jour encore un peu plus dans les violences, qui durent depuis plus de 15 mois, au moment la Russie et la Chine sont toujours réticentes à l'idée d'un changement du régime par la force. Trente-neuf personnes ont encore été tuées mercredi matin dans les violences dont au moins 28 soldats dans la région de Lattaquié (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Des soldats, dont un officier, ont été capturés par les rebelles qui ont également mis la main sur des armes» dans cette région, ajoute l'ONG. L'armée syrienne perd quasiment chaque jour des hommes dans les combats avec les rebelles qui se sont multipliés ces derniers mois. Affrontements à Damas Outre les 28 soldats tués dans la région de Lattaquié, 11 autres personnes ont été tuées dans le pays, dont six rebelles et cinq civils. Près de Damas, un religieux chiite a été assassiné par des hommes armés dans la région de Sayidé Zainab, haut lieu de pèlerinage chiite en Syrie abritant le mausolée d'une petite-fille du prophète Mahomet. A Damas même, dans le quartier de Tadamone, des accrochages ont éclaté entre les forces régulières et des groupes rebelles. Des heurts de ce type se sont multipliés ces dernières semaines dans la capitale ultra-sécurisée par le régime du président Bachar al-Assad. Mardi, les violences avaient fait 62 morts, dont 31 civils, 27 soldats et quatre rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011, plus 14.400 personnes ont péri en Syrie, en majorité des civils, selon l'OSDH. Malgré la suspension de ses activités, la mission des observateurs de l'ONU --qui expire le 20 juillet-- va rester en Syrie, a indiqué mardi le général Robert Mood, le chef de la Misnus, jugeant qu'il s'agissait d'une «obligation morale». Cette mission entrait dans le cadre du plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan, qui prévoyait notamment un cessez-le-feu mais qui est resté lettre morte. Sur le plan diplomatique, la crise en Syrie était au centre de discussions de nombreux dirigeants au sommet du G20 à Los Cabos, au Mexique, où les divergences entre d'une part les pays occidentaux, partisans d'un changement de régime en Syrie, et d'autre part Pékin et Moscou étaient encore très palpables. Le président américain Barack Obama a admis qu'il n'était pas possible de «dire à ce stade que les Russes et les Chinois sont acquis à notre cause», estimant que les liens historiques de la Russie avec Damas et la réticence de la Chine à tout ingérence freinaient un règlement de la crise. Son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il a rencontré lors de ce sommet, a estimé de son côté que «personne n'a le droit de décider pour d'autres pays qui devrait être au pouvoir ou pas». «Ce n'est pas changer de régime qui est important, mais qu'après un changement de régime, qui doit être constitutionnel, un terme soit mis à la violence et que la paix s'installe dans le pays», a ajouté le président russe, tout en faisant état mardi de «nombreux points d'accord» avec Washington sur la Syrie. Le président français François Hollande a affirmé pour sa part que Moscou jouait «son rôle pour permettre la transition» en Syrie, impliquant le départ de Bachar el Assad du pouvoir. Ces divergences persistantes ont poussé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à appeler les 15 membres du Conseil de sécurité à s'unir pour mettre une «pression continue» sur le régime de Damas afin que celui-ci applique le plan Annan. Faute de quoi, «le jour viendra où il sera trop tard pour arrêter cette spirale» de la violence, a-t-il prévenu.