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Colloque sur « Le mouvement des droits humains au Maroc, bilan et perspectives » La LMDDH appelle à la mise en œuvre saine de la Constitution dans le domaine des Droits de l'Homme
• Mohamed Taoufik Kabbab : Le dossier des graves violations des droits de l'Homme demeure ouvert • Mohamed Zhari : La prochaine bataille de la Ligue sera d'amener les autorités à mettre en œuvre toutes les dispositions constitutionnelles Le dossier des graves violations des droits de l'Homme entre l'approche de l'Etat et les revendication du mouvement humanitaire, l'action humanitaire au Maroc entre approche globale et action spécifique ou, encore, l'expérience de l'action humanitaire collective ont figuré parmi les principaux axes de la rencontre organisée vendredi dernier par la Ligue Marocaine de la Défense des Droits de l'Homme (LMDDH) sous le thème : « Le mouvement des droits humains au Maroc, bilan et perspectives » à l'occasion du 40ème anniversaire de sa création. Cette rencontre à laquelle ont pris part divers acteurs humanitaires, chercheurs et anciens prisonniers politiques, a permis de faire le point sur le combat du mouvement humanitaire des années durant et de sérier les défis qu'imposent les mutations que connaît le Maroc à la faveur de la nouvelle Constitution en vue d'atteindre les objectifs escomptés ainsi que de présenter des propositions en rapport avec l'action humanitaire collective et les attentes du mouvement humanitaire concernant l'avenir. C'est ainsi que Me Mohamed Zhari, président de la LMDDH a notamment rappelé que la Ligue est la première organisation humanitaire au Maroc puisque sa création remonte au 11 mai 1972 et que cette rencontre intervient dans le cadre de son Bureau central issu du 6ème congrès qui s'est tenu en juillet 2011, en vue de faire le point sur l'action de cette organisation dont la création était intervenue à une époque particulièrement difficile et où le seul fait de prononcer les vocables « droits de l'Homme » conduisait en prison et où les droits d'opinion, d'expression et de rassemblement étaient littéralement confisqués et leur exercice signifiait rapts et disparitions forcées alors que la torture était monnaie courante. Il a indiqué, ensuite, que cet anniversaire marque un nouveau départ pour la LMDDH qui compte désormais établir des rapports annuels circonstanciés sur la base d'un check up approfondi des violations des droits tant politiques que civils, économiques, sociaux, etc. qui seront présentés à l'opinion publique le 11 mai de chaque année. La rencontre a été, en outre, l'occasion d'évaluer l'action du mouvement humanitaire marocain et de dresser le bilan de ces droits selon la perception que l'Etat en a, comme de scruter les perspectives d'avenir, de fixer les tâches futures et de faire des propositions concernant l'action collective. La LMDDH, ajoute-il, considère que cette année aura été celle du « printemps marocain » du fait que les mouvements de protestation, y compris celui du 20 février, ont renforcé et contribué à libérer l'espace public et que l'Etat y a réagi positivement à travers l'amendement de la Constitution, notamment pour ce qui est du renforcement des droits et libertés, de même qu'il a tenu compte du mémorandum de la Ligue en date du 14 avril 2011, après que celle-ci ait décidé de boycotter la commission consultative. Et de conclure que même si la Constitution satisfait moult revendications, la LMDDH continuera à militer pour satisfaire ce qui ne l'a pas encore été et que la prochaine bataille de la Ligue consistera à amener les autorités à mettre en œuvre, sans plus tarder, de toutes les dispositions constitutionnelles afin de défendre les droits de l'Homme au seul service de ces derniers et à tous les niveaux, conformément aux conventions et accords internationaux en la matière. Pour sa part Me Mohamed Taoufik Kabbab, vice-président de la LMDDH, a mis l'accent sur le rôle du mouvement humanitaire dans les années 70 et 80 du siècle dernier, ce qui a donné lieu à une amnistie générale puis, à la promulgation dans les années 90 de la Charte nationale des droits de l'Homme à laquelle la Ligue a largement contribué et qu'il a qualifiée d'événement historique en ce qu'elle reflète la volonté unanime du mouvement humanitaire de réclamer la fin des violations des droits de l'Homme, le nécessaire et strict respect de ces derniers et l'amorce du processus de réformes ; ce qui a amené, entre autres, l'Etat à annoncer la création d'un Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), d'un ministère des Droits de l'Homme et à prendre diverses mesures dont les plus importantes restent l'amnistie générale des année 1991,1994 et 1998, l'entérinement par le Maroc de plusieurs conventions internationales, le retour au pays d'Abraham Serfati et de la Famille de Mehdi Benbarka, la levée de la résidence surveillée contre Abdessalam Yassine ou, encore, la création d'une instance d'arbitrage indépendant, aux côtés du CCDH, chargée de statuer sur les réparations dues aux victimes des graves violations des droits de l'Homme. Il a relevé, cependant que cette dernière ne s'est pas attachée a examiner l'éventualité de réparations globales et intégrales se contentant de fixer des indemnisations matérielles sans aller au fond des choses, ni adopter l'approche communément utilisée en matière de justice transitionnelle ce qui, a-t-il dit, a fait que les résultats de cette instance restent mitigés malgré leur importance indéniable avant d'insister sur la nécessité d'entreprendre des actions communes et d'unifier les rangs du mouvement humanitaire car l'expérience a démontré que la coordination et l'action concertée a toujours donné ses fruits et permis de réaliser d'importants acquis. Il a conclu que la LMDDH, pour laquelle le dossier des graves violations des droits de l'Homme reste ouvert, est déterminée à œuvrer dans ce sens et appelé à la création d'un front humanitaire national fort, soudé et homogène à même de faire face à toute velléité de violations des droits et libertés et à contribuer à la saine et stricte mise en œuvre de la Constitution comme le peuple marocain est en droit de s'y attendre.