«Ce qui pousse les acteurs de la société civile à agir, c'est, je crois, la certitude que dans notre monde divisé, la seule chose qui reste à partager plus équitablement c'est…l'avenir ». C'est par cette citation de Fédérico Mayor – ex-directeur de l'UNESCO – qu'inaugurait Anas Lahrichi – une conférence insolite dédiée au corps arbitral national, pratiquants et aspirants. Sans attenter à la qualité de nos sifflets nationaux, précise le président de l'Association Marocaine de Presse Sportive de Fès, le but suprême de la rencontre c'est bien de s'inspirer de l'expérience d'un pays, dont le niveau footballistique a hissé l'Espagne au plus haut sommet de la hiérarchie mondiale… ». Le ton était donné à un forum qui réunit dans la magnifique salle des sessions du Conseil Régional Fès-Boulmane un large parterre de « sifflets nationaux huppés » (les Bahhou, Naciri, Guezzaz, Ben Ali, Jarir, Jkaoua, Belftouh, Maazouz, etc), ainsi que plusieurs personnalités sportives dont le très bardé Belmahi Mohamed, président de la FRMC et du Comité Directeur du CODM, une belle brochette de jeunes arbitres des deux sexes), et sans oublier l'ex-président du MAS Saâd Akesbi et actuel promoteur de l'Académie « Akaff de Fès ». Le coup de sifflet d'envoi du doyen de la presse locale était donné à une partie qui s'étira jusqu'aux prolongations. A côté du confrère tangérois – Bachir Bouita qui assura une traduction-pro – St Don Miguel Sanchez Miguel, président délégué de la Fédération Andalouse de Football (F.A.F) donna un large aperçu de son organisation. Une Fédération andalouse qui est en fait chargée par la Fédération Espagnole de Football pour entreprendre toutes initiatives de coopération à travers le monde. Tout en félicitant les organisateurs du forum de ce 25 mai à Fès, Miguel Sanchez exprima la disposition de la FAF à collaborer à des échanges et le soutien à la presse et autres composantes du football local et national. Parmi les multiples prérogatives du Centre d'Etudes, de Développement d'Investigation et de Recherche (CEDIFA) qu'il préside , St Francisco Lopez Servio cite l'arbitrage qui y tient un rôle éminent : Et de préciser les normes officielles de formation des référés. Rien que pour le Niveau N° 1 la FIFA exige…400 heures de formation par an ! alors que la CAF se contente de … 80 heures ! Pour le niveau N° 2, ce sont 500 heures contre 100 à 210 heures pour la CAF, et, enfin 700 heures pour le Niveau 3 F.I.F.A !! Quant à la pratique footballistique générale, Francisco cite les ténors espagnol, allemand, …, mais aussi le cas insolite et… l'Uruguay ! Ce petit pays d'Amérique Latine de … 2,5 millions d'habitants où pullulent les terrains de football de clubs mais surtout de quartiers où se déroulent des compétitions régulières à partir de 12 ans… orientée vers le professionnalisme !! Et St Servio d'exclamer maintes questions relatives au football marocain qui occupe la… 60ème place au classement mondial : « Combien y-a-t-il de terrains dédiés aux tous jeunes ? Combien de techniciens qualifiés pour eux ? Quels programmes de sélections à tous les niveaux ? Y-a-t-il des programmes de formation des entraîneurs à travers l'ensemble du territoire marocain, ou simplement au niveau central ? Quels superviseurs pour ces encadreurs ? Etc, etc. Citant le modèle andalous et espagnol en général, le président de CEDIFA assure que, malgré la crise socio-économique qui sévit dans la péninsule ibérique, les compétitions de Liga, Copa d'El Rey, etc, marchent très, très fort ! Arbitrage y compris ! Entre alors en scène l'arbitre Rafael Ramirez Dominguez pour tenir en haleine une audience subjuguée par volubilité et maîtrise technique de celui qui a dirigé 135 matches de Liga et près de 20 matches de Coupe du Roi. Pour Rafael, l'arbitrage de foot-spectacle, c'est un travail de tous les jours à niveau supérieur, obéissant à une formation continue multiple. Affronter un match quelconque nécessite, outre une condition physique à toutes épreuves, une analyse préalable de l'environnement anté-et présent. Entre autres : conditions atmosphériques, champs de jeu, repérage des « joueurs à conflits » des deux équipes en présence, antécédents des deux clans (match aller en particulier, nature