La première séance du procès des accusés dans l'affaire de constructions anarchiques à Dkhissa, qui a débuté vendredi dernier au tribunal de première instance, a été consacré à l'interrogatoire des accusés, poursuivis en état d'arrestation, ainsi qu'à l'audition de certains témoins dont le caïd de cette commune. Le tribunal a par ailleurs refusé la demande de liberté sous caution plaidée par les avocats des mis en cause. Juste après la prière du vendredi, le tribunal a été pris d'assaut par des centaines de citoyens venus suivre les péripéties de ce procès. La plupart, selon des témoignages recueillis devant le tribunal, à Lalla Aouda, sont des personnes qui ont acheté et donc construit des maisons dans cette zone. Ils se posent des questions sur leur sort. Vont-ils ordonner la démolition de nos maisons ? Quel sort vont-ils nous réserver ? Certains avocats se sont donnés du mal, avec pédagogie, à expliquer à cette population que le tribunal devait se prononcer sur les délits reprochés aux accusés et non prendre des décisions au sujet des constructions. Les faits remontent à la fin du mois de février avec l'arrestation de 19 personnes dont le président de la commune, deux conseillers, 3 techniciens, un Khalifa et un Moqadem et des lotisseurs clandestins dans une affaire de prolifération de l'habitat anarchique. Plus de 4000 constructions anarchiques ont vu le jour dans cette commune à l'est de Meknès, sur des hectares appartenant à des ayants droits en tant que terres collectives et des terres des Habous. Des zones de non droit, de vrais ghettos urbanistiques ont prospéré avec la complicité d'élus, d'agents d'autorité et de certains rapaces qui se sont spécialisés dans ce genre de commerce illicite. Vu le gravité de la situation à Dkhissa, le parquet avait ordonné mercredi 22 février dernier l'arrestation et la poursuite du président de la commune de Dkhissa, Mohammed. G, de deux conseillers, de 3 techniciens appartenant aux services de la commune, du khalifa du Caïd, d'un Moqadem et d' autres personnes impliquées dans la vente de terrains et les constructions anarchiques qui se sont développés à un rythme effrénée dans la commune. Ils sont poursuivis pour corruption, livraison d'autorisations non-conformes à la loi en vigueur, complicité dans la prolifération de l'habitat anarchique et non réglementaire, escroquerie et ce, conformément aux articles 248, 360, 361, 540 et 542 du code pénale. Ce sont 33 personnes qui sont poursuivies dans cette affaire dont 19 en état d'arrestation et les autres en liberté provisoire. Les 19 accusés, dont le président, ont été transférés à la prison civile de Toulal. On attendra la prochaine séance, avec le réquisitoire du parquet et les plaidoiries des avocats pour voir plus clair dans cette affaire.