Le gouvernement a décidé d'augmenter les prix des carburants à la pompe. Cette décision touche l'essence, le gasoil et le fuel industriel. De toute évidence, les pouvoirs publics ne manquent pas d'arguments pour justifier cette hausse qu'ils estiment indispensable et inéluctable. Le renchérissement du prix du baril de pétrole sur le marché international et la dépendance quasi-totale du Maroc du pétrole et du gaz qu'il se voit obligé d'importer pour satisfaire une demande intérieure de plus en plus croissante, ont rendu nécessaire cette décision d'augmenter les prix des carburants. La facture pétrolière payée par le Maroc et l'incapacité de la Caisse de Compensation à continuer à supporter l'octroi de subventions ont contraint le gouvernement à recourir à cette mesure jugée nécessaire pour le maintien des équilibres macro-économiques même si, en réalité, elle ne peut à elle seule suffire pour atteindre cet objectif. Une telle hausse des prix des carburants aura sans nul doute des répercussions sur les prix de vente des produits de première nécessité, mais surtout sur le secteur des transports qui ne manquera pas de réclamer des augmentations des prestations offertes au public, notamment pour les transports en commun et pour le transport des marchandises en général. C'est le consommateur qui sera en premier lieu le plus touché par cette hausse des prix des carburants et par les mesures qui seront arrêtées par les transporteurs et qui se répercuteront sur les prix de vente au détail. Le gouvernement devra donc faire preuve de vigilance pour lutter contre la pagaille des prix et les agissements illégaux et abusifs des spéculateurs et des intermédiaires qui chercheront à profiter de cette occasion pour réaliser des gains illicites. Un contrôle strict doit être exercé à tous les stades de la mise en vente des produits largement consommés, en général, et ceux de première nécessité, en particulier. La décision d'augmenter les prix des carburants devra être accompagnée par des mesures qui visent la protection du pouvoir d'achat des consommateurs et particulièrement des classes démunies. L'amélioration sensible des revenus des différentes catégories des travailleurs et les acquis obtenus lors des précédentes réunions du dialogue social sous le gouvernement Abbas El Fassi doivent être préservés, car il ne faut pas donner au travailleur d'une main ce qu'on lui retire de l'autre. Le gouvernement doit rendre publiques d'urgence les mesures d'accompagnement qui auraient dû être prises en concomitance avec l'annonce du renchérissement des prix des carburants à la pompe. Par ailleurs, il s'avère à présent que la réforme de la Caisse de Compensation est impérative et que le soutien apporté par les pouvoirs publics aux prix des produits de première nécessité doit profiter d'abord aux couches pauvres qui le méritent. La crise financière, et celle économique, en général, que connaît le continent européen en particulier se répercutent sur nos relations commerciales avec nos partenaires européens et sur les opportunités d'investissements créateurs d'emploi dans notre pays. L'enveloppe budgétaire consacrée à la Caisse de Compensation pour protéger le pouvoir d'achat de larges couches de la population marocaine a dépassé toutes les prévisions et, par conséquent, il était impossible et illogique de continuer à supporter le poids de la subvention apportée par la Caisse de Compensation. Il fallait donc intervenir et mettre un terme à la spirale des charges sans cesse croissantes et qui affecte la marche de l'économie nationale et la réalisation des grands chantiers de développement dont a vivement besoin notre pays. Les partenaires sociaux, qui ne manqueront pas de faire preuve de compréhension et de réalisme, s'attendent à présent à connaître la nature des mesures d'accompagnement que le gouvernement va prendre et son efficacité dans la politique de protection du pouvoir d'achat des consommateurs et de la classe moyenne et nécessiteuse en particulier. Le gouvernement ne doit pas tarder à publier ces mesures d'accompagnement et à entreprendre une vaste campagne de sensibilisation des populations marocaines affectées par la hausse des prix des carburants et de ses retombées.