Le printemps arabe n'a eu “aucun effet négatif” sur le transport maritime de marchandises au Maroc, où le marché a augmenté de 6% en 2011, a affirmé, lundi à Paris, le Directeur général de Maersk Maghreb, Laurent Bresson. “Là où on a vu des heurts et des violences, on a eu de vrais problèmes”, a-t-il dit en référence à la situation notamment en Tunisie et en Egypte où l'activité du groupe Maersk a connu une réelle “turbulence”, a affirmé M. Bresson lors d'une table-ronde sur les “conséquences économiques des réveils arabes”, en marge de la présentation du rapport “risque pays” de la Coface (Compagnie française de l'assurance pour le commerce extérieur). Ce responsable de la première compagnie maritime et plus grand armateur de porte-conteneurs du monde qui a dressé un tableau contrasté de l'évolution des affaires dans le monde arabe en 2011, a fait état d'effets “extrêmement lourds” des révolutions arabes sur le marché du transport maritime, avec une chute de l'activité de 5% en Tunisie, - 7,5% en Egypte, -12% en Syrie et - 73% en Libye. “En Tunisie, on a vécu une année avec trois gouvernements provisoires et une administration en début de décomposition: très difficile d'avoir une sérénité”, a-t-il notamment expliqué. Au Maroc, en revanche, SM le Roi Mohammed VI a “anticipé” les aspirations de son peuple et le pays “n'a pas connu de violences”, a-t-il relevé. “Le discours très structurant du Roi Mohammed VI, en mars 2011, a vraiment amené les choses et nous n'avons vu aucun effet négatif dans les affaires, le transport et aussi chez nos clients”, a-t-il ajouté, soulignant que “le marché a augmenté de 6%” dans le royaume. François Heisberg, Conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique, s'est réjoui, lui aussi, que le Maroc ait pu “trouver les moyens d'une approche en douceur”. “C'est plutôt une bonne nouvelle”, s'est-il félicité, en référence aux réformes institutionnelles conduites au Maroc, depuis la révision de la Constitution, en juillet dernier. Dans son rapport 2012 sur le “risque pays”, rendu public lundi à Paris, la COFACE, ancienne compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur, a confirmé que les effets directs et indirects sur l'économie des soulèvements dans divers pays arabes ont été “limités”, dans le cas du Maroc. Le spécialiste de notation du risque-pays pour les entreprises et les investisseurs a maintenu la note A4 pour le Maroc, aussi bien pour l'évaluation risque-pays que pour l'environnement des affaires. Dans le rapport annuel “Risque pays 2012” de COFACE, rendu public lundi à Paris, le Maroc voit ainsi sa note inchangée depuis 2009, sans surveillance négative, ni reclassement. Quant à la cotation moyen terme, le Maroc est décrété pays au risque “assez faible”. Les notes de la COFACE sur le risque moyen d'impayé des entreprises par pays se situent sur une échelle de sept niveaux, de A1 (la meilleure) à D. La Syrie, en raison de la crise politique prolongée, se voit dégradée à la plus mauvaise note. La Tunisie reste au niveau A4 (seulement depuis mars 2011) mais sous surveillance négative, l'Algérie accuse une mauvaise appréciation de l'environnement des affaires (B) et l'Egypte est dégradée de B à C. Dans les faits, et en dehors de ces pays du Maghreb et du monde arabe où “le risque politique” a pesé sur la notation, le Maroc se retrouve au même rang que l'Espagne et l'Italie. COFACE a abaissé d'un cran, à A4, l'évaluation de l'Italie et de l'Espagne, deux grandes économies d'Europe du Sud où cet organisme a constaté, depuis le début de l'année 2011, une “montée d'environ 50% des incidents de paiement des entreprises des deux pays”. Les notes de la COFACE, mises à jour chaque trimestre, tiennent compte des perspectives économiques, politiques et financières de chaque pays, de l'environnement des affaires et des incidents de paiement. Pour étayer ses évaluations sur le Maroc, COFACE retient que la croissance a été soutenue en 2011, et que les effets directs et indirects sur l'économie des soulèvements dans divers pays arabes ont été “été limités”, dans le cas du Maroc. Cet organisme spécialisé dans l'assurance-crédit et la gestion des garanties publiques des créances à l'export pour le compte de l'Etat français, prévoit que la croissance au Maroc restera “correcte” en 2012 en dépit de la “dépendance du Maroc vis-à-vis de l'Union européenne où l'activité sera atone”. Elle sera néanmoins “fragile” car elle est tributaire des aléas climatiques pour le secteur agricole et des fluctuations du prix du pétrole. Au chapitre macro-économique, les experts relèvent “l'assainissement récent” des finances publiques qui a conduit à un endettement public domestique “gérable”. Les rallonges budgétaires destinées à “atténuer les tensions sociales” (augmentation des salaires et subventions de la Caisse de compensation), “risquent d'entraîner un creusement du déficit budgétaire et une hausse de la dette publique”. Ils estiment toutefois que la dette extérieure “d'un poids supportable, est remboursable à des conditions concessionnelles, donc avantageuses”. Quant aux exportations, la faiblesse de la demande de l'UE et le niveau élevé des prix du pétrole vont “peser sur la balance commerciale”. Mais, dans une situation financière mondiale “mouvementée, le Maroc dispose d'une certaine capacité de résistance à un retrait brutal de capitaux”, grâce notamment à des financements peu volatils, un niveau de réserves correct et un système bancaire “le plus développé d'Afrique (hors Afrique du Sud)” qui demeure “bien capitalisé et rentable”. Sur le plan politique et institutionnel, COFACE retient comme un des “points forts” du Royaume, où le Souverain “reste populaire”, les réformes politiques engagées, notamment la réforme constitutionnelle qui vise un “rééquilibrage” par un renforcement des pouvoirs du Premier ministre et du Parlement, une plus grande indépendance de la justice et une régionalisation accrue. Après la formation du gouvernement de coalition dirigé par M. Abdelilah Benkirane, “beaucoup dépendra de la mise en oeuvre de la nouvelle Constitution, mais aussi des progrès vers une plus grande justice sociale, par le biais d'une réduction de la pauvreté, des inégalités et du chômage”, soulignent les experts de COFACE.