Le principal suspect des tueries qui ont fait sept morts en France est assiégé par les policiers dans un immeuble de Toulouse où il s'est retranché et dit vouloir se rendre, a déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Cet homme, qui se revendique d'Al Qaïda, a échangé des coups de feu avec la police qui tente de négocier avec lui. Les forces de l'ordre avaient fait exploser devant l'immeuble vers 09h00 une voiture appartenant au suspect et qui, selon une source policière, était «remplie d'armes». «On peut effectivement parler d'un présumé coupable, nous sommes certains que l'homme qui est cerné par la police et dont nous attendons la reddition, les pourparlers sont en cours, est celui qui a commis les assassinats successifs des 11, 15 et 19 mars», a dit Claude Guéant sur BFM-TV. «Le profil est celui de quelqu'un d'extrêmement déterminé», a-t-il ajouté. «Ceci dit, actuellement, il est en train de dialoguer avec un fonctionnaire de police et il dit (...) qu'il se rendra dans l'après-midi.» «Il n'a pas de requête particulière sauf qu'il souhaite parler, il parle beaucoup, clame ses convictions djihadistes, affirme qu'il est un moudjahidine, se réclame d'Al Qaïda, dénonce la mort d'enfants palestiniens», a-t-il ajouté . Claude Guéant a ajouté que l'homme avait jeté par la fenêtre un colt 45 mais qu'il possédait encore «beaucoup d'armes», dont une kalachnikov et un pistolet uzi. Le frère et la petite amie du suspect, qui, selon une source policière, s'appelle Mohamed Merah, ont aussi été interpellés. Deux policiers du Raid, un groupe d'intervention d'élite, ont été blessés et un troisième a vu son casque atteint par une balle, a-t-on appris de même source. Lors d'une intervention distincte devant la presse, le procureur de Toulouse et le responsable de la section antiterroriste du parquet de Paris, chargé de l'enquête, ont précisé que plusieurs opérations étaient en cours dans l'agglomération toulousaine. Le principal suspect est un homme âgé de 24 ans connu des services de police. Une gigantesque chasse à l'homme a été engagée lundi après le meurtre d'un rabbin et de trois enfants dans une école juive de Toulouse. La semaine précédente, trois militaires ont été abattus de sang-froid, selon le même mode opératoire, l'un à Toulouse et deux autres à Montauban. A chaque fois, l'auteur des coups de feu mortels est arrivé en scooter et a visé ses victimes à la tête. Le principal suspect est un Toulousain, de nationalité française, qui a effectué des séjours en Afghanistan et au Pakistan, a dit Claude Guéant. La mère du suspect a été amenée sur les lieux mais n'a pas souhaité entrer en contact avec son fils, a-t-il ajouté. L'opération a été lancée aux alentours de 3h00 du matin mercredi dans le quartier résidentiel de la Côte Pavée, dans l'est de Toulouse. Le suspect est retranché dans un immeuble de cinq étages des années 1970 qui tranche avec le reste des habitations, des petits pavillons. La rue Sergent Vigné où se trouve cet immeuble se situe à quelques centaines de mètres à peine du lieu du premier meurtre d'un militaire, le 11 mars dernier, et de l'école juive où quatre personnes ont trouvé la mort lundi dernier. «C'est un quartier calme», a déclaré une voisine, Cathy Fontaine. «Il y a une crèche là, des écoles derrière, c'est vraiment un quartier très cosmopolite en plus.» Un journaliste de Reuters présent sur place a constaté que la zone était entièrement bouclée par les forces de l'ordre. Des coups de feu ont été entendus vers 05h40 et vers 08h30. Des policiers casqués et armés de fusils automatiques étaient déployés sur place. Toute la région Sud-Ouest a été placée sous haute surveillance avec le dispositif «Vigipirate écarlate», sans précédent en France. Le procureur de la République de Paris, François Molins, qui dirige l'enquête, a insisté mardi sur la «piste terroriste» au sens du droit français, à savoir la volonté de troubler l'ordre public «par l'intimidation et la terreur. Selon le magistrat, l'homme agit avec «sang-froid» et son action est «préméditée», comme le montre «le choix de ses cibles», à savoir «l'armée», «l'origine» des victimes pour les militaires ou «leur confession» dans le cas de l'école juive. Les trois soldats assassinés sont d'origine maghrébine et un quatrième, grièvement blessé, est Antillais, ce qui a alimenté la thèse de tueurs issus de l'extrême droite. Le recteur de la Grande mosquée de Paris s'est dit abasourdi que l'auteur présumé des tueries se réclame d'une mouvance islamiste intégriste dont il a souligné qu'il pensait qu'elle était «neutralisée dans notre pays». «Ce que je peux dire c'est l'abasourdissement, c'est véritablement la surprise la plus totale que (...) tous ces méfaits inqualifiables qui ont lieu depuis une dizaine de jours soient d'une mouvance intégriste, djihadiste et de type terroriste dont on croyait qu'ils étaient cadrés et neutralisés et en tout cas complètement inoffensifs dans notre pays», a-t-il déclaré sur iTELE. La présidente du Front national Marine Le Pen a placé l'affaire sur le terrain politique en réclamant la guerre contre les fondamentalistes et en affirmant que la France payait le prix de son engagement militaire en Afghanistan. A souligner que l'auteur présumé des tueuries a été arêté dans l'après-midi d'hier, mercredi.