Les propos tenus par la délégation algérienne devant le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU vont à contrecourant de la récente dynamique dans les relations entre les deux pays et des efforts engagés pour la relance de l'Union maghrébine, a affirmé M. Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc à Genève . "Les propos de la délégation algérienne ne sont pas de nature à conforter la récente dynamique dans les relations bilatérales engagée par les deux pays, ni son corollaire la relance de l'UMA", a déclaré M. Hilale devant la 19è session du CDH, dans le cadre de son droit de réponse. S'exprimant lors du débat général sur "les situations relatives aux droits de l'Homme qui requièrent l'attention du Conseil", le diplomate a fait part de sa "profonde surprise" à l'égard de la déclaration de la délégation algérienne au sujet du Sahara marocain. "L'évocation de cette question dans cette enceinte est déplacée tant dans sa démarche que dans son contenu", a-t-il dit. "La démarche contredit manifestement la récente décision conjointe des deux ministres des Affaires étrangères du Royaume Maroc et de l'Algérie de laisser cette question, dans sa globalité, entre les mains de l'ONU, en vue de parvenir à une solution politique et mutuellement acceptable de ce différend. Aussi, les propos de la délégation algérienne ne sont pas de nature à conforter la récente dynamique dans les relations bilatérales engagée par les deux pays, ni son corollaire la relance de l'UMA", a affirmé M. Hilale. Pour le diplomate marocain, "la réaffirmation par la délégation algérienne du contenu de ses déclarations antérieures appelle la réaffirmation réciproque par ma délégation de ses positions antérieures, au sujet de notre cause nationale". S'agissant du contenu de la déclaration algérienne et de ce qu'elle a appelé les trois aspects la question du Sahara marocain, il a rappelé que ce litige "éminemment politique et qui procède d'un différend régional", fait l'objet de pourparlers informels dont le dernier round s'est clôturé mardi à New York, sous les auspices du secrétaire général de l'ONU et de son Envoyé personnel, avec la participation de toutes les parties, y compris l'Algérie. "Cette négociation devrait être préservée contre tout type de déclaration autant provocatrice que stérile", a-t-il relevé. Quant à la dimension humanitaire, a-t-il poursuivi, elle relève bien évidemment du HCR, plus particulièrement dans son préalable de recensement des populations des camps de Tindouf. L'obligation de l'enregistrement, a-t-il encore rappelé, a fait l'objet d'un appel pressant du Conseil de sécurité de l'ONU dans sa résolution 1979 d'avril 2011, au pays hôte, lui demandant d'autoriser le HCR de procéder à sa réalisation. "Les populations des camps de Tindouf sont les seules au monde à ne pas être enregistrées, ce qui affecte fondamentalement leur statut ainsi que leur sécurité et favorise le détournement de l'assistance humanitaire qui leur est destinée", a-t-il ajouté. Abordant la dimension des droits de l'Homme, il a souligné que le Maroc est "fort de sa dynamique de réformes démocratiques pionnière dans la région. Le Maroc est fort de sa nouvelle Constitution qui constitue une véritable Charte des droits de l'homme. Il est également fort de son arsenal juridique et institutionnel des droits de l'homme, qui couvre l'ensemble des régions du territoire national dont celle du Sahara". Dans ce contexte, M. Hilale a rappelé que le Conseil national des droits de l'Homme vient d'installer ses Commissions régionales dont une à Laâyoune et une autre à Dakhla, avec un véritable mandat de supervision et d'enquête au sujet des droits de l'Homme. Il a aussi tenu à souligner que le Royaume est le seul pays de la région à s'ouvrir sur les 33 procédures spéciales du Conseil. "Ainsi plusieurs procédures ont visité le Maroc, dont l'experte indépendante sur les droits culturels en 2011 qui s'est rendue au Sahara marocain, ainsi que le groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes, le mois dernier". Ce groupe, a-t-il ajouté, était également invité au Sahara, mais sa présidente s'en est excusée pour manque de temps, alors que le rapporteur spécial sur la torture, M Juan Mendez a accepté l'invitation du Maroc de visiter le Royaume, son Sahara compris, en septembre 2012. "Devant autant d'ouverture de la part du Maroc, une question s'impose : y a-t-il une seule procédure spéciale qui a pu visiter les camps de Tindouf ? La réponse est NON. Ce qui est fort regrettable tant le problème des droits de l'homme a été exposé et documenté régulièrement dans les rapports des différentes ONG internationales", a-t-il fait observer. L'ambassadeur représentant permanent du Maroc à Genève a attiré l'attention du CDH sur une autre dimension que "la délégation algérienne a sciemment occultée". "Il s'agit des conséquences sécuritaires du non règlement de la question du Sahara sur la stabilité et la sécurité dans la région sahélo saharienne", a précisé M. Hilale, qui a invité le conseil des droits de l'Homme "à avoir une pensée aux trois humanitaires, deux Espagnoles et une Italienne, Mme Ainhoa Fernandez, M. Enric Gonyalon et Mme. Rosella Urru, kidnappés de l'intérieur de ces camps et avec des complicités internes".