Les chefs d'entreprises n'ont pas le moral. C'est ce qui ressort, en tout cas, de l'enquête de l'Observatoire de l'Entrepreneuriat menée auprès des plus grandes entreprises marocaines. La confiance des dirigeants des 500 plus grandes entreprises marocaines a affiché, au cours du 1er trimestre 2012, la plus forte régression depuis le lancement de l'enquête il y a plus de trois ans, soulignent les analystes de l'ODE. Et la même source d'ajouter que « le climat d'attentisme, nourri tant par la persistance de la crise dans la zone euro que par le retard accusé dans la présentation du projet de la loi de finances 2012, conjugué à la flambée des cours du pétrole, n'a en effet pas manqué de se répercuter sur la perception des managers du Royaume ». Dans le détail, 31% des sondés ont jugé inchangée la situation économique actuelle du pays par rapport à celle d'il y a 6 mois, 58% l'ont considérée moins bonne et à peine 11% l'ont estimée meilleure contre 33% trois mois plus tôt, soit un solde d'opinion de -47%, en baisse de 39 points de pourcentage d'un trimestre à l'autre. Persuadés du rôle salvateur de la demande intérieure et confortés par le maintien par Moody's de la note du Royaume, les dirigeants interrogés s'attendent toutefois à une certaine reprise économique pour le prochain semestre. L'enquête relève par ailleurs que 32% des entreprises de l'échantillon ont qualifié de meilleure la situation actuelle de leur propre secteur, en comparaison avec celle d'il y a 6 mois. Par branche, le climat reste cependant mieux orienté dans les mines/énergie et les équipements automobiles. L'actualité récente de ces deux activités (important plan d'investissement et performances à l'export de l'OCP, comportement favorable des ventes d'électricité, première livraison de Lodgy «made in Morocco» en Europe) abonde parfaitement dans ce sens. Tout en fondant beaucoup d'espoir sur la poursuite des grands projets nationaux et sur un renforcement de la cohérence entre les stratégies sectorielles, 46% des managers prédisent un bilan plus favorable de leurs secteurs à l'issue du prochain semestre. Ce jugement est partagé par les opérateurs dans l'ensemble des secteurs qui attestent pratiquement tous d'un indice de confiance supérieur à 50%. Ce sont les entreprises qui opèrent dans le commerce et les BTP qui se trouvent en tête de peloton. Ces deux branches sont soutenues par deux facteurs : demande interne vigoureuse et mobilisation d'une enveloppe conséquente pour les investissements publics, soit 188 milliards de DH au titre de l'exercice 2012. S'agissant de l'évolution de l'activité de leurs entreprises à l'horizon de septembre 2012, la confiance des dirigeants, contraints de se plier à la dictature des prix et au rallongement des délais de paiement dans un contexte de manque de visibilité sur les carnets de commande, n'échappe pas à l'effervescence baissière, mais demeure un peu plus positive que celle affichée vis-à-vis des aspects macroéconomiques et sectoriels. Par ailleurs, l'augmentation de la demande et la réduction des coûts restent encore, par ordre d'importance, les deux principales raisons d'amélioration de l'activité des répondants. Ceci corrobore le fait que l'évolution de la situation économique dans l'UE, principal partenaire du pays, et son impact sur les cours des devises et des matières premières continuent d'apparaitre parmi les éléments les plus suivis et les plus estimés. L'ODE note, en outre, que l'optimisme assez prudent des professionnels pour les 6 prochains mois se reflète dans leurs intentions d'investissement - 75% l'envisageant globalement mais seulement 40%avec certitude. Aussi, interrogés sur leurs intentions de recrutement, les dirigeants sont très légèrement plus nombreux (55%) à répondre positivement par rapport à trois mois plus tôt (53%). L'ODE note enfin que sur le plan sectoriel, le tourisme et les transports qui traversent une sérieuse zone de turbulence (baisse des nuitées et du taux d'occupation, crise de l'armement maritime, dégâts collatéraux de l'Open Sky) sont les branches présentant les attentes les moins ambitieuses.