Il y a plus pitoyable que l'élimination des Lions de l'Atlas en CAN 2012. Le concert de critiques, de reproches, d'insultes, le climat de règlements de comptes dans lesquels se sont plongés certains auront donné une lamentable image du monde sportif. On est largement sorti de l'analyse du résultat d'un match pour dériver dans des considérations déshonorantes. A quoi bon tout cela ? Des rendez-vous majeurs attendent le football national. La prochaine CAN débutera le 15 janvier 2013 en Afrique du Sud et dès le 8 juin 2012, se profile déjà un Maroc-Côte d'Ivoire (Mondial 2014) qu'il va nous falloir affronter dans le meilleur état possible. Il nous faut rafistoler, reformer, remobiliser, reconstruire. Sans bavardages et lynchages inutiles. Jeudi dernier à Fès au Palais Jamaï, le MAS avait rendez-vous avec Maroc Telecom. Le partenaire du sport national entendait récompenser l'équipe fassie de ses récentes victoires. Et Maroc Telecom qui sait mettre les petits plats dans les grands avait fait les choses en beauté. Tous les joueurs, le staff technique et des dirigeants ont reçu un petit bijou de technologie, le dernier-né des portables bourrés de gadgets avec cerise sur le gâteau une magnifique cravate aux couleurs du club. Et l'opérateur n° 1 du pays lançait un beau défi aux Massistes. Sur le podium officiel, une banderole proclamait « Et pourquoi pas la super coupe ? » En fin février, en effet, le MAS sera en Tunisie pour y affronter l'Espérance Sportive de Tunis. Et alors là, ce qui sera offert au MAS, personne n'ose en rêver. Ce sera beau, élégant et valorisant. Abdeslam Ahizoune qui a présidé la réception n'a ni l'habitude de faire les choses à la légère ni de parler en l'air. Dans son allocution, il n'a pas manqué de souligner, avec une malicieuse intelligence, la différence entre le football et l'athlétisme : « Si au Gabon, a-t-il dit, nos footballeurs étaient en finale, tout le monde, aujourd'hui, serait content. On parlerait d'exploit. Alors que les athlètes qui arrivent souvent en finale de leurs courses n'intéressent personne, car on leur réclame la médaille d'or. C'est comme ça… ». Et oui, c'est toute une culture sportive qui n'a pas été faite. Il faut faire avec, comme dirait Ahizoune. Cela a été clair samedi soir. Même le Barça peut être battu et par beaucoup plus petit que lui. Surtout un Barça sans Xavi et sans Iniesta qui sont les vrais diamants du club. Beaucoup plus que Messi, Sanchez ou Fabregas. Le football n'est pas une somme d'individualités, mais bien la combinaison idéale entre le talent, la solidarité, et la volonté d'aller de l'avant, le tout enrobé d'un indispensable esprit de groupe. Et en foot, le meilleur joueur du monde ne peut rien faire tout seul. Ce n'est pas comme dans une finale de 100 m ou 1500 m où l'individu est roi de son destin. En foot, la victoire passe par les autres. Tous les autres.