des occupants des bancs de touche, humeur du public, importance du match). Fort d'une préparation physique impeccable – dizaines de tours de piste, autant pour les traversées du terrain en diagonales, l'arbitre doit faire preuve d'une impeccable concentration psychique à 100% les 90 minutes durant. Une concentration qui permet d'assurer confiance, auto-contrôle, indépendance, respect des joueurs , discipline, excellente vision du jeu et sérénité. Le tout synonyme de professionnalisme qui aide à surmonter pression de joueurs du terrain, de banc de touche, de public, etc. Dans le tas, St Ramirez n'oublie pas la presse qui joue un rôle primordial car « elle aide à…corriger, et donc contribuer à élever le niveau de l'arbitrage qui reste, tout de même, de plus en plus difficile d'autant que le petit écran dévoile, dans le détail, les dérapages éventuels du référé. Mais attention, prévient notre andalous, il est impératif de se déplacer vers la ville du match bien avant le jour « J ». Surtout éviter de descendre dans les hôtels des clubs. Entre temps, il est recommandé d'user d'appoints technologiques : visualiser à travers vidéos matches précédents, et, plus tard matches du jour en compagnie des assistants (les 5) dans une lecture analytique approfondie. L'image du collectif arbitral en est intimement liée, tout comme la confiance intra-trio, et, finalement, la fluidité du jeu et avantage à l'offensive ! Après-matches, les déclarations. Et là, le bonhomme conseille la modération. Néanmoins, et au-delà des déclarations publiques, la fonction arbitrale appelle à une large ouverture avec diverses institutions : dirigeants, fédération, entraîneurs, etc, pour un enrichissement permanent. En somme, un perfectionnement tous azimuts car… « on nous paie pour ne pas se tromper » !!! Certes, des appoints technologiques frappent à la porte de l'arbitrage drapeaux électroniques, contrôle extérieur par monitoring, ballon « intelligent », caméras d'appréciation de franchissement de lignes de but, et qui restent à mettre au point. Mais la compétence intrinsèque s'avère une condition sine qua non de l'arbitrage idéal et de la préservation de l'image de tout référé. Toutefois, exhorte Rafael Ramirez, l'arbitre n'est pas seul responsable d'un football-spectacle synonyme de fluidité du jeu et où contribuent toutes les conditions de préparation physique et morale précédemment énumérées. Cet arbitrage idyllique requiert bien d'autres mesures tout aussi capitales : éradication de la violence dans les stades, fair-play des acteurs sur le champs de jeu, une bonne publicité, la génération de ressources pour soutenir la base (jeunes arbitres), le droit à une part de la publicité, le parrainage. En somme, conclut Rafael (Rafa pour les intimes comme le célèbre tennisman), « L'arbitre doit être rémunéré en fonction de l'environnement global du jeu avant de lui exiger le spectacle ». Longuement applaudi pour un exposé exhaustif avec force diapositives, Rafa se soumit volontiers à une vague de questionnements aussi bien de vétérans du sifflet national que de jeunes arbitres dont une fougueuse génération féminine. Ainsi de M. Jarir (influence des autres intervenants : public, joueurs, etc) ; de M. Guezzaz (auteur d'une superbe allocution d'ouverture sur l'arbitrage et de ses aléas qui n'ont pas empêché la stature de sifflets nationaux à travers le monde dont un certain Saïd Belqola) ; de M. Naciri (à l'hommage sympathique rendu à l'AMPS locale) ; de Khourag qui parle d'anticipation chez l'arbitre; de maître Belmahi qui soulève l'épineuse problématique de la couverture sociale de l'arbitre exposé à une fin de carrière des plus incertaines après les 45 ans fatidiques ; de cette jeune arbitre qui implore plus de considération pour le sifflet féminin y compris au plan international ; ou encore de cet arbitre de Mechraâ Belksiri qui interpelle notre fédération pour une prospection de futurs arbitres… dans nos quartiers. Au terme de ce marathon arbitral, plusieurs trophées de mérite et de reconnaissance ont été attribués aux invités andalous ainsi qu'à de grandes figures de l'arbitrage marocain dans une pathétique cérémonie de retrouvailles de générations à plusieurs décades de différence.