Au titre de l'année 2013, le HCP prévoit, sur la base des hypothèses retenues, une croissance économique de 4,3%. Attribuée, par ce département, à une reprise des activités du secteur primaire de 5,8% par rapport à 2012 et au maintien du dynamisme des activités non agricoles. Celles-ci s'inscriraient cependant dans un sentier de croissance en léger ralentissement, passant de 4,3% en 2012 à 4,1% en 2013. Les activités du secteur secondaire dégageraient une valeur ajoutée en progression de 4,9% au lieu de 4,4% en 2012 et celle du secteur tertiaire de 3,7% au lieu de 4,2%. Concernant l'évolution des emplois du PIB en volume, la contribution de la demande intérieure à la croissance s'élèverait à 6,2 points en 2013 au lieu de 3,5 points en 2012, suite à l'augmentation de la consommation des ménages de 4,5% en volume au lieu de 2,3% en 2012, de celle des administrations publiques de 3% au lieu de 12,5% et de la hausse de la FBCF de 7,1% après avoir enregistré 5,2% une année auparavant. Ce dynamisme de la demande intérieure, particulièrement de la consommation des ménages, associé à la persistance des prix du pétrole brut à des niveaux élevés (110 $/baril), exerceraient une certaine pression sur les prix intérieurs, et ce malgré l'hypothèse de reconduction des dépenses budgétaires de compensation. L'inflation, mesurée par le prix implicite du PIB, passerait de 2,1% en 2012 à 2,6% en 2013. Si le volume des exportations, sous l'effet de la légère relance de la demande mondiale adressée au Maroc, devrait s'améliorer de 6,3%, il resterait toutefois insuffisant pour assurer la couverture des besoins en importations. De son côté, le volume des importations des biens et services s'accroîtrait à un taux de 8,2%. C'est ainsi que la contribution négative des échanges extérieurs nets de biens et services à la croissance économique devrait-elle s'accentuer, passant de 1,1 point en 2012 à 2 points en 2013. Dans ce contexte, les déséquilibres structurels en matière de financement de l'économie devraient se creuser. La consommation finale nationale devrait s'accroître moins rapidement que le PIB nominal. Ceci devrait dès lors dégager une stabilité du taux de l'épargne intérieure à 20,3% du PIB en 2013. Par ailleurs, la part des revenus nets en provenance de l'extérieur baisserait de 6,6% du PIB en 2012 à 5,9% en 2013, et par conséquent, le taux d'épargne nationale se situerait à 26,3% du PIB. Ce niveau d'épargne resterait, néanmoins, inférieur à l'investissement brut. Avec 35,6% du PIB en 2013, ce dernier créerait un besoin de financement insoutenable de 9,3% du PIB, après 8,6% du PIB estimé pour 2012. Mettre en cohérence le modèle de consommation avec les réalités économiques Le HCP formule, en conclusion, quelques réflexions à propos de la situation et des perspectives de l »économie nationale et note que le Maroc, depuis plus d'une dizaine d'années, s'est engagé dans des investissements de grande ampleur, notamment dans des programmes d'infrastructures économiques et sociales et des actions de développement humain. Cette politique devait répondre aux impératifs d'amélioration de la compétitivité globale de notre pays et de son attractivité sur le marché international. Elle devait également répondre à la légitime aspiration de ses citoyens à l'amélioration de leurs conditions de vie. Au service de ces objectifs, le Maroc a mis en œuvre une politique budgétaire expansionniste bénéficiant de l'aisance financière, qui a marqué les années 2000, avant l'avènement de la crise financière internationale de 2008 et 2009. C'est dans ce cadre que les taux d'investissement ont atteint des niveaux parmi les plus élevés du monde, et la consommation des ménages s'est régulièrement améliorée. En contrepartie, la balance commerciale n'a cessé de se détériorer, le déficit budgétaire de se creuser et la capacité de financement de l'économie de s'éroder. Avec des taux, de plus en plus élevés et devenus de toute évidence insoutenables, les besoins de financement de notre modèle de développement selon les estimations pour 2012 et les prévisions pour 2013, soumettraient les marges de manœuvre des politiques budgétaires et monétaires à rude épreuve, malgré le niveau relativement bas de son endettement extérieur (25% du PIB en 2011), et ce dans un contexte international marqué par des incertitudes géoéconomiques, financières et politiques, croissantes. La problématique de la soutenabilité de la croissance économique et de la cohésion sociale se pose aujourd'hui avec acuité. Le choix de réformes structurelles pour y faire face ne semble plus pouvoir être éludé, note le HCP. Dans le sillage des mutations institutionnelles auxquelles, il est invité à s'engager, en conformité avec les dispositions de la Constitution, le Maroc a aujourd'hui l'ardente obligation d'entreprendre ces réformes. Celles-ci devraient lui permettre d'assainir ses finances publiques, de moduler les programmes et les plannings de ses investissements publics, de rompre avec l'économie et les situations de rente au profit d'une meilleure mobilisation de l'épargne et de l'investissement productif et de mettre ainsi en cohérence son modèle de consommation avec ses réalités économiques. C'est dès lors à travers un large débat démocratique que doit s'ouvrir dans notre pays l'ère d'un nouveau consensus national basé sur une vision prospective de l'intérêt national et une adhésion collective à un modèle de développement où les charges et les fruits de la croissance sont répartis d'une manière équitable.