Le secteur agricole souffre cette année d'un déficit pluviométrique manifeste et surtout de la gelée qui a eu des effets néfastes sur la production céréalière et sur plusieurs cultures. L'élevage a beaucoup pâti du manque de pluie et de la cherté des aliments de bétail. Le prix de la botte de paille a triplé et est passé dans plusieurs régions de 8 dirhams à 35 dirhams. Les autres aliments de bétail ont connu le même sort et constituent pour les éleveurs un lourd fardeau qu'ils n'arrivent pas à supporter. Cette augmentation des prix, qui obéit à la loi de l'offre et de la demande, est parfaitement justifiée par le manque d'herbe dans les pâturages et celui des fourrages en général. Devant cette situation catastrophique, plusieurs éleveurs, qui manquent de moyens, commencent dans plusieurs régions du Maroc à brader leurs troupeaux à des prix dérisoires. Ce qui constitue une perte sèche pour les éleveurs et risque d'avoir des effets négatifs sur l'approvisionnement des marchés en viandes rouges et surtout sur l'offre de têtes de bétail à l'occasion de la célébration de l'Aïd Lakbir. Les agriculteurs et les éleveurs fondent de grands espoirs sur les précipitations du mois de Mars pour sauver ce qu'on peut enfin le faire des cultures tardives, notamment les pommes de terre, la betterave à sucre, la tomate, les arbres fruitiers et d'autres cultures. Pour leur part, les éleveurs attendent avec grand intérêt et espoir les pluies annoncées pour le mois de Mars pour sauver ce qui reste de leur élevage. Mais, en attendant, il ne faut pas les laisser affronter seuls leur sort et perdre leur bétail qui constitue l'un des éléments fondamentaux de notre sécurité alimentaire. Les pouvoirs publics doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour venir en aide aux agriculteurs et aux éleveurs dont certains ont dépensé tous leurs capitaux et risquent de ne pas les récupérer du fait de la situation de crise qui prévaut actuellement dans le secteur agricole. L'Etat doit accorder d'urgence une subvention aux éleveurs pour ne pas brader leur bétail et aux agriculteurs sinistrés. Il faut obligatoirement importer des céréales, notamment de l'orge et de l'avoine, en profitant des cours mondiaux en baisse, et ce, pour répondre à la demande intérieure en cas de mauvaise récolte. D'un autre côté, les pouvoirs publics doivent venir en aide aux agriculteurs et aux éleveurs qui ont contracté des prêts auprès des banques, et particulièrement auprès du Crédit Agricole, pour soit passer l'éponge sur l'ardoise des paysans démunis endettés ou, au moins, rééchelonner leurs dettes en espérant des années agricoles meilleures. Une vaste campagne de sensibilisation doit être entreprise pour inciter les agriculteurs à opter pour des contrats d'assurance pour les rembourser des frais engagés en cas de sinistre et de dégâts. Le secteur agricole joue un rôle déterminant dans le développement général du pays et dans l'activité économique du fait du nombre d'emplois qu'il assure parmi la population active et surtout pour la satisfaction de la demande intérieure et la réalisation de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, le gouvernement doit mettre en œuvre d'urgence une stratégie visant la préservation de nos ressources hydriques et la gestion saine et rationnelle de l'eau. Les citoyens ont un rôle essentiel à jouer dans ce sens et doivent être conscients de l'importance de l'eau en évitant tout gaspillage et toute utilisation abusive de cette denrée qui devient de plus en plus rare et chère. Le monde connaît de grands changements climatiques qui menacent les équilibres naturels et créent des perturbations dans l'approvisionnement de plusieurs régions en eau. Nous devons nous préparer aux effets de ces variations climatiques et construire davantage de barrages, procéder au dessalement de l'eau de mer et profiter au maximum des eaux des fleuves et des oueds pour qu'elles ne se perdent pas inutilement dans les mers.