Un premier groupe d'observateurs a entamé lundi en Syrie sa mission consistant à veiller au respect du fragile cessez-le-feu par les forces gouvernementales et l'opposition, a déclaré le porte-parole de l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe Kofi Annan. Les six hommes sont arrivés à Damas dimanche soir, sous la direction du colonel marocain Ahmed Himmiche, a indiqué Ahmad Fawzi. Les observateurs ont été reçus par des responsables du ministère syrien des Affaires étrangères. Vingt-cinq autres observateurs devraient arriver dans les prochains jours. "La mission commencera par mettre en place ce matin un QG opérationnel et par prendre contact avec le gouvernement syrien et les forces de l'opposition afin que les deux parties comprennent pleinement le rôle des observateurs de l'Onu", a précisé le porte-parole dans un communiqué. "Les 25 observateurs restants doivent arriver dans les prochains jours", a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé samedi à l'unanimité le déploiement de trente observateurs dans le cadre d'une mission préparatoire à l'envoi ultérieur d'un contingent plus conséquent d'au moins 250 observateurs au total. Dimanche, Ahmad Fawzi a dit s'attendre à l'adoption en fin de semaine d'une seconde résolution autorisant le déploiement de la mission de 250 observateurs, parmi lesquels des experts des droits de l'homme. "Nous commencerons notre mission dès que possible, et nous espérons qu'elle sera un succès", a déclaré le chef de la mission, le colonel Ahmed Himmiche à l'Associated Press alors qu'il quittait un hôtel de Damas avec son équipe lundi matin. Selon deux mouvements d'activistes, les Comités locaux de coordination et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, le bombardement de Homs a repris tôt lundi, pour la troisième journée consécutive. "Les forces gouvernementales, qui tentent de prendre le contrôle ded quartiers de Homs, bombardent les quartiers de Khaldiyeh et Bayada avec des tirs de mortiers", a souligné l'observatoire. Deux personnes ont été tuées lundi à Hama, dans le centre de la Syrie, lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur leur véhicule, ont affirmé les deux organisations. Appel pour une « retenue maximale » sur le terrain Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté lundi les autorités syriennes à la "retenue maximale" sur le terrain et l'opposition dans le pays à une pleine coopération pour faire respecter un cessez-le-feu qui demeure "très fragile". "Les autorités syriennes doivent faire preuve d'une retenue maximale" tandis que "les forces de l'opposition doivent aussi pleinement coopérer" afin de permettre que le plan de l'émissaire Kofi Annan pour la fin des hostilités dans le pays puisse être mis en oeuvre, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Le secrétaire général de l'ONU a jugé que le cessez-le-feu restait sur le terrain "très fragile", estimant qu'il était "très important" que toutes les parties, à commencer par le régime, fassent en sorte de respecter les conditions qui ont été posées. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui participait à la conférence de presse aux côtés de M. Ban, a aussi lancé un appel à Damas. "Nous appelons le gouvernement syrien à respecter pleinement le plan en six points et ce de manière urgente", a-t-il dit. Dans l'immédiat, le secrétaire général de l'ONU a refusé d'envisager l'option d'une protection militaire pour les observateurs de l'ONU qui ont commencé à se déployer dans le pays. "Nous n'envisageons pas de protection militaire pour le moment car nous pensons que leur liberté de mouvement devrait être garantie" par les autorités syriennes, a-t-il souligné. Cette mission, votée samedi à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, s'annonce à haut risque pour les six observateurs non armés déjà sur le terrain sous la direction du colonel marocain Ahmed Himmiche: l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) faisant déjà état de la mort de deux civils lundi. Les combats entre soldats et déserteurs ont repris dans le nord-ouest et l'armée a de nouveau bombardé le vieux Homs (centre), dont le contrôle lui échappe toujours, alors que des ambassadeurs occidentaux ont exprimé des doutes quant à la volonté du président Bachar al-Assad de renoncer à la répression. La résolution 2042, la première adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie depuis le début de la crise en mars 2011, prévoit le déploiement dans les prochains jours de 30 observateurs militaires non armés et stipule que Damas est responsable de leur sécurité.